Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 21 mars 2025
Climat

Météo France livre un tableau concret des conséquences du réchauffement climatique à l'échelle de chaque commune

Météo France a publié hier une étude tentant de rendre concrètes les conséquences du réchauffement climatique à court, moyen long terme. Parce qu'il est indispensable, explique l'agence, que les territoires anticipent et s'adaptent à des changements qui vont être profonds. 

Par Franck Lemarc

En 2100, l’année 2022 qui constitue à ce jour un record en matière de chaleur apparaîtra « exceptionnellement fraîche ». Cette affirmation donne le ton du rapport Le climat futur en France, à quoi s’adapter rendu public hier par Météo France, en s’appuyant sur les données de la Tracc (Trajectoire de réchauffement de référence pour l'adaptation au changement climatique).

Sombres prévisions

Il est aujourd’hui admis que le réchauffement climatique est encore plus grave en Europe qu’ailleurs : « L’Europe se réchauffe plus vite que la moyenne planétaire. »  Par rapport à la période préindustrielle, le réchauffement est déjà de 1,7 °C en France, et ses effets sont déjà tangibles. Mais ce n’est qu’un début : d’après les experts, le réchauffement atteindra 2 °C en 2030, 2,7 °C en 2050 et 4 °C en 2100. 

Au-delà des chiffres, il faut mesurer quelles seront les conséquences concrètes de cette évolution sur les modes de vie, l’agriculture et la vie économique, la santé, la biodiversité, l’urbanisme, le tourisme… Pour les élus, il est aujourd’hui impensable de projeter un projet de ville à l’horizon de plusieurs décennies sans tenir compte de ces changements. Il suffit, pour s’en convaincre, de réaliser qu’en 2100, d’après Météo France, Paris aura le climat actuel de Montpellier, et l’Occitanie celui de l’Andalousie (extrême sud de l’Espagne).

Si Météo France explique qu’il est très difficile de faire des modèles à très long terme sur les précipitations, les données concernant la chaleur semblent en revanche acquises : « les étés seront de plus en plus caniculaires », et dès 2050, la France connaîtra des températures à 45 °C. En 2100, des pointes à 50 °C se produiront localement. « Il faut s’attendre à 10 fois plus de vagues de jours de chaleur en 2100 », prévient Météo France, avec, dans le pourtour méditerranéen en particulier, des nuits à plus de 20 °C qui deviendront « la norme ». Exemple à Marseille : dans la période 1976-2005, le nombre de nuits à plus de 20 °C s’est établi en moyenne à 20 par an. En 2050, il devrait osciller autour de 67, et de 88 en 2010. À Paris, ce nombre pourrait atteindre 43 en 2100 (contre 8 aujourd’hui). 

Le nombre de jours de gel devrait se réduire à « une quinzaine »  en moyenne sur la France. 

Même si elle reste prudente sur l’évolution des précipitations, l’agence avance un chiffre de 15 à 20 % d’augmentation des « pluies intenses », aggravant fortement les risques d’inondations. Mais dans la mesure où le phénomène d’évapotranspiration (évaporation des eaux de surface et transpiration de la végétation) devrait augmenter dans les mêmes proportions, ces pluies n’empêcheront pas les sécheresses de s’aggraver avec, à la clé, une forte diminution de la ressource en eau. 

Selon Météo France, en 2100, la France « connaîtra un mois supplémentaire de sol sec dans la moitié nord et jusqu’à deux mois dans la moitié sud », avec des périodes de sécheresse qui « se poursuivront souvent en automne », voire qui « pourraient même s’étaler sur plusieurs années consécutives ». 

Conséquence : le risque de feux de forêt se généralisera à tout le territoire. Le Bassin parisien pourrait par exemple connaître un risque de feu similaire à celui de l’arrière-pays méditerranéen aujourd’hui. 

Enfin, Météo France estime que le nombre de jours de neige au sol va « se réduire drastiquement sur tous les massifs »  et qu’en moyenne montagne, « la saison d’enneigement continu deviendra inférieure à deux mois ». 

Un outil particulièrement intéressant pour les maires : Climadiag Commune

Rappelons que depuis l’an dernier, Météo France a mis à disposition du public un outil particulièrement intéressant, dénommé Climadiag Commune. Comme l’explique l’agence, « pour rendre les territoires résilients et agir en conséquence, les élus locaux doivent connaître les évolutions climatiques potentielles au plus près de leur territoire ». Ce service permet d’obtenir des indicateurs précis pour chaque commune de métropole et de Corse, ou chaque EPCI. 

Il suffit de renseigner le nom de la commune ou de l’EPCI sur le site Climadiag Commune,  et de télécharger le résultat, en choisissant l’horizon 2030, 2050 ou 2100. 

On obtient alors une note de synthèse très claire, fournissant des indicateurs organisés en cinq catégories (climat, risques naturels, santé, agriculture et tourisme), permettant de visualiser ce à quoi il faut s’attendre en matière de températures, nuit chaudes, gel, pluies intenses, sécheresse, risque de feu de forêt, enneigement, etc. Pour chaque item, il est présenté un graphique permettant de visualiser la situation actuelle et l’évolution prévue, avec une fourchette de valeurs (basse, haute et médiane). 

Cet outil, gratuit, paraît d’une grande utilité pour tenter de comprendre ce à quoi chaque territoire doit s’attendre dans les années et les décennies à venir, et mieux envisager les adaptations nécessaires. À l’approche des élections municipales, il pourrait s’avérer un outil indispensable pour penser son programme. 

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