Zones d'emploi : « Les économies locales ont tendance à se diversifier », note l'Insee
Pour affiner leur analyse des économies locales, l’Insee* et la Dares** ont, en 2020, révisé la méthodologie, qui définissait, depuis 2010, les zones d’emploi. Ces ensembles de communes dans lesquels la plupart des actifs résident et travaillent « permettent d’analyser la structure du tissu productif au niveau territorial ». « Contrairement aux zones précédentes construites région par région, les nouvelles zones sont issues de paramètres nationaux », précise l’Insee. Résultat : 306 zones d’emploi, soit 15 de moins que la précédente version, sont définies à ce jour. Elles se répartissent dans sept groupes, selon leur orientation économique principale. Ce qu’il faut en retenir.
« Une forte recomposition des emplois »
On a assisté ces dernières années à « une forte recomposition des emplois ». Premier secteur économique dans une dizaine de zones d’emplois en 1990, l’industrie n’est aujourd’hui en tête absolument nulle part. Avec 1,2 million d’emplois sur un total de 26,2 millions, le secteur secondaire, porté par 37 zones d’emploi spécialisées (à Oyonnax dans l'Ain, par exemple, le taux d’emploi industriel est de 38 %), fait quasiment jeu égal avec l’agriculture et ses 38 zones (1 million d’emplois), loin derrière les emplois du tertiaire, comme le tourisme (45 zones d’emploi et 1,9 million d’emplois). « Le rétrécissement de la sphère industrielle est en partie compensé par des activités de services aux entreprises, avec l’externalisation de fonctions assurées précédemment au sein des entreprises industrielles (comme le transport, la recherche et le développement, la restauration des salariés, le nettoyage...) et le recours au travail intérimaire. »
Surtout, insiste l’Insee, « l’emploi se répartit dans un plus grand nombre de secteurs, les économies locales ont donc tendance à se diversifier ». Les 68 zones à économie diversifiée (une sur cinq) représentent, en effet, pas moins de 3,4 millions d’emplois et près de 10 millions d’habitants (9,6 millions). « Une part importante de ces zones est située dans les espaces ruraux de faible densité, formant une diagonale allant du sud-ouest au nord-est. Ceci explique le fait que l’emploi agricole, sans être une spécialité, est plus élevé dans ces zones d’emploi, même si sa part baisse depuis plusieurs années dans la majorité de ces zones ».
Un tiers des emplois dans 17 zones
Sans surprise, les 17 plus grandes zones d’emploi (les agglomérations de Paris, Marseille, Lille, Lyon, Toulouse, ou encore Nantes, Rennes et Grenoble) « concentrent un tiers des emplois (9,5 millions) et de la population (20 millions) » mais aussi « davantage d’emplois que d’actifs en emploi ». Elles attirent donc des actifs des zones d’emploi environnantes. Ces 17 zones ont notamment « en commun une part importante d’emplois de cadres dans les fonctions dites métropolitaines (fonctions de conception et de recherche, de commerce inter-entreprises, de gestion, de culture-loisirs et de prestations intellectuelles) qui concernent en moyenne 18 % des emplois totaux », (ce taux varie de 4 à 8 % pour les autres profils de zones d’emploi).
Cinquante-deux autres grandes agglomérations, à l’image de Dijon, Amiens, Nice, Angers, Roubaix-Tourcoing ainsi que des zones en Martinique, à La Réunion ou à Mayotte, tirent, elles aussi, leur épingle du jeu en parvenant à attirer des entreprises pourvoyeuses d’emplois. « Ces zones se caractérisent par une présence importante d’établissements de plus de 250 employés privés (comme Valéo à Angers ou Auchan à Roubaix) ou publics (collectivités locales et hôpitaux). Dans l’est de la France, ces zones sont plus industrielles, avec par exemple des établissements spécialisés dans l’automobile ».
À l’inverse, les zones d’emploi dites résidentielles, enfin, « présentent une faible quantité d’emplois : on y retrouve fréquemment plus d’actifs occupés que d’emplois disponibles sur le territoire (0,8 emploi par actif occupé) », explique l’Insee. La majorité de ces 49 zones se situent autour de Paris (Melun, Creil) et Lyon (Villefranche-sur-Saône, Bourgoin-Jallieu) mais également sur les territoires frontaliers (Sarreguemines, le Genevois français). « En moyenne, seulement 57 % des actifs qui résident dans ces zones y travaillent, soit le taux le plus faible des sept types de zones d’emploi ».
Ludovic Galtier
Accéder à l'étude de l'Insee.
*Institut national des statistiques et des études économiques
** Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques
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