La vitalité des territoires discutée aux Assises du commerce
Par Lucile Bonnin
En France, le commerce de détail, alimentaire ou relatif à l’équipement de la personne ou de la maison, représente plus de 500 000 entreprises et 2 millions d’emplois.
Du commerçant indépendant de centre-ville jusqu’aux géants du commerce en ligne, les acteurs du secteur sont particulièrement nombreux et différents. Le commerce, indispensable à l'économie d’un pays, est aussi « un élément fondamental de la vie en société, tant il est essentiel au lien social et structurant dans l’aménagement des territoires » , peut-on lire sur le site du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance.
Souhaitées par le président de la République, l’objectif des Assises du commerce est de définir une politique commerciale à l’horizon 2030 et de soutenir les investissements nécessaires aux transitions digitales et environnementales.
« Définir collectivement une vision stratégique »
Ces Assises, dirigées par le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, invitaient toutes les parties prenantes du secteur du commerce à penser son avenir. Bruno Le Maire le rappelait, le secteur est « une force de frappe économique exceptionnelle » , mais il n’y a pas, en France, de politique commerciale définie.
Au programme: 4 ateliers – chacun composé de 3 réunions – pour tenter de répondre aux grandes interrogations suivantes : « Comment adapter le commerce aux nouveaux modes de consommation ? » ; « Comment préserver et développer le commerce dans les territoires ? » ; « Comment renforcer l’équité entre les acteurs et leur compétitivité ? » ; « Comment favoriser l’emploi dans le commerce ? »
Privilégier un travail transversal entre les acteurs du commerce – dans toute leur diversité – et les différents ministères : tel est le leitmotiv de ces Assises du commerce. Pour « définir collectivement une vision stratégique », ces quatre axes de débats ont été retenus, balayant ainsi des sujets variés comme la croissance du commerce en ligne, l’importance de l’équité concurrentielle ou encore la mutation de l’emploi avec l’expansion du e-commerce…
Le commerce : un enjeu primordial pour les territoires
Le deuxième atelier « Comment préserver et développer le commerce dans les territoires ? » a été particulièrement suivi par l’AMF. Le 1er décembre, pour le lancement de ces Assises, l’importance du commerce dans les territoires a été rappelée.
Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales rappelle « qu’historiquement, dans les villes et villages, la vie était constituée autour des échanges, du commerce, du marché. Cette vie est très importante dans le quotidien des Français et il faut mesurer que la crise de la covid a fait reprendre conscience de l’importance de la capacité à trouver des commerces. C’est un marqueur important de la vitalité des territoires. »
La lutte contre la désertification des commerces dans les villes et villages est un sujet qui a été largement évoqué. Le gouvernement a notamment créé « Action cœur de ville », qui s’est développé dans 222 villes moyennes en France. « Le président de la République a annoncé récemment le prolongement de ce programme, a annoncé la ministre Jacqueline Gourault. Les tendances de fermeture de commerces en centre-ville commencent à s’enrayer mais évidemment c’est inégal selon les villes. » Ce deuxième acte d’Action cœur de ville va permettre, notamment, de « se pencher sur le sujet des entrées de ville ».
Dans le cadre du plan de relance, le gouvernement a aussi déployé un fonds dédié au financement des opérations de recyclage des friches : initialement doté de 300 millions d'euros, il a été porté à 650 millions d'euros par le gouvernement compte tenu du très grand succès de sa première édition et des besoins exprimés par les territoires.
Plusieurs outils ont été mobilisés pour accompagner les élus locaux dans la revitalisation des territoires. Les ateliers de ces Assises permettent aux acteurs du commerce de proximité de faire des propositions pour développer davantage le commerce dans tous les territoires.
Des élus comme Alain Chrétien, maire de Vesoul et co-président de la commission Développement économique, tourisme et commerce de l’AMF, étaient présents et ont pu aborder différents sujets pendant les ateliers. Il est intervenu, par exemple, pour plaider un accompagnement des communes et des intercommunalités en matière de foncier commercial, et a aussi évoqué le besoin de création d’un nouveau dispositif d’aides en soutien au commerce de proximité en remplacement du Fisac ou encore l’importance pour les collectivités de proposer des loyers plus faibles ou encore des boutiques à l’essai…
Des propositions attendues début janvier
Les propositions des différentes parties prenantes présentes durant ces Assises sont attendues pour le 4 janvier 2022, avec une restitution prévue courant janvier. Le ministre de l'Économie reconnaît que ces délais sont « très courts » mais permettent « de travailler vite et bien » . Ainsi, « certaines dispositions pourront être appliquées rapidement, d'autres feront partie des débats de la campagne présidentielle » .
L’AMF s’est mobilisée pour « que les orientations stratégiques de l’avenir du commerce répondent bien aux enjeux locaux et a réaffirmé ses propositions » , indique un communiqué de presse. Parmi ces dernières, l’association demande notamment un accompagnement pour les communes et intercommunalités dans leurs projets d’investissement, de réhabilitation et de restructuration du foncier commercial. Elle propose aussi une amélioration de l’outil de la taxe sur les friches commerciales pour remettre sur le marché les locaux vacants.
Comme mis en lumière par Alain Chrétien lors des ateliers, l’association appelle à « la création d’un dispositif programmatique permettant le soutien aux commerces de proximité, avec le souhait qu’une attention particulière soit portée à la sauvegarde du dernier commerce en milieu rural. »
L’AMF propose aussi la création d’une fiscalité locale équitable « en préservant les ressources des collectivités locales, en conservant le lien entre les entreprises et le territoire, et en intégrant l’enjeu écologique lié aux livraisons individuelles et aux emballages. »
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