Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 15 mai 2024
Aménagement numérique du territoire

Téléphonie mobile, raccordements à la fibre : les disparités persistent entre les territoires

L'Arcep a publié hier la dernière édition du Baromètre du numérique. Cette enquête qui mesure l'adoption des équipements et des usages numériques dans la population révèle une appropriation du numérique très hétérogène notamment entre petites communes et grandes villes.

Par Lucile Bonnin

L’Arcep, l’Arcom, l’ANCT et le Conseil général de l’économie ont publié hier les résultats du Baromètre du numérique pour l’année 2023. Si l’année dernière « les technologies les plus récentes se diffusent et le numérique s’installe toujours plus dans les usages de la vie quotidienne », comme l'indique l’Arcep dans son compte-rendu, des disparités persistent notamment selon la situation géographique des répondants de l’enquête. 

Différences d’équipements, de forfaits, de connexion 

Premièrement, des différences sont à noter en matière d’équipements numérique. En effet, « les habitants des très grandes agglomérations (agglomérations de 100 000 habitants et plus et de l’agglomération parisienne) sont davantage équipés en téléphone mobile (98 %) que les habitants des agglomérations de 2 000 à 19 999 habitants (94 %) et plus encore que ceux vivant dans les communes rurales (91 %) ». Plus précisément, des différences d’équipement en smartphone existent entre territoires urbains et ruraux : « le taux d’équipement en smartphone progresse en fonction de la taille de l’agglomération, de 77 % dans les communes rurales à 92 % dans les agglomérations de 100 000 habitants et plus et dans l’agglomération parisienne. » 

Les téléphones portables compatibles avec le réseau 5G sont aussi répartis de manière différente entre les territoires. Par exemple, 36 % des personnes résidant dans des communes de 100 000 habitants ou plus ont un tel smartphone contre 22 % des habitants des communes rurales. Rappelons que l’objectif de couverture en 5G des territoires ruraux est fixé à 25 % par le gouvernement. 

Plus surprenant encore, il semble exister des différences dans les forfaits des Français. « Les habitants des communes rurales (52 %) indiquent plus souvent une hausse de leur forfait que les habitants des communes plus peuplées » , peut-on lire dans l’étude. L’Arcep suppose que ce chiffre est à mettre « en lien avec d'autres variables socio-économiques allant dans le sens d'une plus ou moins grande veille des offres promotionnelles existantes et, plus généralement, des tarifs compétitifs en vigueur ».

La fibre manque encore en milieu rural 

Au niveau de la connexion internet également, on observe des disparités selon le territoire de résidence, « fort probablement en lien avec la structure de la population mais aussi avec la qualité du réseau mobile accessible à partir de son domicile » , précise l’Arcep. Ainsi 51 % des habitants des communes rurales et 48 % des habitants des communes de moins de 20 000 habitants expriment leur désintérêt comme raison principale d’absence de connexion internet fixe à domicile contre 31 % des résidents de l’agglomération parisienne. « 22 % des habitants des communes de 100 000 habitants et plus estiment en outre leur connexion mobile suffisante ».

Si l’accès est « de plus en plus courant à la fibre optique »  et que « 67 % des abonnés à internet fixe disposent d’un abonnement en fibre optique », le Baromètre note que « cette part augmente en particulier dans les communes rurales, où, désormais, près d’un abonné internet sur deux dispose de cette technologie (48 %, +14 points en un an) ». Celles et ceux qui ne sont pas encore raccordés à la fibre le justifie avant tout par l’impossibilité de se raccorder à la fibre. Les retours sont inquiétants : « 57 % des habitants des communes rurales disposant d’une connexion internet fixe n’ont pas la fibre par manque de disponibilité, contre 30 % des habitants des villes de plus de 100 000 habitants et 20 % des habitants de l’agglomération parisienne ». 

En plus de cette indisponibilité de la fibre au domicile, d’autres raisons ont été évoquées par les sondés. A Paris par exemple, 17 % des sondés évoque des freins liés à la copropriété. D’autres Français, aussi bien dans les villes que dans les campagnes, estiment à 8 % que le coût de raccordement est trop élevé. 11 % ne veut pas s’abonner à la fibre également en raison de travaux à réaliser. 

Surtout, et c’est ce qui apparait comme étant particulièrement problématique, l’abonnement à la fibre n’intéresse pas 26 % des Français pas encore abonnés « car l’offre actuelle correspond aux besoins » . Pourtant, l’ensemble des lignes raccordées au réseau fibre vont être fermées techniquement en 2030. Comment vont faire ces citoyens à l’avenir ? Si on peut imaginer que dans les grandes villes certains pourront se contenter d’une connexion mobile, le très haut débit ne sera plus une option notamment dans les communes rurales où parfois la connexion 4G est faible. Beaucoup reste donc à faire pour mieux communiquer sur cette nécessaire bascule à opérer du cuivre vers la fibre.  
 

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