Un nouveau protocole sanitaire à l'école qui mise sur les tests
Par Lucile Bonnin
Les rentrées scolaires, depuis le début de cette crise sanitaire, sont désormais souvent accompagnées de nouvelles mesures sanitaires, ayant pour objectif le maintien des écoles ouvertes.
Le ministre de l’Éducation nationale a déclaré dans les colonnes du Parisien que la situation était « particulière car nous avons un nouveau variant très contaminant. Dès ce lundi, à l’école primaire, nous renforçons notre politique de « contact-tracing ». Elle passera par la multiplication des tests et la participation des familles à ce dispositif fondé sur la responsabilisation. »
Suite à ces récentes annonces, la foire aux questions (FAQ) du ministère, qui résume les règles à respecter dans les établissements scolaires, a été mise à jour. Ces modifications mettent notamment en avant les nouvelles mesures qui concernent la gestion des personnels et/ou élèves positifs au covid et des cas contacts.
Isolement
Les écoles maternelles et élémentaires doivent respecter le niveau 3 du protocole sanitaire, avec notamment le port du masque en intérieur et extérieur pour les élèves dès le CP. Si un cas positif est détecté au sein d’une classe, l’élève ou le professeur doit suivre les nouvelles règles d’isolement.
Pour les élèves de moins de 12 ans, quel que soit leur statut vaccinal, l’isolement est de 7 jours, mais celui-ci peut prendre fin au bout de 5 jours si un test antigénique ou PCR montre un résultat négatif. Il en est de même pour les élèves de plus de 12 ans (actuellement deux doses pour les 12-17 ans), les personnels et les enseignants bénéficiant d’un statut vaccinal complet.
En revanche, lorsque ces derniers ne sont pas vaccinés ou ne disposent pas d’un schéma vaccinal complet, l’isolement est de 10 jours. Il peut prendre fin au terme de 7 jours si un test antigénique ou PCR est réalisé et que son résultat est négatif.
Multiplication des tests
Pour éviter à tout prix la fermeture des classes, le gouvernement a décidé de dégainer l’arme du dépistage en cas de « cas covid-19 ». Désormais, si un élève est positif, tous les élèves devront faire trois tests en cinq jours. Le premier test négatif leur permettra de revenir en classe. Pas d’isolement donc pour les élèves dont les tests sont négatifs. Cette règle s’applique également aux enseignants et aux personnels ayant une vaccination complète (dans le cas contraire, un isolement de 7 jours est requis avec un test à l’issue de cette période).
La démarche à suivre est donc la suivante : un élève cas contact peut retourner en classe à condition de présenter un résultat de test antigénique ou PCR négatif. Ensuite, deux autotests devront être réalisés à J+2 et à J+4 (J0 étant le jour du premier test).
« Ce qui change, c’est que, désormais, quand la famille fera le premier test, elle recevra en pharmacie deux autotests gratuits, pour que les élèves se testent à nouveau à la maison à J + 2 et à J + 4 » , explique Jean-Michel Blanquer. Ces deux derniers autotests seront remis aux représentants légaux de l’élève lors de la réalisation du premier test en pharmacie, ou sous forme de bon permettant de se faire délivrer gratuitement les deux autres autotests.
L’élève devra également revenir à l’école avec une attestation sur l'honneur de ses représentants légaux attestant la réalisation effective de deux autotests. « Les parents devront attester par écrit que les tests ont bien été faits et qu’ils sont négatifs » , précise le ministre.
Limitation des rassemblements
D’autres mesures ont été prises pour ne pas prendre de risque face à la prolifération du virus. Parmi elles : « les moments de convivialité entre élèves et personnels ou entre personnels doivent désormais être prohibés » , notamment car ils ne permettent pas de respecter les gestes barrières.
Les réunions avec les parents d’élèves sont aussi déconseillées. Des rendez-vous individuels à distance sont à privilégier. De même, les réunions entre les personnels ou encore les conseils de classes doivent être prioritairement réalisées à distance. Si cela n'est pas possible, les gestes barrières devront être respectés (port du masque, aération, et distanciation).
Autre nouveauté : en cas d'absence d'un professeur et dans l'attente de son remplacement, les élèves ne devront pas être répartis dans les autres classes, pour éviter le brassage. Problème : le conseil scientifique avait pourtant estimé qu’en janvier 2022, un tiers des enseignants seraient cas positifs.
