Vaccination, écoles, lieux culturels... : ce qu'Emmanuel Macron a dit aux maires hier
Par Franck Lemarc
Si l’attention des médias a été focalisée sur les thèmes liés à la réouverture des bars et restaurants, la réunion d’hier a abordé bien d’autres sujets, comme l’explique ce matin à Maire info Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines et présidente de l’Association départementale des maires de Saône-et-Loire, qui a participé à la réunion. « Trois thèmes avaient été fixés : vaccination, transitions vers les réouvertures et relance économique. Sur ces thèmes, chacun des quinze maires présents s’est exprimé pendant cinq à six minutes, puis le chef de l’État a répondu. » Les maires présents à cette réunion représentaient plusieurs types de communes, allant des villes moyennes (Montceau-les-Mines, Charleville-Mézières, Cognac, Millau, La Roche-sur-Yon) à petites (Templeuve-en-Pévèle, Loches) ainsi que de communes de moins de 2 000 habitants (Plouisy) et des villages (Cozzano, Lenax).
Vaccination : une visibilité de « cinq à six semaines »
Sur la vaccination, plusieurs maires ont évoqué les difficultés nées du manque de visibilité sur les approvisionnements : ceux-ci « ne sont pas réguliers », ce qui rend complexe la gestion des centres de vaccination et la prise de rendez-vous. À Montceau-les-Mines, comme dans bien d’autres communes, la maire dit avoir une visibilité « à une semaine » sur l’approvisionnement en vaccins. Sur ce sujet, Emmanuel Macron a pris un engagement « très ferme et très clair » : celui de « faire pression sur les ARS pour que, dans chaque centre de vaccination, il y ait une visibilité de 5 à 6 semaines », et ce « très rapidement ». Une « excellente nouvelle », pour Marie-Claude Jarrot, et peut-être « l’annonce la plus importante faite hier ». Plusieurs maires ont également évoqué la difficulté des relations avec leur ARS et le « manque de fluidité » dans ces relations, ce que le chef de l’État a enregistré.
« Emmanuel Macron a ensuite eu un propos assez long sur les perspectives en termes d’arrivée de nouveaux vaccins dans les mois à venir, et il a évoqué la priorité qui va être donnée, pour la vaccination elle-même, aux professionnels qui travaillent auprès des enfants » (lire article ci-dessous). Le chef de l’État a indiqué que le gouvernement « ne changerait pas de stratégie », c’est-à-dire continuerait de privilégier une priorisation de la vaccination par classe d’âge, les plus âgés étant prioritaires.
« Les écoles rouvriront le 26 avril »
Deuxième thème : « les transitions vers les réouvertures » – au pluriel, car il ne s’agit pas seulement des bars et restaurants mais des écoles, et des lieux culturels. « Surtout des écoles, insiste Marie-Claude Jarrot, parce que pour nous les maires, le plus important était d’être sûrs que les crèches, écoles maternelles et élémentaires rouvriraient bien le 26 avril, et les collèges et lycées le 3 mai. J’ai dit, comme d’autres collègues, qu’il fallait absolument conserver ce calendrier. » Sur ce sujet, le chef de l’État a été « formel » : « Ces dates ne changeront pas, c’est gravé dans le marbre. Les écoles rouvriront à la date prévue. » Dont acte. Le président de la République, raconte la maire, a insisté sur les « dégâts » provoqués chez les enfants par le confinement et la fermeture des écoles, et veut donc que celle-ci soit la plus brève possible.
En revanche, pour ce qui concerne les lieux culturels et les « lieux de convivialité », les annonces ont été beaucoup plus vagues. « Le président a parlé de ‘’phasage’’, de ‘’phases de réouverture toutes les trois semaines’’, en fonction de la circulation du virus et de l’avancement de la campagne de vaccination », détaille Marie-Claude Jarrot. La date du 15 mai, évoquée ces dernières semaines, n’a pas été citée par le chef de l’État, qui a simplement évoque « le mois de mai », sans plus de précision, pour la réouverture de terrasses.
Seules les terrasses des cafés – et peut-être des restaurants – pourraient rouvrir dans un premier temps, ainsi que les musées. « Cela a été, depuis, commenté, par les gérants d’établissements qui n’ont pas de terrasse » et se sentent lésés, poursuit la maire, mais « nous avons rappelé hier au chef de l’État que nous, les maires, nous savons gérer cela, comme nous l’avons fait l’an dernier, en permettant à des établissements d’ouvrir des terrasses exonérées de droits ».
Emmanuel Macron a également évoqué, sans plus de précision, une éventuelle « territorisalisation » des règles de réouverture, en fonction de la circulation du virus dans les différents départements. « Mais je le répète, il ne s’est engagé sur aucune date. Le leitmotiv, c’est : ‘’Dès que ce sera possible, on rouvrira’’. »
Relance : plus de fluidité, moins de « bureaucratie »
Enfin, le troisième thème de la réunion a été l’accès au plan de relance. « Nous avons été plusieurs à parler fluidité, difficultés d’accès, pour les communes, aux crédits du plan de relance. Dans les grandes villes, les choses se passent plutôt bien, mais dans les plus petites, c’est très compliqué, le montage des dossiers est complexe, tout cela est trop bureaucratique. Les maires ont besoin de lisibilité, de flexibilité. Nous avons demandé au président de la République qu’il incite les préfets à être des facilitateurs en la matière. Il s’est engagé là-dessus. »
La question hospitalière a également été évoquée pendant la réunion. Marie-Claude Jarrot a dit au chef de l’État qu’il est indispensable de « revoir le maillage territorial hospitalier et de le rendre plus efficient, et que ce maillage ne se fasse pas à coups de Copermo » (le très décrié Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers, récemment supprimé pour laisser place au Conseil national de l’investissement en santé qui, lui, est ouvert aux représentants des élus locaux). « Nous avons redit au président que les maires doivent être des décideurs dans ce dossier. Je préside le conseil de surveillance de l’hôpital, qui ressemble de plus en plus à une simple chambre d’enregistrement, ce n’est plus acceptable. »
Marie-Claude Jarrot retient de cette réunion que les maires ont pu s’exprimer en tant qu’« acteurs de l’efficacité de proximité ». « Nous avons été en première ligne depuis le premier jour, dans cette crise, quand on se retourne, c’est extraordinaire tout ce que nous avons fait en un an ! » La maire de Montceau-les-Mines, en conclusion de son propos, a dit à Emmanuel Macron que « les Français ont été exemplaires dans cette crise, et que la société s’est montrée résiliente. Mais si on ne donne pas des perspectives, la fameuse ‘’lumière au bout du tunnel’’, on va passer de la résilience à la défiance. C’est, pour moi, tout l’enjeu de cette sortie de crise. »
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