Maire-info
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Édition du mercredi 7 décembre 2022
Montagne

Stations de montagne : beaucoup de vacanciers mais trop peu de saisonniers

Des dizaines de milliers d'emplois saisonniers sont ouverts dans les stations de montagne pour la saison d'hiver. Mais le recrutement se fait de plus en plus compliqué. L'Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) oeuvre pour redonner l'envie de travailler dans ces territoires.

Par Lucile Bonnin

Hôtellerie, restauration, transport, commerce, accueil petite enfance, loisirs : de nombreux secteurs sont en tension dans les stations de montagne à l’approche des vacances d’hiver. Une campagne de communication commune de l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) et Pôle Emploi vient d’être lancée sur le thème « La montagne, ça vous gagne ! Et ça recrute ! ». 

Le but de cette campagne : donner une plus grande visibilité aux métiers de la montagne et donner envie d’y travailler. Jean-Luc Boch, président de l’ANMSM et maire de la Plagne-Tarentaise, explique à Maire info que l’objectif est avant tout de « créer et susciter l’envie »  chez les saisonniers. Les actions menées par Pôle emploi encouragent aussi à postuler « au-delà de son lieu de résidence »  et notamment « dans une station de montagne ». 

Cette dernière sera diffusée sur les réseaux de Pôle emploi (900 agences sur tout le territoire) et chaque agence proche des 100 stations membres de l’ANMSM mettra en œuvre des job datings, des rencontres et des ateliers pour faire découvrir les métiers des stations et aider à recruter.

Difficultés de recrutement

Les travailleurs saisonniers manquaient déjà à l’appel l’année dernière. Pourtant, chaque hiver, « les stations de montagne recrutent de nombreux emplois saisonniers parmi les 120 000 emplois directs et 300 000 emplois indirects que génère l’activité économique des stations » , peut-on lire dans le communiqué de presse.

La pénurie de saisonniers menace de sévir à nouveau. Si Jean-Luc Boch se veut rassurant en affirmant que les stations seraient visiblement « moins touchées que l’hiver dernier », il insiste sur la nécessité de casser cette dynamique de disparition progressive de la main-d’œuvre : « Il ne faudrait pas que ça soit récurent à l’image de ce qu’a vécu le littoral l’été passé où les saisonniers ne sont pas revenus. »  (lire Maire info du 20 mai) 

Les difficultés de recrutement sont multiples. D’abord, comme dans tout le pays, « l’hôtellerie et la restauration sont touchés de plein fouet » . D’autres activités spécifiques au tourisme de montagne recrutent largement comme les vendeurs/loueurs de matériel de ski mais aussi les moniteurs de ski, guide de moyenne et de haute montagne, perchistes ou conducteurs de remontée mécanique...

Les collectivités ont aussi du mal à recruter dans les stations de montagne. « Il y a plein des fonctions annexes qui ne trouvent pas preneur comme les agents de surveillance des voies publiques (ASVP) ou encore les personnels des crèches et garderies » (lire Maire info du 20 juillet).

Le retour vers la montagne 

Cette désertification des saisonniers inquiète d’autant plus que l’engouement des vacanciers pour la montagne semble repartir de plus belle. Le taux d’occupation prévisionnel pour l’ensemble de la saison est en hausse de 7 % par rapport à l’hiver dernier selon l’Observatoire national des stations de montagne. « On augmente les chiffres de réservations sensiblement par rapport à l’hiver dernier qui était déjà un excellent cru » , témoigne le maire de La Plagne. 

Depuis la crise sanitaire, les Français partent de plus en plus en vacances en France (lire Maire info du 22 novembre 2021). Ce retour vers le tourisme de montagne accroît d'autant le besoin de saisonniers. Pour Jean-Luc Boch, c’est aussi dans « l’air du temps de décarbonner les vacances et donc de rester dans les régions françaises. »  De surcroît, le ski alpin « a toujours suscité l’envie », selon le maire de cette station emblématique de la vallée de la Tarentaise. 

Hébergement et sensibilisation 

Le fait est que les stations attirent les vacanciers beaucoup plus que les saisonniers. Un équilibre doit donc être trouvé et les maires peuvent jouer un rôle. 

Premier facteur sur lequel le maire peut agir : l’hébergement. « Si on n’a pas la capacité ou la possibilité de fournir des appartements à un prix correct, on est pas attractif, explique le maire. Les mairies doivent être force de proposition et doivent anticiper les demandes en trouvant et gérant un parc avec des lits saisonniers. » 

Autre vecteur favorable au recrutement : le salaire. Jean-Luc Boch rappelle qu’il doit être « correct et attractif »  et qu’il « faut bien payer les gens en conséquence. »  L’augmentation des salaires et la proposition d’avantages aux salariés est donc une solution qui peut être adoptée par les employeurs et encouragée par les maires. 

Enfin, il est aussi question de redonner aux métiers de la montagne et aux stations, une meilleure image. Jean-Luc Boch déplore le développement d’un « ski bashing »  qui laisse entendre que le modèle touristique alpin n’est plus compatible avec l’urgence climatique. Cette tendance, si elle reste marginale, n’aide pas à attirer les travailleurs, notamment les jeunes. 

Jean-Luc Boch rappelle que les territoires de montagne sont innovants et que « cela fait des années que l’on isole nos bâtiments et que l’on fait tout pour se mettre au goût du jour contrairement aux passoires thermiques des grandes villes. »  Il rappelle que le tourisme de montagne est « un modèle qui fonctionne »  et que c’est en fait une « destination d’avenir »  pour les Français. 

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