Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 5 février 2024
Culture

Une étude pour mesurer les coûts de fonctionnement des bibliothèques municipales et intercommunales

L'Observatoire des finances et de la gestion publique locale (OFGL) publie ce matin une étude sur les bibliothèques municipales et leur coût de fonctionnement. Cette étude montre la très grande disparité des coûts mesurés, et propose un référentiel permettant d'aider les élus à prendre des décisions. 

Par Franck Lemarc

Sur les quelque 15 900 bibliothèques existant en France, 96 % sont gérées par le bloc communal (79 % par les communes et 17 % par les EPCI). Elles ont généré environ 1,7 milliard d’euros de dépenses de fonctionnement en 2022, chiffre en augmentation de 6,5 % par rapport à 2019. 

Ces données sont issues du dernier numéro de Cap sur, publication de l’OFGL qui analyse les grands postes de dépenses des communes et intercommunalités. L’Observatoire présidé par André Laignel rappelle que si la mission première des bibliothèques est d’offrir « un accès libre et gratuit à la lecture publique », leurs actions sont désormais « de plus en plus diversifiées, y compris dans les petites structures », à la croisée de « plusieurs politiques publiques comme l’éducation, la culture ou l’inclusion sociale ». 

Échantillon

Pour réaliser son étude, l’OFGL a travaillé sur un échantillon de 1 032 communes de toute taille, gérant au total 1 455 bibliothèques. Dans cet échantillon, les communes consacrent en moyenne 2,4 % de leur budget de fonctionnement aux bibliothèques, et 26 % de leurs dépenses culturelles. Ce dernier chiffre s’élève en proportion inverse du nombre d’habitants : dans les petites villes (entre 3 500 et 5000 habitants), il est de 41 %, contre 21 % dans les villes de plus de 75 000 habitants. 

Par ailleurs, logiquement, la surface des bibliothèques augmente avec le nombre d’habitants : 336 m² en moyenne dans les petites villes contre plus de 1 200 m² au-delà de 20 000 habitants. 

Chiffre intéressant : plus la surface de la bibliothèque est grande, plus le nombre de prêts de livre par passage diminue. Explication : les plus grandes bibliothèques offrent des services supplémentaires, différents du simple prêt de livres (espace informatique, expositions, etc.) ; et elles permettent en plus de consulter et travailler sur place. 

Dépenses de personnel et achats de livres

Les frais de personnel représentent de très loin la part prépondérante dans les dépenses de fonctionnement des bibliothèques (81 %). L’achat des livres et documents prêtés ne représente au contraire qu’une part assez faible de ces dépenses, de l’ordre de 7,5 %. Comme pour les autres services publics municipaux, note l’OFGL, comme les piscines, les écoles maternelles et élémentaires, le périscolaire, les ressources humaines sont systématiquement le poste le plus important. 

Néanmoins, dans les plus petites communes, le recours à des bénévoles est plus important et permet de réduire un peu ces dépenses : plus de la moitié des communes de 3 500 à 5 000 habitants ont recours à au moins un bénévole, à hauteur de 0,7 ETP en moyenne par bibliothèque. 

Le deuxième poste de dépenses des bibliothèques est donc l’achat de documents. Même s’il est bien moins important, il est « essentiel », note l’Observatoire, puisque « sans renouvellement, la valeur d’un fonds documentaire se déprécie rapidement ». Le prix moyen d’acquisition d’un livre imprimé est de 13,1 euros. L’OFGL rappelle que ses chiffres ne prennent pas en compte l’achat des premiers ouvrages lors de l’ouverture de la bibliothèque, puisque dans ce cas les dépenses sont inscrites en investissement, ce qui n’entre pas dans le champ de cette étude. Il rappelle également que le fonds des bibliothèques des communes de moins de 10 000 habitants est largement alimenté par les apports des bibliothèques départementales, dont c’est l’une « des principales missions ». 

Sans surprise, les dépenses en énergie des bibliothèques ont augmenté entre 2019 et 2022, passant de 2,5 à 3,2 %. Tout comme les dépenses consacrées à des prestations externes, passées de 3,8 à 4,3 %. Cette augmentation est due à la numérisation croissante des bibliothèques, qui induit des missions plus importantes de maintenance informatique. 

Des recettes insignifiantes par rapport aux dépenses

Neuf bibliothèques sur dix inscrivent des recettes de fonctionnement – en général des recettes tarifaires, liées à des frais d’inscription ou d’abonnement. En matière de tarification, les pratiques sont extrêmement variables, allant de la gratuité totale, pour tout type de documents (33 % des cas), jusqu’à des frais d’inscription pour les seuls majeurs, ou encore la gratuité sur critères sociaux (étudiants, chômeurs…). Les trois quarts des bibliothèques appliquent un tarif différent selon la commune de résidence (par exemple la gratuité pour les habitants de la commune et des frais d’inscription pour les autres). « Hors collectivités pratiquant la gratuité totale, le prix moyen facturé à un adulte résidant dans la commune s’élève ainsi à 10 € par an, contre 19 € pour un adulte extérieur à la commune (ou au territoire). Le prix moyen pour un mineur résident s’élève à 1,6 € contre 7,5 € pour un mineur extérieur. » 

D’après les calculs de l’OFGL, ces recettes ne couvrent au final que moins de 2 % des coûts de fonctionnement des communes concernées.

En dehors des recettes tarifaires, le second type de recettes est la dotation, en particulier la DGD bibliothèques (dotation générale de décentralisation). Bien que principalement ciblée vers l’investissement, la DGD peut aussi couvrir certaines dépenses de fonctionnement comme, par exemple, l’extension des horaires d’ouverture (lire Maire info du 8 avril 2019). 

En ce qui concerne les coûts, l’Observatoire a établi que le coût médian d’une bibliothèque est de 399 euros par mètre carré et par an – mais il peut monter, pour environ 10 % des communes de l’échantillon, jusqu’à près de 700 euros par mètre carré. En considérant le coût par habitant, il varie de 13 à 44 euros, avec une médiane à 26,4 euros. L’Observatoire précise qu’au sein d’une même strate de population, les dépenses par habitant « augmentent avec le niveau de centralité de la commune ». Dans les villes-centres, les dépenses de fonctionnement sont plus importantes, parce que la bibliothèque va être dimensionnée pour accueillir plus de monde (habitants des communes périphériques) et offrir davantage de services. 

L’autre facteur qui influe fortement sur le coût de fonctionnement est l’amplitude horaire. Si celle-ci est, en moyenne, de 22 heures hebdomadaires sur l’ensemble de l’échantillon, 17 % des bibliothèques étudiées ouvrent plus de 30 heures par semaine, ce qui fait grimper leurs coûts de fonctionnement à 33 euros par habitant (contre 17,4 euros pour celles qui ouvrent 14 h par semaine). 

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