Maire-info
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Édition du mercredi 18 septembre 2019
Sécurité

Le gouvernement déterminé à combattre le trafic de drogue « de l'international à la cage d'escalier »

À Marseille hier, les ministres de la Justice, de l’Intérieur et de l’Action et des Comptes publics ont dévoilé le plan du gouvernement contre le trafic de drogue, qui pourrit la vie « de quartiers, de territoires entiers et de leurs habitants, otages des rivalités entre bandes, des dégradations urbaines et des règlements de compte ». Baptisé « plan stup », ce plan a pour ambition « d’attaquer les trafics à tous les niveaux et sous tous les angles ». 

Nouvel office
Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a rappelé dans son discours qu’il y a 66 ans, au moment où l’État a créé l’Office central de répression du trafic de stupéfiants (Ocrtis), « on comptait environ 600 toxicomanes en France ». Sur toute l’année 1968, selon les chiffres publiés hier par le gouvernement, la police interpellait 283 personnes pour des affaires de stupéfiants. En 2013, le seuil des 200 000 interpellations a été franchi. « En 66 ans, tout a changé. Le trafic s’est industrialisé, il touche tous nos territoires, des plus grandes villes aux moyennes et petites qui, même elles, ont bien souvent un point de vente notoire. Tout a changé, sauf notre organisation. » 
C’est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé de créer une nouvelle structure pour remplacer l’Ocrtis, « chef de file unique et identifié contre les trafics » : l’Ofast (Office antistupéfiants). Basé à Nanterre et dirigé par la contrôleuse générale Stéphanie Charbonnier, cet office coordinera les travaux des ministères concernés, sera doté de « 150 enquêteurs »  et possèdera « 16 antennes locales en métropole comme dans les outre-mer ». Il devrait être opérationnel dès le 1er janvier prochain.

55 mesures
Au-delà de la création de l’Ofast, le Plan stup comprend 55 mesures qui visent à « mieux partager les renseignements, mieux anticiper et mieux sanctionner »  ainsi qu’à renforcer la prévention. 
Sur le partage de renseignements, le gouvernement souhaite s’appuyer sur les nouvelles Cross (cellules du renseignement opérationnel sur les stupéfiants), expérimentées à Marseille puis étendues à « 28 grandes aires urbaines ». Toutes les Cross devront être « opérationnelles fin 2019 ». Parmi les mesures annoncées, il va être mis en place un dispositif permettant « aux polices municipales ou aux bailleurs sociaux », ainsi qu’aux sociétés de transport urbain, de « partager leurs informations de terrain avec les Cross ». 
Toujours pour améliorer le renseignement, une plateforme d’appel va être expérimentée, pour permettre aux citoyens « de signaler aux forces de l’ordre les points de vente », de façon anonyme. « Une cartographie unifiée et partagée de tous les points de deal et des réseaux de distribution sur le territoire national sera constituée. »  La présence policière sera renforcée, « dans le cadre de la police de sécurité du quotidien et en lien avec les municipalités », près des points de vente, afin de dissuader les clients. Autre mesure : l’éloignement des trafiquants de leurs territoires « par l’utilisation des interdictions judiciaires et le recours aux expulsions locatives ».

Prévention
Le plan s’appuie enfin sur un chapitre « prévention »  important, avec pour objectif de « casser l’image festive ou récréative »  de certaines drogues. Les ministres concernés souhaitent également « combattre le mythe de l’argent facile et, avec les collectivités, proposer des alternatives au trafic pour les petites mains ». Christophe Castaner, hier, a été plus précis : « Nous devons faire comprendre que devenir une petite main de la drogue, ce n’est pas s’assurer des revenus conséquents et une vie heureuse, c’est entrer dans une spirale sous le joug des dealers, derrière les barreaux et en marge de la société. »  Aucun détail n’a toutefois été donné sur la façon dont « les collectivités »  pourraient être associées à cet objectif.
Le ministre a assuré que le gouvernement est déterminé à mener « sans relâche »  ce combat « long, complexe et dangereux »  contre le trafic de drogue, et qu’il le mènera « de l’international à la cage d’escalier ». « Aucun acteur de la chaîne ne restera intouchable, a conclu le ministre, et c’est une petite révolution. » 

Ce matin, Christian Estrosi, président du Comité consultatif des polices municipales, s'est dit, sur twitter, « déçu »  par le fait que « les élus locaux n'aient pas été associés »  à ce plan. « Le gouvernement doit comprendre une bonne fois pour toutes que c'est en s'appuyant sur nous que nous arriverons à éradiquer ces territoires perdus de la République », déplore le maire de Nice.

F.L.

Télécharger le Plan stup. 

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