Malgré son succès populaire, le camping connaît une période de « fragilisation préoccupante »
Par A.W.
Alors que l’Espagne et l’Italie sont devenus les premières destinations touristiques européennes devant la France – qui est désormais concurrencée de près par l’Allemagne – , l’ancienne destination phare incontesté du continent est l’une des rares de l’Union européenne à avoir enregistré une baisse de ses nuitées en 2024 (- 2,2 %).
Pourtant, l’hôtellerie de plein air dans l’Hexagone a connu une « dynamique positive » et peut se targuer d’être le « seul mode d’hébergement collectif touristique à avoir presque stabilisé sa fréquentation », constate la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein-air (FNHPA) dans un dossier de presse présenté la semaine dernière, dans lequel elle dresse un bilan de l’année passée.
Saison 2024 stable, l’année 2025 démarre bien
Bien que la saison 2024 ait été « contrastée » pour les hébergements collectifs (perturbée par la météo capricieuse, les élections législatives anticipées, des vacances scolaires tardives et la pression sur le pouvoir d’achat), la fédération se réjouit que les campings soient restés « le principal moteur de la fréquentation estivale » du pays.
L’hôtellerie de plein air a ainsi totalisé un peu plus de 141 millions de nuitées, soit à peine moins (une baisse de 0,35 %) que le « record établi en 2023 ». Une fréquentation touristique qui a ainsi été portée par les Européens (+ 4,6 %) tandis que la fréquentation domestique a enregistré un léger recul de moins de 1 %.
« L’hôtellerie de plein air a donc joué un rôle clef pour éviter un recul plus marqué de la fréquentation touristique en France ces dernières années, et particulièrement en 2024 où il a été le seul mode d’hébergement collectif de tourisme à avoir connu une stabilisation de la fréquentation », se félicite donc la FNHPA, alors que le pays possède le premier parc européen de terrains de camping, juste derrière les États-Unis à l’échelle mondiale.
En outre, la saison 2025 semble avoir débuté « plutôt favorablement », avec « une légère avance des réservations à la faveur des mois d’avril, de juin et d’août » de l’ordre de 1 % par rapport à la même période en 2024, expliqua la fédération qui estime que l’année en cours s’annonce finalement « assez comparable » à l’année dernière.
En termes de comportement d’achat, cependant, « le panier moyen semble repartir à la baisse », la FNHPA observant que « les campings 3 étoiles semblent être les plus plébiscités, traduisant une attention accrue portée aux prix, notamment de la part des familles » avec « une préférence marquée pour les emplacements nus, au détriment des locatifs ».
Le sud-ouest toujours privilégié
Bien que le littoral ait connu une légère baisse de fréquentation l’an passé (- 1 %), il rassemble toujours plus de la moitié des nuitées en camping. L’Occitanie (28,8 millions de nuitées) et la Nouvelle-Aquitaine (29,9 millions) ont notamment pu conserver leur place en tête des régions les plus fréquentées pour le camping en France.
Plus globalement, si en 2023 « les régions du nord et de la côte atlantique avaient su attirer les vacanciers, […] ces derniers ont massivement privilégié le sud » en 2024, explique la fédération qui souligne que la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et la Corse enregistrent les plus fortes progressions (respectivement + 5 % et + 10 %), « compensant en partie la baisse constatée dans la majorité des autres régions de l’Hexagone, comme la Bourgogne-Franche-Comté (- 2,50 %), le Centre-Val-de-Loire (- 5,6 %) et le Grand Est (- 4,3 %) ».
En parallèle, les massifs montagneux ont confirmé leur attractivité (+ 5,3 %) pour la deuxième année consécutive, tout comme les territoires ruraux qui ont connu « une légère embellie » avec une hausse de plus de 1 %, inversant ainsi « la tendance à la baisse observée l’an dernier ».
On peut toutefois noter que les campings d’Ile-de-France ont, pour leur part, connu une baisse de fréquentation de 8,8 %, victimes des Jeux Olympiques de Paris et du « traditionnel effet d’évitement » qui entoure les grands événements.
Près de 1 600 campings perdus en 20 ans
Reste que le secteur traverse « une période de fragilisation préoccupante », alerte la FNHPA. « En vingt ans, la France a perdu près de 1 600 campings, passant de plus de 9 000 terrains aménagés en 2000 à seulement 7 400 aujourd’hui, alors même que leur nombre est stable voire en augmentation ailleurs en Europe », explique-t-elle.
Une disparition progressive qui s’expliquerait par « des contraintes environnementales, climatiques et réglementaires qui bloquent toute création de nouveaux établissements et limitent la capacité des campings à s’adapter aux évolutions du marché ».
L’hôtellerie de plein air a ainsi subi « les effets de la réduction des budgets des vacanciers » et enregistre « une baisse du panier moyen de dépenses lors des séjours ». « Ce mode d’hébergement, toujours fortement plébiscité, doit prendre en compte une clientèle plus attentive à ses dépenses, et prête à réaliser des arbitrages économiques pour pouvoir partir en vacances (baisse de la durée et de la fréquence des séjours, départ en basse saison, offres promotionnelles, etc.) », rappelle la fédération qui a déjà lancé « plusieurs actions » pour tenter de « sauvegarder et moderniser des petits campings de moins de 70 emplacements ».
« Sans un engagement fort, la diminution continue du nombre de campings pourrait fragiliser l’ensemble du secteur et peser sur l’attractivité touristique de la France », prévient la FNHPA, qui affirme que, « pour échapper au déclassement », la France doit engager une « modernisation » de ses infrastructures, simplifier les démarches administratives et mettre en place des « incitations à l’investissement », comme l’ont fait l’Espagne et l’Italie.
« Sans une action coordonnée, la perte de parts de marché pourrait s’accentuer, mettant en péril des milliers d’emplois et fragilisant un secteur clef de l’économie française », selon elle.
Clientèle populaire et prix raisonnables
Car le camping reste « majoritairement fréquenté par une clientèle populaire » et constitue « un mode d’hébergement très prisé avec un rapport qualité-prix imbattable, notamment dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat ».
Dans le contexte économique actuel, le rapport qualité-prix est perçu par les Français comme le premier atout du camping, selon une enquête de l’Ifop présentée pour l'occasion et qui relate que c’est également leur motivation principale pour y séjourner (61 %) devant la convivialité (37 %).
Alors que près de huit Français sur dix affirment avoir une bonne image du camping, ces derniers sont autant à penser qu’il participe à la mixité sociale (80 %), permet aux personnes en difficultés financières de partir en vacances (79 %) et offre des vacances confortables à prix raisonnables (76 %).
Les dernières données de 2024 confirment, toutefois, la poursuite de la croissance de la fréquentation des campings classés 4 et 5 étoiles (+ 1,4 %). Ce qui « traduit une préférence marquée des vacanciers pour des hébergements plus confortables et mieux équipés », reconnaît la FNHPA alors que la fréquentation des campings classés 1 et 2 étoiles poursuit son recul (- 8,7 %).
Consulter le dossier de presse de la FNHPA.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2

« Quoi qu'il arrive », le gouvernement veut économiser 40 milliards de plus en 2026
