Tourisme : ce qu'il faut retenir des annonces du comité interministériel
À l’approche de vacances de la Toussaint (du 17 octobre au 2 novembre) qui s’annoncent moroses contrairement à un été 2020 qui s'est révélé bien meilleur que prévu, le Premier ministre réunissait, hier, un nouveau comité interministériel du tourisme (CIT). En apnée depuis le confinement général observé au printemps, le secteur va bénéficier d’un « soutien durable », a garanti, hier, Jean Castex, dans la lignée de son prédécesseur à Matignon. Édouard Philippe lui a, en effet, laissé en héritage un plan de soutien au tourisme de 18 milliards d’euros, présenté en mai (lire Maire info du 15 mai). « Ce plan a été, depuis, activement mis en œuvre et largement mobilisé (13 milliards d’euros) », précise le Premier ministre en introduction.
Depuis mai, 760 millions d’euros ont, en effet, été déployés via le fonds de solidarité Etat-régions à près de 528 000 entreprises (pour un montant moyen de 1 437 euros versés). L’activité partielle a notamment profité au secteur hébergement-restauration. « Jusqu’à 73 % » de ses salariés étaient concernés au plus fort de la crise, en mars.
18,4 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat (PGE) « Tourisme » ont, par ailleurs, été accordés, via BpiFrance, à 187 767 entreprises bénéficiaires. Quant à l’aide exceptionnelle versée aux travailleurs indépendants, elle représentait, au 17 juillet, 87 millions d’euros pour 100 100 bénéficiaires. Aussi, 49 collectivités ont adopté une délibération d’exonération de la taxe de séjour en 2020. « Elles peuvent également décider de réduire des deux tiers la cotisation foncière des entreprises du tourisme ». Pour le Premier ministre, l’idée, désormais, est « d’étendre » ou « d’adapter » ces dispositifs.
75 000 entreprises bénéficiaires supplémentaires
Ainsi, le plan tourisme va dorénavant s’adresser à 75 000 nouvelles entreprises. Ouvert jusque-là aux entreprises et associations HCR-Tourisme, événementiel, sport et culture, il touchera de « nouveaux bénéficiaires qui ont une activité fortement liée au tourisme ou à l’événementiel », à l’instar des artisans des foires et salons, des stations-services ou des fleuristes. Les autocaristes de tourisme intègrent aussi ce plan. « Ces entreprises peuvent notamment bénéficier du fonds de solidarité (hausse du plafond du volet 1 de 1500 euros à 10 000 euros*), de la prise en charge à 100 % de l’activité partielle jusqu’à la fin de l’année (100 % du salaire net pour les salariés au Smic et 84 % environ du net dans la limite de 4,5 Smic), et des exonérations de charges sur la période de février à mai 2020 ». Les TPE et PME fermées administrativement et les entreprises faisant l’objet de restrictions horaires qui ont une perte de chiffre d’affaires supérieure à 50 % pourront bénéficier d’une exonération des cotisations sociales pendant la période de fermeture ou de restriction.
Parmi les autres mesures annoncées hier, notons « l’extension du périmètre du prêt garanti par l’Etat « saison », disponible depuis le 5 août auprès des réseaux bancaires » ; le « lancement du deuxième volet de la plateforme pour l’emploi www.monemploitourisme.fr » ; la « poursuite du programme colos apprenantes » ; le « lancement d’une mission destinée à aider la filière thermalisme » par le président du conseil départemental du Puy-de-Dôme, Jean-Yves Gouttebel, détaille le gouvernement.
« Les réservations annulées ne coûteront rien aux Français »
Un gouvernement pris entre deux feux, avec d’un côté le déferlement en cours de « la deuxième vague » de l’épidémie de covid-19, dixit Jean Castex lui-même (lire Maire info d’hier) et de l’autre la crise économique qui menace notamment le secteur du tourisme. C’est ainsi, que Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, appelait les Français, dans une déclaration que certains ont qualifié de « contradictoire » avec le ton martial et les propos alarmistes du Premier ministre quant à l’épidémie, à réserver leurs vacances.
Pour les inciter à le faire, celui qui a été réélu sénateur de l'Yonne, fin septembre, a assuré que « les professionnels ont réitéré leurs engagements » pour que « les réservations annulées ne coûtent rien aux Français ». Les réservations sont en baisse de 50 % par rapport à la même période l’an passé. « La reprise de l’épidémie et les restrictions croissantes apportées aux conditions de mobilité internationale pèsent sur la préparation de l’arrière-saison, de la haute-saison d’hiver et pour les destinations outre-mer », indique le gouvernement. Pour promouvoir, malgré le contexte, le tourisme en France, la campagne numérique #JeRedecouvrelaFrance a été lancée ce mois-ci par Atout France. L'agence de développement touristique de la France « accompagnera territoires et partenaires privés dans des campagnes de conversion afin de déclencher des séjours, si les conditions sont réunies (Paris, ville, montagne, outre-mer), le tout pour un montant de 1,5 million d’euros, dont 300 000 euros pour le tourisme d’affaires ». Un secteur encore « assez entravé ».
En France, le secteur du tourisme représente, en temps normal, 3 millions d’emplois, un chiffre d’affaires cumulé de 180 milliards d’euros et l’accueil annuel de 90 millions de personnes.
Ludovic Galtier
*Les entreprises de moins de 50 salariés (contre 20 jusqu’ici), quel que soit leur chiffre d’affaires, qui justifient d’une perte supérieure à 50 % de leur chiffre d’affaires, auront accès au volet 1 du fonds de solidarité jusqu’à 1500 euros par mois. Les entreprises qui justifient d’une perte de chiffre d’affaires supérieure à 70 % (contre 80 % auparavant), l’aide pourra s’élever jusqu’à 10 000 euros dans la limite de 60 % du chiffre d’affaires.
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