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Édition du vendredi 5 novembre 2021
Social

En 2020, la crise a affecté les revenus des particuliers de « manière limitée et temporaire »

À partir de données bancaires anonymisées, l'Insee a réalisé une étude sur les revenus des clients de la Banque Postale. Une analyse des activités bancaires de près de 300 000 clients qui permet d'éclairer la diversité des situations financières en 2020 pendant la crise sanitaire.

Par Lucile Bonnin

Mesurer l’impact financier de la crise sanitaire en 2020 sur les ménages est particulièrement complexe. D’un côté, l’Insee constate que « malgré une production et une consommation en net repli, le revenu disponible de l’ensemble des ménages a augmenté de 1 % et le pouvoir d’achat par unité de consommation est resté stable. »  Face à cette constatation, l’Institut rappelle la mise en place par l’État de mesures d’aides exceptionnelles de soutien aux salariés et aux ménages. 

Mais l’étude rappelle que ce constat plutôt positif n’est pas tout à fait représentatif de la diversité des situations. « Par exemple, les volumes d’aide alimentaire distribués par les associations auraient augmenté de façon prononcée en 2020 et le nombre de foyers bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) augmente de 7,4 % entre fin décembre 2019 et fin décembre 2020 » , observe l’Insee.

Analyser les données bancaires en mobilisant un panel de 203 000 clients de La Banque Postale ayant des comptes actifs entre janvier 2019 et juin 2021 présente un double avantage. D’abord, les données vont « pouvoir être exploitées avant que les données fiscales ne soient disponibles »  et elles montrent les évolutions mensuelles de revenus, de consommation et de patrimoine. « En outre, elles contiennent des informations spécifiques sur les difficultés bancaires, comme les découverts. » 

Pas de hausse des indicateurs globaux de précarité en 2020

Sur l’échantillon analysé des clients de La Banque Postale, les revenus augmentent en moyenne de 1,5 % entre 2019 et 2020. Les trois indicateurs de précarité sont en diminution sur l’ensemble de la période examinée, entre janvier 2019 et juin 2021. 

Deuxième constat : les confinements affectent moins les revenus que l’épargne et les patrimoines. Lors du premier confinement, les restrictions sanitaires ont provoqué une baisse de la consommation plus forte que celle du revenu, permettant aux ménages – du moins les plus aisés - d’épargner. « Ainsi, sur cet échantillon particulier de La Banque Postale, la proportion de clients avec moins de 3 000 euros sur leurs comptes baisse de 2 points entre mars et mai 2020 (42 % en mai). » 

Des revenus moindres 

« Les revenus sur l’ensemble de l’année 2020 apparaissent inférieurs de 2 % au niveau attendu "hors crise", et les dépenses de 6 % », est-il précisé dans l’étude. Lors du premier confinement, de mars à mai 2020, les dépenses et les revenus ont été très inférieurs à leur niveau attendu.

« Pour les clients les plus précaires, le déficit de revenus pendant le confinement, par rapport au niveau attendu, a été un peu plus important et persistant que pour les autres groupes. Pour le quart de clients aux revenus les plus faibles début 2020, leurs revenus moyens sont, chaque mois, inférieurs à ceux attendus en extrapolant la tendance pré-crise ; seul novembre, mois de versement d’une aide exceptionnelle aux plus précaires, fait exception. Sur l’ensemble de l’année, les revenus de ce groupe sont inférieurs de 3 % au niveau attendu. » 

Plus d’épargne, moins de découverts

Sans surprise, ce sont les hauts revenus qui ont épargné davantage et alimenté leurs patrimoines financiers. « En décembre 2020, les patrimoines financiers bruts du quart de clients avec les plus faibles revenus en début d’année sont supérieurs de 360 euros au niveau attendu, contre 1 200 euros pour le quart de clients aux plus hauts revenus. »  D’un autre côté, la proportion de clients à découvert a diminué. Cette observation est d’autant plus vraie pour les bas revenus. 

« Ces résultats peuvent sembler différer de ceux obtenus à partir d’enquêtes, peut-on lire dans le rapport de l’Insee. Ainsi, dans l’enquête Epicov, un quart des personnes déclarent que leur situation financière s’est dégradée pendant la crise, et cette proportion est d’autant plus élevée que le niveau de vie du ménage était initialement bas. »  Les chercheurs émettent alors une hypothèse : si leurs revenus d’activité baissent et les perspectives économiques s’assombrissent, les ménages peuvent considérer que leur situation financière se détériore même si leur capacité d’épargne s’améliore.

RSA en 2020 : moins de retours à l’emploi, davantage de transferts sociaux

L’analyse des données bancaires de La Banque Postale sur les personnes seules, sans personne à charge et percevant le montant forfaitaire maximal en janvier ou en février 2020. L’Insee observe alors que les revenus des allocataires du RSA sont inférieurs de 4 % au niveau attendu à partir de la tendance pré-crise. « Ce phénomène s’explique vraisemblablement par des retours moins fréquents en emploi pour ces clients qui sont allocataires en début d’année. » 

Dernier point : la majorité des allocataires étudiés n’a pas connu de baisse de revenus. « En effet, une majorité d’entre eux ne retrouvant pas d’emploi (ni en 2019 ni en 2020), leurs revenus dépendent exclusivement des transferts sociaux qui ne diminuent pas en 2020, mais augmentent grâce aux aides exceptionnelles. Par ailleurs, les découverts ne sont pas plus fréquents, vraisemblablement pour cette même raison et du fait des restrictions de consommation subies lors des confinements. Enfin, ces allocataires, dont les dépenses concernent avant tout les consommations de première nécessité, diminuent plus faiblement leur consommation en 2020 que le reste de l’échantillon. » 

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