« Cette estimation de 30 % agglomère les personnes positives et cas contact et a été faite avant que nous ne fassions évoluer la doctrine cas contact » , rappelle Jean-Michel Blanquer qui reconnaît que le mois de janvier « sera tendu » . Mais, assure-t-il, le gouvernement avec ces mesures se met « en situation d’y faire face. » « Nous suspendons dans la période toutes les autres causes d’absence que la maladie – par exemple, les formations continues – et recrutons des contractuels et des vacataires. Ce qui permet, dans le premier degré, de passer d’une capacité de remplacement de 9 % (sur la totalité des effectifs des professeurs écoles) à 12-15 % selon les académies. »
Incitation à la vaccination des 5-11 ans
Depuis le 22 décembre dernier, les enfants de 5 à 11 ans peuvent se faire vacciner. Cet élargissement de la vaccination n’est pas obligatoire mais permettra, « de participer à la réduction de la circulation du virus dans la population générale. »
En ce début d’année 2022, l’école jouera un rôle dans la vaccination des plus jeunes. Le ministère de l’Éducation a envoyé des informations aux chefs d’établissement et enseignants, « sur les modalités de vaccination. »
Dès juillet dernier, les collèges et lycées avaient installé des centres de vaccination au sein de leurs structures. Ce ne sera pas le cas pour les écoles, « sauf si une action ciblée est jugée nécessaire dans certains territoires » . Le ministre rappelle enfin que ce « sont les familles qui ont vocation à prendre rendez-vous et accompagner les enfants – dès lors évidemment qu’ils souhaitent les faire vacciner. »
Capteurs CO2
De nombreux spécialistes de la santé recommandent l’installation de capteurs de CO2. Ces appareils mesurent le taux de CO2 dans une classe afin de savoir notamment quand il faut ouvrir les fenêtres pour renouveler l’air.
Le ministère de l’Éducation nationale recommande ainsi « d’équiper les écoles et établissements scolaires de capteurs mobiles afin de déterminer la fréquence d’aération nécessaire pour chaque local, ou pour contrôler le bon fonctionnement de la ventilation mécanique dans les bâtiments où l’ouverture des ouvrants est déconseillée voire impossible » . En ce début d’année, le ministre lance donc « un appel aux maires pour une montée en puissance en la matière ».
Selon le ministre, ce type d’installation coûte environ 50 euros pour une collectivité. Il rappelle alors que « l’État a débloqué 20 millions d’euros pour celles qui n’auraient pas les moyens financièrement de s’équiper. » Il faut toutefois remarquer que l’aide proposée par l’État ne couvre pas l’intégralité des dépenses, ce que de nombreux élus et l’AMF regrettent. Exemple récent : la municipalité de Villetaneuse a installé 90 appareils pour 7 646 euros. Le financement est réalisé avec une subvention de l’Éducation nationale, à la hauteur de 3 216 €, la ville va donc investir 4 430 € de sa poche.
Le ministre regrette que les demandes soient peu nombreuses à ce sujet et précise que « ce fonds sera augmenté si nécessaire. » Toutefois, il faut souligner que l’information sur ce fonds par les services déconcentrés de l’Éducation nationale a tardé à se diffuser auprès des maires, ce qu’a déploré l’AMF.
Cette mesure gouvernementale d’une participation de 20 millions d’euros aux achats de capteurs CO2 par les communes, au profit des locaux scolaires répond d’ailleurs à une demande formulée de longue date par l’AMF, qui considère que cet équipement relève des obligations et des dépenses supplémentaires liées à la crise sanitaire.
Il est rappelé par le gouvernement que les collectivités qui en ont le besoin peuvent faire une demande de financement auprès du rectorat. Certaines collectivités estiment toutefois que le coût de ces capteurs est très important et que l’accompagnement de l’État n’est pas suffisant.
L’AMF va d’ailleurs accompagner les collectivités sur cette question des capteurs et surtout sur celle de la prise en charge des dépenses par l'État, comme le président de l'association, David Lisnard, en a informé les maires par courrier. Les élus sont en effet souvent insuffisamment informés sur les modalités de subventionnement. Témoin, Ivana Polisini, adjointe au maire de Bastia, qui expliquait récemment au micro d'Europe 1 que la mairie a investi 35 000 euros dans ces capteurs : « On avait entendu parler d'une somme qui est allouée à la mise en place de ces capteurs, mais nous n'avons aucune nouvelle concernant des modalités d'accès à ces subventions » . Dans de nombreuses écoles, les cours se dérouleront alors encore sans capteurs, fenêtres ouvertes.
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