Carte scolaire : la rentrée 2022 à moyens constants ?
Par Emmanuelle Stroesser
« Augmentation » ou « stabilité des moyens d’enseignement » . C'est l'alternative à laquelle seront soumises les académies pour l'élaboration de la nouvelle carte scolaire, pour la rentrée 2022/2023. Le comité technique ministériel de l'Éducation nationale a rendu sa copie le 15 décembre. Précisément, il s'agit de « l’ensemble des mesures nouvelles et leur répartition par académie prévues par la loi de finances pour la rentrée scolaire 2022. » L'exercice démarre le processus d'élaboration de la prochaine carte.
Les priorités maintenues selon le ministère
Dans le primaire, 1965 « moyens d'enseignement » sont prévus. Ces « moyens » doivent permettre de tenir les priorités. Trois sont soulignées :
– le maximum de 24 élèves par classes de grande section de maternelle, CP et CE1 ;
– la poursuite du dédoublement des classes de grande section de maternelle en éducation prioritaire. Plus de la moitié (55,1 %) sont « déjà dédoublées à la rentrée 2021 » , « soit 10 points au-delà de la cible » se félicite le ministère ;
– l'amélioration du taux d'encadrement, avec « 5,94 professeurs pour 100 élèves aujourd'hui, contre 5,80 en 2020 » , et « 5,46 en 2017 » (année de début du quinquennat).
Les doutes des syndicats
Le premier syndicat d'enseignants du premier degré, le Snuipp, est plus critique. Selon lui, « ces dotations permettront tout juste de répondre aux priorités ministérielles » . « Malgré une légère baisse démographique, cela ne permettra ni d’abaisser significativement les effectifs dans toutes les classes ni d’assurer les remplacements indispensables, particulièrement en cette période de crise sanitaire » .
Le syndicat des enseignants UNSA met également en doute le fait que la dotation suffise à « satisfaire les besoins d'augmentation de décharges des directeurs » , « et les besoins de personnels spécialisés pour la prévention et le traitement de la grande difficulté scolaire ou des troubles du comportement » . Autant de problèmes accentués par la pandémie et les mesures sanitaires mises en œuvre à l'école. En résumé, la critique est cinglante : le gouvernement fait « le choix du renoncement » .
La notion de « moyens d'enseignement »
La lecture des chiffres mérite décryptage. Les syndicats l'ont majoritairement soulevé, on ne parle plus de « postes » à proprement parler mais de « moyens d'enseignement » .
« Nous ne raisonnons pas par poste car ce n'est pas parce qu'il y a 400 postes en moins que des élèves se retrouveront sans professeurs » , explique à Maire info le cabinet du ministre. Par ces moyens, il faut donc entendre « tout ce qui permet aux élèves d'avoir quelqu'un en face ». Ce ne sont donc pas des postes nouveaux. Cela peut se traduire aussi par des postes en moins...
« Même s'il n'y a pas de création de postes, les moyens d'enseignement, eux, augmentent, et le taux d'encadrement des élèves continue de s'améliorer dans le 1er degré, pour la cinquième année consécutive » , insiste le ministère. Qui met également en avant l'impact de la réforme de la formation professionnelle des enseignants.
« Il n'existe pas une académie où le taux ne s'améliore pas à la prochaine rentrée » , reprend le cabinet du ministre. Le tout dans un contexte qui reste marqué par la baisse continue des effectifs dans le premier degré : - 67 277 élèves dans le primaire (-1,2 %). Cette baisse des effectifs commence d'ailleurs à affecter également le second degré, pour la première fois.
Reste que dans les académies, les sections syndicales ont commencé à faire le décompte. À Poitiers, à « effectif d'élèves constant (- 0,2%) » , la carte entraîne la « suppression de 34 postes d'enseignants ETP », selon SE-Unsa Poitiers.
Des effectifs en baisse, sauf en Guyane et Mayotte
Les effectifs baissent quasiment partout. Trois académies accusent des baisses quasiment du double de la moyenne nationale (- 1,2 %). Il s'agit de celles de Paris (- 2,7 %), Amiens (- 2,2 %) et Besançon (- 2,2 %). À l'opposé, deux académies voient leurs effectifs augmenter fortement, en Guyane (+ 3,9 %) et à Mayotte (+ 5,4 %). Les « moyens d'enseignement » prévus sont aussi en forte hausse dans ces deux territoires, avec respectivement 127 (pour la Guyane) et 189 (pour Mayotte). Mais ce sont les académies de Versailles et Créteil où les moyens augmentent le plus (+ 313 et + 210).
Huit académies voient leurs moyens stagner (Poitiers, Limoges, Besançon, Dijon, Reims, Paris, Guadeloupe et Martinique), elles coupent la France en deux, d'est en ouest.
Le taux moyen d'élèves par classe « de 23,2 en moyenne nationale à la rentrée 2017 » , est passé « à 21,8 à la rentrée 2021 » en élémentaire.
6,5 millions d'écoliers
Selon le dernier bilan de la rentrée 2021, 6,539 millions d’élèves sont scolarisés dans les écoles publiques et privées du premier degré. Les effectifs ont baissé de 78 300 élèves (soit - 1,2 %) par rapport à la rentrée précédente (de 2020). Cette baisse est « plus marquée » dans le pré-élémentaire (- 35 000 élèves, soit - 1,5 %) que dans l’élémentaire (- 44 500 élèves, soit -1,1 %).
Il faut noter toutefois que toutes les moyennes affichées par le ministère, même départementales, cachent des réalités très contrastées entre les communes, certains élus sont réellement confrontés à des problématiques de locaux avec une explosion des effectifs quand d’autres voient leurs effectifs scolaires diminuer progressivement.
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