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Édition du lundi 5 février 2024
Numérique

Un premier état des lieux des territoires connectés vient d'être dévoilé

Les résultats du premier « Observatoire des territoires connectés et durables » ont été présenté jeudi dernier. De plus en plus de collectivités, aussi bien urbaines que rurales, se lancent dans des projets s'appuyant sur des objets connectés.

Par Lucile Bonnin

La fédération InfraNum, la FNCCR et la Banque des territoires ont dévoilé une étude inédite sur l’évolution des projets intégrant le numérique et les objets connectés pour répondre à des enjeux de transition écologique. « Cette étude va être renouvelée tous les ans pour faire un point d’étape dans l’évolution des enjeux de cette filière », explique Agnès Le Meil, directrice des études à lnfraNum lors de la présentation de « l'Observatoire des territoires connectés et durables » 

Menée de septembre à décembre 2023, cette enquête s’appuie sur une trentaine d’entretiens menés auprès de 60 collectivités ayant un projet de territoire connecté en cours ou déjà opérationnel. 11,6 % des collectivités répondantes ont moins de 5 000 habitants et 34 % sont des collectivités rurales. Cette large diversité des collectivités déjà engagées dans la mise en œuvre d’un projet de territoire connecté et durable montre que, « même si les métropoles se sont appropriées ces sujets depuis plus longtemps » , les projets se multiplient, et ce dans tous les territoires. 

Eau, énergie des bâtiments, éclairage public… 

Cinq chantiers prioritaires ont été mis en lumière par cette enquête : l’eau, l’énergie des bâtiments, l’éclairage public, la gestion des risques et la gestion des déchets. Sur les 60 répondants, la plupart des projets en cours de réalisation portent sur l’énergie des bâtiments (23), l’eau (21) et l’éclairage (19). 

Concernant l’eau, les collectivités déploient des solutions intelligentes essentiellement pour remédier à la problématique des fuites . « Pour les collectivités qui distribuent en propre l’eau potable, l’impact financier est tout aussi important que l’impact environnemental », précise Agnès Le Meil. Mais la détection des fuites permet aussi de mettre en place une facturation réalisée « sur des données réelles plutôt que sur des estimations réévaluées à chaque relevé d’index ». Ce qui représente un gain de temps pour les agents. 

Du côté des outils numériques mis en place pour optimiser la gestion de l’énergie des bâtiments, le principal enseignement peut être résumé ainsi : il faut miser sur le cas par cas. En effet, les outils de suivi et de pilotage (comme les capteurs par exemple) ne peuvent être utiles que s’ils sont couplés à une intervention humaine comprenant des visites de sites mais aussi un calendrier d’utilisation du site (régler les chauffages à distance en fonction de l’occupation des bâtiments). 

Pour l’éclairage public, les retours d’expériences relevés par l’Observatoire montrent que la thématique a été intégrée dans les politiques publiques de certains territoires ruraux notamment autour du sujet de la sécurité. « Grâce aux objets connectés, on peut éteindre l’éclairage et savoir qu’à tout moment on peut le rallumer, contrairement aux leds qui consomment moins mais ne s’éteignent pas » , explique Agnès Le Meil. Ainsi, des cartographies des points lumineux ont pu être réalisées pour repenser l’éclairage de manière globale en lien avec les élus. 

Mutualisation : levier principal des territoires connectés 

L'étude estime que la mutualisation est un enjeu essentiel pour les futurs territoires connectés. Comme l’explique Loïc Haÿ, conseiller technique à la FNCCR, « la mutualisation est un facteur de succès dans le déploiement d’un projet intelligent à l’échelle départementale ou régionale ». 

Julian Calderon, expert en infrastructures numériques à la Caisse des dépôts, précise que la tendance actuelle est plutôt à la mutualisation des infrastructures et des services sur les territoires. « Depuis peu, les syndicats déploient activement des services pour faciliter la mise en œuvre de projets de territoires connectés et durables. Ces services s’adressent plus spécifiquement aux communes qui n’ont pas les compétences et les budgets pour mettre en œuvre ce type de projet ». 

L’étude prédit pour 2024-2025 l’adoption progressive d’offres de mutualisation qui répondront à quatre enjeux : d’optimisation des coûts, de sobriété en optimisant les équipements, de sécurité en l’adressant à des acteurs spécialisés et de souveraineté en l’adressant à des acteurs spécialisés qui sauront orienter les communes. 

Enfin, « selon les hypothèses, entre 40 % et 80 % des collectivités françaises déploieront à horizon 10 ans des projets de territoires connectés et durables », peut-on lire dans le communiqué de presse de l’Observatoire. « Si 50 % des collectivités indiquent avoir obtenu des subventions pour un ou plusieurs de leurs projets, l’Observatoire relève des sources variables (État, Union européenne, région…) et un accès inégal selon les cas d’usage. Surtout, ces subventions jouent un rôle clé dans le déclenchement d’un projet smart, puisque le numérique représente dans un premier temps un poste de dépense inédit. Un axe de progrès certain, notamment par le soutien des projets de transition environnementale ». 

Consulter l’étude. 
 

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