Cinquième vague : une première série de mesures pour éviter le confinement
Par Franck Lemarc
C’est une inflexion nette dans le discours du gouvernement : « Le bouclier vaccinal ne suffira pas pour endiguer cette 5e vague d’ici les fêtes et permettre à nos hôpitaux de tenir le choc dans les prochaines semaines ».
C’est la première fois depuis plusieurs mois que le gouvernement doit reconnaître que le diptyque « vaccination massive + pass sanitaire » n’est pas suffisant pour faire face à la reprise de l’épidémie, la 5e vague étant déjà « plus haute que la 3e », celle du printemps dernier, a précisé hier Olivier Véran. Les chiffres sont là : avec un taux d’incidence national à 431 pour 100 000 ce matin (il atteint 828 en Ardèche) et une augmentation du nombre de cas de 47 % sur les sept derniers jours ; avec presque 200 morts sur la seule journée d’hier ; avec des taux d’incidence chez les 6-10 ans qui frôlent les 2000 dans certains départements… il devenait indispensable de prendre des mesures un peu plus contraignantes.
Extension du télétravail
Un peu seulement : si certains de nos voisins ont d’ores et déjà pris des mesures de confinement partiel ou de couvre-feu, le gouvernement estime que cela n’est pas nécessaire aujourd’hui, et, a ajouté le Premier ministre, « l’objectif est précisément que ce ne soit pas non plus le cas demain ».
Les mesures annoncées concernent en premier lieu l’école (lire article ci-dessous), mais pas seulement. Le gouvernement, malgré les réticences du patronat, se résout à demander « une extension du télétravail », avec une « cible » de deux à trois jours par semaine lorsque c’est possible. Il ne s’agit pour l’instant que d’une recommandation, mais Jean Castex a été clair : si celle-ci n’est pas suivie d’effet d’ici une semaine, elle deviendra « une obligation ».
Dans la fonction publique de l’État, le gouvernement va autoriser trois jours de télétravail par semaine. Comme c’est toujours le cas depuis le début de l’épidémie, cette mesure sera également proposée pour la fonction publique territoriale.
Événements
Ce sont « les moments de convivialité » qui sont le principal vecteur de transmission du virus, a indiqué le Premier ministre, « ces moments où l’on est debout, à l’intérieur, proches les uns des autres et sans masque ». Jean Castex a évoqué aussi bien les événements privés que ceux qui se déroulent dans les entreprises (« pots de départ, séminaires, moments festifs de fin d’année » ). Il a clairement demandé que ces événements soient suspendus : « On arrête, on lève le pied jusqu’aux fêtes de fin d’année. » Ce qui n’est qu’une déclaration d’intention sera bientôt précisé sous forme de « règles claires », qui prendront soit la forme d’une adaptation des protocoles du ministère du travail, soit d’un décret : le chef du gouvernement a évoqué des règles qui seront édictées pour les réunions qui se déroulent « dans les équipements municipaux comme les salles des fêtes ».
Pour les événements qui se déroulent en extérieur, on ignore si de nouvelles règles nationales vont être prises : Jean Castex a simplement indiqué que les protocoles vont « évoluer sous l’autorité des préfets », notamment pour les marchés de Noël, afin que la consommation de produits alimentaires ne puisse se faire que dans des zones spécifiques, soumises au pass sanitaire.
Fermeture des discothèques
« Seule exception » au principe choisi par le gouvernement de ne pas fermer d’établissements : les discothèques. Celles-ci seront administrativement fermées dès le vendredi 10 décembre et jusqu’à la fin janvier. Le gouvernement estime que le port du masque est trop difficile à imposer dans ces lieux.
C’est un coup très dur pour les professionnels de ce secteur, qui ont déjà connu 15 mois de fermeture totale entre le début de la pandémie et le mois de juillet 2021. Depuis hier soir, les représentants de la profession font montre de leur « incompréhension » et d’un sentiment d’injustice d’être les seuls à devoir fermer alors que les bars, notamment, resteront ouverts sans restriction autre que le pass sanitaire. Jean Castex a promis hier que des « concertations » seraient lancées dès aujourd’hui pour « accompagner » ces entreprises, ainsi que celles qui sont déjà touchées par une forte dégradation de leur activité, notamment les traiteurs et le secteur de l’événementiel.
Vaccination sans rendez-vous : la surprise
En matière de vaccination, enfin, Jean Castex a confirmé que celle-ci va être incessamment ouverte aux enfants de 5 à 11 ans « à risque » - soit parce qu’ils ont eux-mêmes de problèmes spécifiques de santé, soit parce qu’ils vivent dans l’entourage d’une personne à risque, immunodéprimée par exemple. Pour cette catégorie d’enfant, la vaccination commencera dès la semaine prochaine, le 15 décembre.
Mais le gouvernement souhaite aller plus loin en ouvrant la vaccination à « tous les enfants » de 5 à 11 ans. Il faut pour cela attendre un avis définitif de plusieurs instances scientifiques, mais l’exécutif semble confiant, et Olivier Véran, le ministre de la Santé, a indiqué que cette vaccination pourrait ouvrir à partir du 20 décembre.
« 200 centres de vaccination ont été rouverts en deux semaines », a indiqué le ministre de la Santé, ce qui porte à 1300 le nombre de ces centres à l’échelle du pays, auxquels il faut ajouter 60 000 professionnels libéraux qui peuvent procéder à la vaccination.
Plusieurs modifications ont été annoncées, visiblement prises en dernière minute : jeudi dernier, lors d’une réunion de la cellule vaccination entre le ministère et les associations d’élus, il avait été indiqué qu’un « numéro coupe-file » avait été créé pour l’administration de la dose de rappel aux personnes de plus de 65 ans. Des créneaux spécifiques devant être réservés pour ces personnes dans les centres de vaccination, accessibles en appelant ce numéro coupe-file. Les personnes de cette tranche d’âge doivent en effet procéder au rappel d’urgence : dans une semaine, si elles ne l’ont pas fait, leur pass sanitaire sera désactivé.
Mais hier le gouvernement est allé plus loin, en indiquant que ces personnes pouvaient venir « sans rendez-vous », « quel que soit le centre dans lequel elles se rendent ». Et dans le même élan, Olivier Véran a annoncé hier – ce qui n’était nullement prévu – que les personnes actuellement non vaccinées pouvaient aussi « se rendre dans n’importe quel centre de vaccination sans rendez-vous » ! Ces deux dispositions risquent tout de même de provoquer une certaine désorganisation dans les centres de vaccination mais, comme l’avait dit récemment Olivier Véran devant les députés… « la logistique suivra ».
Même constat pour la vaccination des 5-11 ans, si les autorités sanitaires donnent leur feu vert. Elle concernerait tout de même 6 millions d’enfants, qui vont s’ajouter aux dizaines de millions de personnes éligibles à la dose de rappel et qui doivent y procéder avant le 15 janvier. Le gouvernement presse le pas, puisque Olivier Véran a indiqué hier qu’il espérait voir la vaccination des enfants commencer dès le 20 décembre dans les centres de vaccination (et le 27 décembre chez les professionnels de santé). Là encore, il est à craindre un certain engorgement dans les centres de vaccination, qu’il reviendra aux élus de gérer.
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