Le gouvernement a présenté, mercredi, en Conseil des ministres, un point sur l'état d'avancement de la stratégie de pauvreté. Une communication de la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, et de la secrétaire d’État, Christelle Dubos.
Les maires seront plus particulièrement intéressés par certains sujets. À commencer par la petite enfance. Outre un rappel des objectifs fixés dans la création de places en crèche (30 000 d'ici 2022), les ministres indiquent surtout que la tarification des crèches a été effectivement revue depuis janvier 2019 pour «
inciter les collectivités et les gestionnaires à davantage de mixité sociale ». Sans, toutefois, revenir sur les critiques de l'AMF concernant l'inadaptation de son calcul (lire
Maire info du 19 février).
Petits-déjeuners à l'école : « Plus de 100 000 enfants pourront en bénéficier »
Sur le plus long terme, il était prévu de revoir la formation des 600 000 professionnels de la petite enfance. L'objectif étant de «
renforcer la qualité de l'accueil en mettant l'accent, dès le plus jeune âge, sur l'apprentissage de la langue française ». Le contenu de la formation de ces professionnels «
est en cours de refonte », précise seulement la ministre.
La stratégie pauvreté s'est donnée pour enjeu de faire en sorte «
que plus aucun enfant n’arrive à l’école sans avoir mangé le matin ». D'ores et déjà, «
40 000 enfants scolarisés dans 400 écoles » ont accès à des petits-déjeuners à l’école, selon la ministre. Cela va monter en puissance puisqu'à la rentrée de septembre 2019, «
plus de 100 000 enfants pourront en bénéficier ».
Le gouvernement avait promis de soutenir les communes pour également faciliter l'accès des enfants de familles pauvres à la cantine scolaire. Ce sera chose faite dès le mois d'avril, avec l'ouverture d'un fonds de soutien de l’État. Il doit permettre à «
3 400 communes et 500 intercommunalités » de mettre en place une tarification sociale pour les repas qui leur seront servis. Le président de l’AMF, François Baroin, avait écrit le 12 février au délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, Olivier Noblecourt, pour demander que cette aide soit accordée à toutes les communes (lire
Maire info du 19 février).
170 nouveaux centres sociaux dans les quartiers prioritaires
Autre objectif chiffré : la création de 170 nouveaux centres sociaux dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Un chiffre en deçà de celui fixé par la convention d'objectifs et de gestion entre l’État et la Cnaf qui indiquait le nombre de 260 d'ici 2022 pour ces mêmes quartiers. La communication du gouvernement ne dit rien non plus sur les projets en cours qui dépendent de la mobilisation des acteurs locaux et des CAF.
Concernant toujours l'aide aux familles, et plus précisément l'accompagnement des familles rencontrant des difficultés financières, le gouvernement rappelle l'objectif fixé de 150 points conseils budgets, sur l'inspiration d'un dispositif créé il y a quelques années par le CCAS de Grenoble. Ces points conseils seront «
labellisés dès 2019 ».
La communication fait le point sur les autres axes de la stratégie, notamment l'hébergement en Île-de-France, le développement des maraudes sociales, la contractualisation en cours avec les départements, l'obligation de formation jusqu'à 18 ans (qui vient d'être adoptée et devrait entrer en vigueur en septembre 2020), l'extension de la garantie jeunes (100 000 en 2019) portée par les missions locales, la création de la garantie d'activité pour l'accompagnement socio professionnel, ou le nouveau cadre contractuel (signé en février) entre l’État et une vingtaine de départements sur les jeunes sortants de l'aide sociale à l'enfance.
Le mois d'avril doit, lui, marquer le lancement d'une nouvelle concertation, «
institutionnelle et citoyenne très large », autour du revenu universel d'activité. En ligne de mire, l'adoption d'une loi en 2020 pour mettre sur pied cette prestation unique qui fusionnera « le plus grand nombre possible d'allocations existantes ».
Autre «
réforme majeure », la création d’un «
service public de l’insertion ». Il devra proposer «
à tous ceux, qui en ont besoin et sur tout le territoire, la même qualité d’accompagnement individualisé vers le retour à l’emploi », précisent les ministres. Là encore, une concertation doit en définir les contours (au printemps), pour une adoption législative courant 2020.
L'AMF rappelle, ce matin, que cette stratégie «
s'appuie largement sur le bloc communal » et que, par conséquent, «
la question des nouveaux moyens financiers alloués par l' État » reste posée.
E.S.