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Édition du jeudi 13 juin 2024
Élections

97 % des communes de 500 à 2 000 habitants ont placé le RN en tête aux élections européennes

L'étude des résultats des élections européennes montre à quel point le vote RN s'est implanté dans la ruralité, avec une forte augmentation de ce vote dans les plus petites communes, qui ont plus souvent placé ce parti en tête et avec des scores nettement plus importants en moyenne

Par Franck Lemarc

Le ministère de l’Intérieur a publié, hier, le fichier réunissant les résultats des élections européennes dans chaque commune. L’analyse de ces résultats, en les croisant avec les données démographiques des communes, livre de nombreux enseignements. 

93 % des communes ont placé le RN en tête

Le ministère a d’abord publié les résultats définitifs de ce scrutin, que l’on peut rappeler ici : le RN a réuni 31,37 % des suffrages, la liste Renaissance 14,6 %, la liste socialiste 13,83 %, LFI 9,89 %, les LR 7,25 % et Europe écologie 5,50 %.

Mais ces résultats globaux, lorsqu’on les regarde à une maille plus fine, cachent d’importantes disparités géographiques et démographiques. 

Première constatation : le Rassemblement national est arrivé en tête dans une écrasante majorité de communes : environ 32 600 sur 34 955, soit 93 % d’entre elles. Il ne reste donc que la portion congrue aux autres listes : celles de Valérie Hayer (Renaissance) et de Raphaël Glucksman (PS) sont arrivées en tête dans 2 % et 2,7 % des communes. Les Républicains l’ont emporté dans 0,33 % des communes et LFI dans 0,9 % d’entre elles. 

Dans certains départements, la domination du RN est totale, à commencer par le Lot-et-Garonne et Mayotte où il l'emporte dans la totalité des communes. Dans l'Indre, une seule commune n'est pas remportée par le RN mais elle l'est... par la liste Reconquête. Dans l’Aisne ou l’Aube, le RN arrive en tête dans 99,5 % des communes. Il dépasse les 98 % de communes dans des départements comme les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, l’Yonne, le Loiret. 

Un certain nombre de régions où le RN était traditionnellement peu implanté n’échappent plus, aujourd’hui, à cette poussée. C’est le cas de la Bretagne, par exemple, où même si l’hégémonie du RN est moins marquée, ce parti l’emporte dans 80 % des communes du Finistère ou 84 % de celles de l’Ille-et-Vilaine. Dans des départements historiquement marqués à gauche, la poussée du RN est tangible : il l’emporte dans 83 % des communes de l’Aude, par exemple. 

Seuls les départements de la banlieue parisienne échappement à la règle. En Seine-Saint-Denis, le RN n’est vainqueur que dans 17,5 % des communes, dans le Val-de-Marne, 36 %. C’est dans les Hauts-de-Seine que le RN est le plus faible, avec seulement 2,8 % des communes qui ont placé la liste Bardella en tête. 

Corrélation entre le score et la démographie

L’enseignement le plus marquant de ce scrutin est la corrélation presque parfaite entre la taille des communes et le score du Rassemblement national : plus les communes sont petites, plus Jordan Bardella a fait un score important. 

Regardons d’abord le nombre de communes remportées par le RN en fonction de la taille des communes. Le parti de Jordan Bardella ne l’a emporté que dans 47,6 % des villes de plus de 100 000 habitants. Les villes de 50 000 à 100 000 habitants ont moins encore voté RN, qui l’emporte dans 40,7 % de ces communes. Mais ensuite, les choses s’inversent : 64 % des communes de 20 000 à 50 000 habitants ont donné la victoire au RN, et ce nombre augmente régulièrement jusqu’à atteindre 97,4 % des communes de 500 à 2 000 habitants (voir graphique). Ce n’est que pour les communes de moins de 500 habitants que la tendance s’inverse, même si 91 % d’entre elles ont tout de même placé le RN en tête. 

Si l’on regarde les scores, à présent, la tendance est la même : plus les communes sont petites, plus le score du RN est élevé, allant du simple au double entre les grandes villes et les plus petits villages. Dans les villes de plus de 100 000 habitants, le parti de Marine Le Pen a réalisé 19,9 % des voix en moyenne, alors que dans les communes de 500 à  2 000 habitants, il fait presque 40 % en moyenne. La progression, comme on le voit dans le graphique ci-dessous, est parfaitement linéaire, à l’exception là encore des communes de moins de 500 habitants. 

Il est à noter que toutes les communes qui ont voté à plus de 70 % pour le RN (elles sont au nombre de 111) comptent moins de 500 habitants. Sept d’entre elles ont même voté à plus de 80 % pour la liste Bardella, et le village d’Ornes, dans la Meuse, a voté à 100 % pour le RN. 

À l’inverse, seules 198 communes (soit 0,57 % des communes de France) ont donné moins de 10 % des voix au RN. Parmi elles, plusieurs villes de plus de 50 000 habitants (Paris, Rennes, Pantin, Saint-Ouen, Montreuil…). 36 communes n’ont donné aucune voix au RN – uniquement des communes de moins de 500 habitants.

Enfin, signalons que le RN n’est pas le seul parti dont les scores sont corrélés à la taille des communes. La même tendance, en sens inverse, est à constater sur le vote LFI, beaucoup plus important dans les villes que dans les villages : si LFI atteint un score moyen de 20,7 % dans les communes de 50 000 à 100 000 habitants, celui-ci tombe à 8,3 % dans la strate 5 000-10 000 habitants et 4,70 % dans les communes de moins de 500 habitants. 

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