Une hausse de salaire de 183 euros pour les travailleurs sociaux
Par A.W.
Le gouvernement et les départements ont annoncé, vendredi, à l’occasion de la conférence des métiers de l’accompagnement social et du médico-social qui s’est tenue à Paris, un « effort » de 1,3 milliard d'euros, dont 830 millions consacrés à l'extension du Ségur aux professionnels socio-éducatifs dans tous les établissements et services du handicap, de la protection de l'enfance, de l'insertion ou encore de l'hébergement.
Les salaires de quelque 170 000 travailleurs sociaux seront ainsi revalorisés à hauteur de 183 euros par mois, à compter du mois d’avril. Un « investissement massif », selon Jean Castex, et « engagement historique », selon l’Association des départements de France (ADF).
Des candidatures « au plus bas »
Un effort jugé « nécessaire et même urgent » par Jean Castex, devant « les très graves difficultés » du secteur, le Premier ministre rappelant que les métiers du travail social sont « en crise » et menacés d'un « lent affaissement, d'une implosion silencieuse ».
Le niveau des candidatures est « au plus bas », quand celui des postes vacants est, lui, « au plus haut ». « Dans certains endroits, […] ce sont 40 % des professionnels qui manquent, entraînant un fonctionnement dégradé et parfois même la fermeture de places avec tous les drames humains que cela peut engendrer pour les résidents et pour leurs familles », a rappelé Jean Castex.
« Nous ne pouvons plus nous permettre de ne leur promettre que 1 300 euros par mois à l'embauche et un salaire qui n'évolue pas pendant les cinq ou six premières années d'activité », a estimé le Premier ministre. D’autant qu’ « on leur demande de prendre en charge la précarité […] alors qu’eux-mêmes se sentent parfois précaires ».
En juin sur le bulletin de paie « au plus tard »
Les éducateurs spécialisés, moniteurs, accompagnateurs… devraient ainsi bénéficier « dès le 1er avril prochain » d'une hausse de salaire de 183 euros net par mois. Des revalorisations qui devront être versées « au plus tard en juin sur le bulletin de paie », précise l’ADF dans son communiqué publié vendredi.
Cette extension du Ségur de la Santé représentera un investissement de 540 millions d'euros dès 2022 (puis 720 millions en année pleine) pour les quelque 140 000 salariés des structures associatives. L'enveloppe sera financée aux deux tiers par l'État et à un tiers par les départements.
S'ajouteront 110 millions d'euros en année pleine pour les 30 000 personnels sous statut de la fonction publique exerçant des métiers de la filière socio-éducative. « L’État et la Sécurité sociale, d’un côté, et les départements, de l’autre, prendront la part qui leur revient au titre des structures qu’ils financent », détaille l’ADF.
En parallèle, une enveloppe supplémentaire de 500 millions d’euros sera « sanctuarisée » par les pouvoirs publics pour financer une hausse globale des salaires grâce à une modernisation du cadre conventionnel dans la branche du secteur sanitaire et social (BASS), « avec l’objectif de parvenir dans les meilleurs délais à la négociation d’une nouvelle convention collective unique ». Cette enveloppe sera financée à hauteur de 380 millions d’euros pour l’État et 120 millions d’euros pour les départements.
« Le Ségur de la santé, que l'on va pouvoir désormais qualifier de Ségur de la santé sociale et médico-sociale, va représenter un effort […] de la Nation, disons-le, inédit par son ampleur depuis 1945 », a affirmé Jean Castex.
CCAS : 20 000 aides à domicile revalorisées
En outre, l’État va consacrer un investissement de 120 millions d’euros, sur trois ans, pour la formation des professionnels, ainsi que le renforcement de la validation des acquis de l’expérience (VAE). Un plan d'amélioration de la qualité de vie au travail va être également lancé avec 15 millions d'euros dédiés à la formation des managers aux enjeux de qualité de vie au travail, et des aides de la branche AT-MP (accidents du travail et maladies professionnelles) engagées à hauteur de 50 millions d'euros sur 4 ans.
Afin de ne « pas faire de nouveaux oubliés » et « réparer certaines injustices » constatées dans le bénéfice des revalorisations auprès des personnels soignants, le Premier ministre et les départements ont également décidé de « régler ces difficultés ».
Ainsi, l’État, via la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), prendra en charge « pour moitié » la revalorisation des 20 000 aides à domicile des centres communaux d’action sociale (CCAS), « sur le modèle de l’avenant 43 de la branche de l’aide à domicile » (40 millions d’euros). « Et il peut y avoir des CIAS », a précisé Jean Castex.
L’Union nationale des centres communaux d'action sociale (Uncass) s’est félicitée, dans un communiqué, d’avoir « enfin obtenu la juste reconnaissance des aides à domicile du secteur public au travers d’une revalorisation de leur salaire, qu’elle attendait depuis des mois ». Elle a indiqué que sa « délégation générale travaillera de concert avec les cabinets ministériels pour caler le mécanisme d’application sur le terrain, en lien avec les communes et leurs CCAS employeurs, dans les prochaines semaines ».
Toujours via la CNSA, l’État financera la transposition des revalorisations salariales à tous les médecins coordonnateurs des Ehpad (40 millions d’euros).
Par ailleurs, Jean Castex a annoncé que les soignants des structures de prévention, de dépistage ou d’accompagnement des personnes en grandes difficultés sociales seront également revalorisés, tandis que les départements - avec une participation de 30 % de l’État - assureront la transposition des revalorisations des médecins, sages-femmes et personnels soignants de la protection maternelle et infantile et autres structures territoriales (60 millions d’euros).
Ces annonces ont été accueillies favorablement par les représentants du secteur : un « pas important » et « une juste reconnaissance » pour les professionnels concernés, a ainsi salué l'Uniopss, l'une des principales fédérations d'employeurs associatifs. « Une bonne nouvelle », selon le Collectif Handicaps, qui fédère 51 associations. L'association APF France Handicap s'est toutefois inquiétée du « risque que certains professionnels aient encore été oubliés », notamment des employés administratifs.
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