Accès aux soins hospitaliers : une nouvelle étude dénonce les inégalités territoriales
Par Franck Lemarc
« À âge et sexe égal, les habitants du rural très peu dense consomment 16 % de soins hospitaliers en moins que la moyenne nationale. » C’est l’une des principales conclusions de la dernière étude statistique menée par l’AMRF. Réalisée par le chercheur Emmanuel Vigneron, docteur en géographie et membre du Haut conseil de la santé publique, cette étude s’appuie sur les données fournies par le PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d’information), qui centralise toutes les données d’hospitalisation à l’échelle du pays. Le chercheur a déterminé un niveau d’hospitalisation de référence, qui représente la base 100 dans l’étude, et calculé ensuite, à la maille des bassins de vie, si les taux d’hospitalisation sont en dessous ou au-dessus de ce chiffre. Ce taux est appelé dans l’étude ICH (indice comparatif d’hospitalisation).
Situation « caricaturale »
Les données fournies dans l’étude sont particulièrement inquiétantes pour la chirurgie : il apparaît que les zones les plus éloignées des centres urbains sont très fortement désavantagées : « Plus l’on réside loin d’un CHU, moins on est avantagé pour se faire opérer », souligne l’AMRF. En dehors des abords de certaines métropoles où « l’offre est abondante » et profite y compris aux territoires ruraux qui les entourent (« Midi méditerranéen, cœur de Midi-Pyrénées, Pays de la Loire, Lyon et sa périphérie, plaine du Bas-Rhin » ), certains bassins de vie très peu denses, dans le centre du pays notamment, atteignent des taux de recours à la chirurgie jusqu’à 25 % inférieurs à la moyenne nationale.
Quant à l’activité dite « interventionnelle » (actes opératoires effectués sans recours à la chirurgie), sa répartition est « caricaturale », écrit l’AMRF qui va jusqu’à affirmer qu’elle est « une affaire d’urbains ». La carte de cette activité montre en effet une concentration de cette activité autour des grandes villes, tandis que « des larges pans de territoire ne bénéficient toujours pas ou pas assez de ce qui constitue pourtant un progrès majeur initié voici pourtant plus de 40 ans ».
En matière d’hospitalisation en médecine, la situation est moins contrastée mais les zones très peu denses restent tout de même à 7 % en dessous de la moyenne nationale. Ce qui, détaille l’AMRF, « plaide en faveur du renforcement des hôpitaux de proximité (…), qui doivent jouer le rôle de portes d’entrée dans le système hospitalier ».
Propositions concrètes
En complément de cette étude, l’AMRF détaille un certain nombre de « propositions concrètes » pour « améliorer l’accès au soin » dans les territoires ruraux. Elle prône notamment de permettre plus systématiquement aux étudiants en santé de faire des stages en milieu rural, de développer les Escap (équipes de soins coordonnées autour du patient), ou encore de créer un guichet unique d’accompagnement pour l’installation des professionnels de santé. Ce guichet unique pourrait permettre de « centraliser, à l’échelle de chaque département, les besoins territoriaux, les aides financières, l’accompagnement administratif et les informations relatives à la vie familiale du professionnel ».
Au-delà, il apparaît évident que le seul moyen d’inverser la courbe des données présentées dans cette étude serait, pour commencer, de stopper les fermetures d’hôpitaux de proximité, comme le réclament les élus de façon incessante. La question de l’accès aux soins sera abordée, la semaine prochaine, lors du congrès des maires : mercredi 22 novembre, un débat aura lieu en présence du ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, à 14 heures, avec pour thème : « Accès aux soins : l’organisation locale au secours de la défaillance nationale ».
Au congrès sera également présenté le Baromètre santé social établi par la Mutualité française et l'AMF.
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