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Édition du vendredi 3 février 2023
Aide sociale

Aide au logement : la réforme du mode de calcul et la reprise économique ont fait chuter le nombre de bénéficiaires 

Si les bénéficiaires des aides au logement restaient plus nombreux dans les QPV au sortir de la crise, leur nombre avait diminué de plus de 7 % en fin d'année 2021. Une baisse qui s'accentuait en s'éloignant des centres urbains, observe l'Insee.

Par A.W.

Le nombre de bénéficiaires de l’aide au logement a fortement baissé au sortir de la crise sanitaire, comparé aux autres prestations versées par la Caf, selon les conclusions d’une étude publiée cette semaine par l’Insee qui s’est notamment intéressée aux quartiers prioritaires de la ville (QPV). Une diminution liée à la reprise de l’économie et de la réforme du mode de calcul des aides au logement mis en œuvre en janvier 2021.

Baisse de près de 9 %

La fin d’année 2021 a ainsi été marquée par « une forte baisse »  des bénéficiaires de l’aide au logement (APL, ALF et ALS) par rapport à l’année précédente, que ce soit sur l’ensemble du territoire (- 8,8 %) ou dans les QPV où elle a été toutefois un peu plus faible (- 7,2 %). Elle s’accentue, cependant, lorsqu’on s’éloigne des centres urbains (- 14 % dans les communes hors unités urbaines). En comparaison, le nombre de foyers allocataires percevant au moins l’une des prestations de la Caf n’a diminué, lui, « que »  de 1,7 % (- 2,6 % dans les QPV).

Cette chute spécifique aux aides au logement s’explique à la fois par la reprise économique à un moment où la situation sanitaire commençait à se stabiliser, mais aussi par la mise en place d’un nouveau mode de prise en compte des ressources pour le calcul de cette prestation (basé désormais sur les ressources perçues sur les 12 derniers mois et sur une révision de son montant trimestriel).

Selon l’Insee, le montant d’aide au logement a ainsi été plus faible pour un tiers des foyers qu’il ne l’aurait été sans réforme, 7 % des bénéficiaires ont perdu leur droit à allocation et 18 % les ont vu revalorisés. « Les foyers dont l’allocataire principal est en emploi ou un jeune non étudiant sont davantage concernés par une baisse des aides reçues. À l’inverse, les aides diminuent moins souvent lorsque l’allocataire principal est un chômeur ou un étudiant non salarié », détaille l’institut.

Dans ces conditions, « en décembre 2021, les caisses d’allocations familiales ont versé un montant global de 1,3 milliard d’euros au titre des aides au logement, en baisse de 12,7 % par rapport à décembre 2020. Pour le mois de décembre, le montant des aides au logement s’élève en moyenne à 213 euros par foyer (à 238 euros dans les QPV). Il a peu diminué en un an (en baisse de 10 euros en moyenne, soit - 4 %), relativement à la baisse du nombre de bénéficiaires ».

La moitié des habitants des QPV bénéficiaires directs

Dans le détail, les personnes bénéficiant de l’aide au logement représentaient près de la moitié des personnes vivant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), une part nettement plus élevée que sur l'ensemble du territoire (17 %).

Les raisons en sont bien connues : les habitants résidant dans les 1 400 quartiers prioritaires de la politique de la ville ont un niveau de vie plus faible le nombre de locataires y est deux fois plus nombreux (84 %, contre 40 % au niveau national) et comporte une proportion importante (70 %) de résidences principales sont des logements sociaux. 

De ce fait, la part de la population bénéficiaire d’une aide augmente d’autant plus que l’on se rapproche des QPV puisque celle-ci passe « de 8 % hors unité urbaine à 12 % dans les zones urbaines sans quartier prioritaire, puis à 19 % dans les environnements urbains des QPV ». 

Ces derniers (« les environnements urbains des QPV » ) regroupent d’ailleurs une part de bénéficiaires nettement plus jeunes. Tout simplement parce que ceux-ci concentrent les établissements d’enseignement supérieur et l’habitat réservés aux étudiants (des étudiants qui représentent 25 % des foyers allocataires composés d’une personne seule).

A noter également qu’« en raison de la forte proportion de personnes seules parmi les 5,9 millions de foyers bénéficiant d’une aide au logement, ces derniers regroupent seulement 11,6 millions de personnes », expliquent les auteurs de l’étude. En outre, les foyers avec un seul adulte, a fortiori avec enfants, et les familles nombreuses sont surreprésentés.

Un Français sur deux « couvert »  par les aides de la Caf

La plupart des aides de la Caf étant cumulables, six foyers bénéficiant d’une aide au logement sur dix percevaient ainsi également, fin 2021, au moins une autre prestation des caisses d’allocations familiales. 

Dans le détail, ce sont près de 1,7 million de foyers résidant en QPV qui bénéficiaient d’au moins une prestation versée par la Caf au mois de décembre 2021, avec une couverture sur près de 3,8 millions de personnes (les allocataires principaux et les autres membres de leur foyer). Au total, ce sont ainsi près des trois quarts (72,7 %) de la population de ces quartiers qui étaient couvertes par au moins une de ces prestations versées par les Caf, contre la moitié des habitants (49 %) si l’on considère l’ensemble du territoire.

En tout, 13,8 millions de foyers ont donc reçu au moins une prestation légale versée par les caisses d’allocations familiales (Caf) en décembre 2021, sur l'ensemble du territoire. Que ce soient des prestations familiales pour 11,7 millions de foyers, des prestations de solidarité et d’insertion pour 7,6 millions d’autres ou encore d’aides au logement pour 5,9 autres millions. 

Ces foyers regroupaient in fine 32,8 millions de personnes, « l’allocataire principal et, le cas échéant, son conjoint, ses enfants et d’autres personnes à charge », rappellent les auteurs de l’étude. Ce qui représentait donc quasiment la moitié de la population française.

Sans surprise, là aussi, « la part de la population couverte diminue lorsqu’on s’éloigne des QPV », constate l’Insee qui note que de 50,3 % dans les environnements urbains des QPV, cette part passe à 45,1 % dans les communes des unités urbaines sans QPV et à près de 41 % dans les communes hors unités urbaines.
 

Télécharger l'étude.

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