Violences sexuelles dans le sport : « un plan de prévention » attendu en mai
Dans le sillage du mouvement « Me Too », dépeint par certains comme le « mouvement social féminin du XXIe siècle », la parole se libère peu à peu dans le monde du sport. Auteure d’Un si long silence, un livre dans lequel elle accuse son ex-entraîneur, Gilles Beyer, de viol entre ses 15 et ses 17 ans, l’ancienne patineuse Sarah Abitbol a déclenché ce mois-ci une succession de révélations d’agressions sexuelles. Si d’autres l'avaient fait avant elle – notamment Isabelle Demongeot et Catherine Moyon de Baecque, première sportive à avoir brisé le silence dans les années 1990 – cette vague de témoignages est sans précédent dans le milieu du sport. « Grâce à la libération de la parole dans mon livre, la honte se transforme en fierté et c’est ma médaille d’or olympique aujourd’hui », confie Sarah Abitbol, peu habituée aux discours, à la tribune de la première convention nationale sur la prévention des violences sexuelles dans le sport, organisée vendredi à Paris.
Pour « comprendre comment peuvent surgir de telles situations, mais aussi les conséquences psychologiques et physiques de tels actes », la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a invité, à cette occasion, « tous les acteurs du monde sportif » - fédérations sportives, services de l’État, experts - à travailler ensemble à la construction d’un « plan de prévention des violences sexuelles pour le mouvement sportif. La restitution de ces travaux est attendue en mai 2020 ». Inspectrice générale, Fabienne Bourdais a été nommée déléguée ministérielle chargée des violences dans le sport. C’est elle qui pilotera ces travaux.
Un « contrôle de l’honorabilité » pas abouti ?
D’ici là, trois mesures devraient entrer en application : « le renforcement des effectifs de la cellule dédiée au traitement des signalements de violences sexuelles au sein de la Direction des sports ». Au total, trois agents supplémentaires « viendront compléter l’équipe [de trois personnes] déjà en place pour instruire l’ensemble des affaires », a indiqué la ministre. Expérimenté depuis octobre 2019 au sein de la Ligue Centre-Val-de-Loire de football, le « contrôle de l’honorabilité », destiné à vérifier les antécédents judiciaires des bénévoles, va être étendu à l’ensemble de la Fédération française de football, relate Le Monde. « L’expérimentation en Centre-Val de Loire arrive à son terme, on va en tirer les enseignements avant une généralisation au niveau de la Fédération française de football : avec deux millions de licenciés, ça nous donnera un bon indicateur de comment ça peut se passer », a expliqué la ministre des Sports.
Instantanément une question se pose néanmoins : quid des autres fédérations, alors que les témoignages d’agression ou de harcèlement sexuel de ces dernières semaines émanent d’athlètes issues des fédérations de patinage, de ski, d’équitation ou d’athlétisme ? La majorité d’entre elles n’étaient d’ailleurs pas représentées à cette convention (25 sur 36), a noté le quotidien du soir. Roxana Maracineanu n’en souhaite pas moins les responsabiliser « sur les questions liées à l’éthique ». « Cela doit faire l’objet d’un plan de prévention spécifique que nous les aiderons à construire. Cela doit être un enjeu majeur des prochaines élections fédérales au même titre que les questions de lutte contre le dopage ou les dérives communautaires. »
Un répertoire national des associations sportives
Le contrôle de l’honorabilité va être généralisé « non seulement pour les encadrants bénévoles et l’équipe dirigeante des associations sportives, mais aussi pour l’ensemble des cadres d’État », a poursuivi la ministre. Ce qui a l’inconvénient d’exclure du champ du contrôle les encadrants et les entraîneurs de haut niveau, regrette l’une de ses prédécesseures au ministère des Sports, Marie-George Buffet.
La dernière mesure annoncée est orientée vers les clubs : « La création d’un répertoire national des associations sportives afin que le ministère des Sports soit en capacité de communiquer mieux et directement avec chacune d’entre elles sur le territoire ». Sarah Abitbol, fière de cette « formidable prise de conscience de la société », salue des mesures qui vont dans le bon sens. « On a déjà réfléchi à plusieurs moyens dans les clubs pour aider les enfants, par exemple une assistante sociale ou un psychologue qui viendrait deux, trois fois par an pour essayer de parler aux enfants. Je vais aussi créer mon association, j’y tiens pour aider les futures victimes. Tout ça va maintenant être pris en charge. »
Ludovic Galtier
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