Val-d'Oise : première tornade mortelle en France depuis 17 ans
Par Franck Lemarc
Cela faisait 17 ans qu’une tornade n’avait pas provoqué des décès, en France, depuis celle qui avait fait trois morts à Hautmont, dans le Nord, en 2008. Vers 17 h 50, une tornade a frappé les communes d’Ermont, Eaubonne, Franconville et une demi-douzaine d’autres communes, formée à partir d’une cellule orageuse qui avait pris naissance dans l’ouest du pays et s’est fortement renforcée en traversant l’Eure-et-Loir puis les Yvelines. Les images sont particulièrement impressionnantes, notamment celles de trois grues qui se sont couchées, en partie sur des habitations et sur un bâtiment médico-social – ce qui suppose des vents à plus de 180 km/h, puisque c’est la norme de résistance des grues. Arbres déracinés, branches « plantées comme des fléchettes » dans les murs, selon le témoignage d’une habitante, voitures retournées, toitures arrachées, c’est un « chemin de désolation » qu’a laissée derrière elle cette tornade, selon les mots de la maire d’Eaubonne, Marie-José Beaulande.
Selon un bilan provisoire, un mort est à déplorer – un jeune travailleur de 23 ans sur un chantier de construction – et neuf blessés, dont quatre grièvement.
Phénomène dévastateur
Dans les minutes qui ont suivi le drame, de nombreuses vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux, permettant aux experts de mettre un nom sur le phénomène. Serge Zaka, agroclimatologue et « chasseur d’orages », a expliqué dans la soirée que deux scénarios étaient possibles pour un phénomène de vent d’une telle ampleur : une « rafale descendante » ou une tornade. La première est caractérisée par un vent soufflant dans une seule direction, occasionnant des dégâts « alignés » ; tandis que la seconde est caractérisée par des vents tournants, tourbillonnants, avec « des dégâts circulaires, croisés ou divergents » et des arbres couchés dans des directions opposées. Les images et le constat des dégâts a montré qu’il s'agissait bien d’une tornade.
Ce phénomène météorologique reste relativement peu fréquent en France et ne provoque qu’exceptionnellement des victimes. Les tornades sont, en général, localisées dans des régions précises : la zone la plus exposée est une bande allant de la Vendée au Nord en passant par la Normandie et le nord de l’Île-de-France. De même que l’on parle d’une « Tornado alley » (allée des tornades) aux États-Unis, cette zone, en France, voit se dérouler entre 15 et 20 tornades par an, dont la circulation est facilitée par caractère très plat de cette bande.
Si le préfet du Val-d’Oise a utilisé, hier, le terme de « mini-tornade » pour désigner le phénomène, les experts expliquent que cette expression fréquente est à proscrire : il n’y a pas de « mini-tornade ». Une tornade est un phénomène météorologique très particulier, qui répond à une définition précise et peut, simplement, être d’une intensité plus ou moins forte. Comme les tremblements de terre sont classés par intensité sur l’échelle dite de Richter, les tornades sont classées sur l’échelle de Fujita allant de 0 (EF0) à 5 (EF5). Mais pour mesurer la violence du phénomène, il suffit de rappeler qu’au plus bas niveau de l’échelle de Fujita, les vents sont mesurés entre 100 et 137 km/h. Au niveau maximum, les vents dépassent les 320 km/h. Pour mémoire, la tornade qui a frappé Hautmont, en 2008, a été classée au niveau 3.
Tourbillon
Les tornades sont un phénomène qui peut être encore plus dévastateur que les cyclones, mais beaucoup plus localisés : elles ne touchent qu’un corridor de quelques centaines de mètres de large. Elles se forment à la base des nuages de type cumulonimbus pendant un orage : un tourbillon de vent violent part de la base du nuage et descend vers le sol. Il ne devient une tornade que lorsqu’il touche le sol (ou une trombe marine lorsqu’il atteint la surface de la mer). Au centre de ce tourbillon, la pression est très inférieure à celle de l’air environnant. L’air qui y pénètre se refroidit brutalement et la vapeur d’eau se transforme en gouttelettes, ce qui rend la colonne visible – c’est ce que l’on appelle le « tuba », cette spectaculaire colonne qui relie le nuage à la terre.
Dans l’hémisphère nord, les tornades se déplacent en général du sud-ouest vers le nord-est – ce qui est bien la trajectoire suivie par le phénomène d’hier.
Pour mémoire, c’est déjà dans le Val-d’Oise qu’a eu lieu la tornade la plus violente jamais enregistrée en France, en juin 1839 à Châtenay-en-France. Elle avait atteint le niveau 4 de l’échelle de Fujita.
1 700 foyers sans électricité
Ce matin, le trafic est encore interrompu ou fortement perturbé sur plusieurs lignes ferroviaires du secteur, en raison d’arbres tombés sur les voies ou les caténaires. 1 700 foyers restent privés d’électricité, et 150 sapeurs-pompiers et personnels de la sécurité civile sont déployés pour « porter assistance aux habitants et dégager les voies », indique la préfecture. La commune d’Ermont a ouvert un gymnase pour « accueillir les personnes sans solution d’hébergement ». Un nombre non négligeable d’habitants de la commune, encore non déterminé à cette heure, ont vu leur logement totalement ou partiellement détruit par les conséquences de la tornade.
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