Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 17 avril 2020
Coronavirus

Tour de France 2020 reporté : comment réagissent les villes-étapes de la 107e édition

Jamais depuis sa création en 1903, le Tour de France « n’a eu lieu aussi tard »  dans la saison, dixit son directeur Christian Prudhomme, interrogé mercredi sur France 2. En raison de la crise sanitaire, le rendez-vous sportif et populaire du mois de juillet  pourrait se dérouler, cette année, du 29 août au 20 septembre, si le gouvernement l'autorise. Un accord a été trouvé avec l’Union cycliste internationale (UCI). Son parcours, lui, reste inchangé : comme prévu, Nice (Alpes-Maritimes) accueillera le départ de cette 107e édition de la Grande Boucle et, tradition oblige, l’avenue des Champs-Élysées saluera le peloton et le maillot jaune au terme de l’épreuve, longue cette année de 3 470 kilomètres.
Les « 49 élus locaux »  avec lesquels Christian Prudhomme était en contact ces derniers jours lui ont, en effet, « toutes et tous dit ‘'oui, nous serons là’' ». Très réactif, le département du Cantal, qui recevra le peloton sur ses terres le 11 septembre (13e étape de Châtel-Guyon dans le Puy-de-Dôme au Puy-Mary dans le Cantal) avait édité, trois heures à peine après l’annonce officielle du report de l’épreuve cycliste, une nouvelle affiche de l’événement avec la date actualisée.
Comme l’Assemblée des départements de France (AdF) et « les 32 départements de l’édition 2020 », Christian Estrosi a évidemment répondu présent. La ville de Nice (et son arrière-pays), une des 37 villes-étapes du Tour 2020, servira de décor non pas à une étape mais aux trois premiers jours de course (deux départs en boucle et un départ depuis l’Allianz Riviera). « Je peux garantir que la ville de Nice sera au rendez-vous pour relever ce superbe défi le 29 août prochain. Ce sera une superbe opportunité de relance pour l’économie de notre territoire qui traverse en ce moment même une période difficile », s’est réjoui le président de la métropole Nice Côte d’Azur qui a engagé, selon CheckNews, « 3,55 millions d'euros (hors taxe) dans le cadre d’un marché passé avec la société organisatrice ASO »  et attend désormais d’importantes retombées économiques. Selon la ville, des « études démontrent qu’un grand départ génère entre 25 et 30 millions d’euros de retombées économiques, mais cette estimation vaut pour un format classique sur une journée ». 

« Une petite ville, partenaire d’un événement planétaire » 
De Nice à Lure (Haûte-Saône), « village départ »  de la 20e et décisive étape de ce Tour 2020, l’enthousiasme est le même. « Bien que l’on ait une épée de Damoclès sanitaire au-dessus de la tête, j’avais prévenu Christian Prudhomme que si une fenêtre s’ouvrait pour que le Tour ait lieu, je m’adapterais », se souvient Éric Houlley pour Maire info. Il faut dire que le maire de Lure n'a pas ménagé sa peine pour être enfin au départ du Tour. « Depuis que je suis maire, soit en 2007, j’ai candidaté chaque année ». Alors quand, à l’automne 2019, il apprend que le dossier de sa commune a enfin retenu l’attention d’ASO, un sentiment de fierté l’envahit. « Ma volonté était de démontrer qu’une petite ville comme la nôtre puisse être partenaire d’un événement planétaire comme la Grande Boucle ». 
Un bonheur n’arrivant jamais seul, Lure est « village départ »  de l’unique contre-la-montre individuel du Tour de France 2020 organisé, qui plus est, à la veille de l’arrivée à Paris (36 kilomètres jusqu’à La Planche-des-Belles-Filles le 19 septembre). Résultat, pour la commune : « quatre heures de spectacle non-stop et une fête étalée sur une journée entière ». L’étape est, de plus, prévue un samedi, « ce qui pourrait attirer au pied des Vosges, 20 000 à 30 000 personnes parmi lesquelles des frontaliers allemands, suisses, belges et italiens », se rassure le maire, qui évalue le montant de la participation financière de sa commune à environ 150 000 euros (70 000 euros sont pris en charge par la région Bourgogne-Franche-Comté et la communauté de communes du Pays de Lure). Quand les retombées économiques pour les cafetiers, les restaurateurs, les commerces et l’hôtel de la commune pourraient facilement être quatre à six fois supérieures.

« Faire du 3 septembre une vraie fête populaire » 
Olivier Pévérelli, maire du Teil (Ardèche), se satisferait, lui, de « 300 000 euros », assure-t-il à Maire info. La commune de 9 000 habitants, tristement célèbre depuis le séisme du 11 novembre 2019 dont le montant des dégâts est estimé à 100 millions d’euros (lire Maire info du 12 novembre 2019), a investi de sa poche 14 000 euros hors taxes pour décrocher son ticket « village départ »  (la communauté de communes Ardèche Rhône Coiron et le département de l’Ardèche ont aussi financé ce ticket). Une première dans son histoire.
« Certes, l’affluence sera peut-être inférieure à ce qu’elle aurait pu être en juillet (la 6e étape reliant Le Teil au Mont Aigoual était initialement programmée le 2 juillet, ndlr), mais on veut faire du 3 septembre une vraie fête populaire et festive. La soixantaine d’associations et les établissements scolaires de la commune (le départ aura lieu devant le collège, ndlr) sont d’ailleurs très impliqués dans les préparatifs », raconte Olivier Pévérelli. 
Jusqu’à 15 000 personnes sont attendues au Teil le 3 septembre, sur la ligne de départ et ses environs. De cette façon, la dizaine de bars et la douzaine de restaurants de la commune - encore debout - rempliront leurs caisses. Certains ont, en effet, disparu depuis le séisme, dont les stigmates sont encore visibles partout dans la ville : des échafaudages sont installés à tous les coins de rue. « Il a fallu consolider la trentaine de bâtiments qui menaçaient de s’effondrer sur le domaine public. Sur les 4 200 logements de la commune, 1 000 ont été durement touchés par le séisme et 700 ne sont toujours pas habitables : plus d’un millier d’habitants du Teil ont été relogés dans les communes avoisinantes et 80 familles vivent encore dans des habitats saisonniers. C’est pour montrer cette réalité-là, celle d’une ville en partie détruite un peu comme après un bombardement, qu’on voulait encore plus le Tour. C’est un nouveau départ », témoigne Olivier Pévérelli, qui profite de la visibilité qu’apporte la Grande Boucle pour lancer un appel aux investisseurs. 

Ludovic Galtier

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