Usage des colles et résines au handball : les collectivités demandent une évolution du règlement
Par Lucile Bonnin
Des pots blancs sur les bancs de touche, des ballons qui finissent grisâtres à la fin de matchs, des traces collantes sur la structure des buts : le handball est un sport qui a depuis longtemps adopté la résine et la colle pour une meilleure prise en main du ballon. Sur les mains, les ballons et même sous les chaussures : cette substance est de plus en plus présente chez les professionnels et les amateurs.
Voilà bientôt sept ans que le règlement de la Fédération française d’handball (FFH) a été validé par la Commission d’examen des projets de règlements fédéraux relatifs aux équipements sportifs (Cerfres).
Depuis juin 2015, les clubs doivent se conformer aux décisions relatives à l’usage des colles et résines prises par les collectivités, propriétaires des équipements sportifs utilisés. Une sanction sportive est aussi prévue par le règlement pour un club qui ne respecterait pas les règles d’interdiction de l’usage de colles ou résines lors d’une compétition, dès lors qu’un arrêté municipal en interdit l’usage.
Mais ces obligations paraissent insuffisantes pour de nombreuses collectivités qui continuent de rencontrer des difficultés pratiques notamment au regard des coûts de fonctionnement engendrés par la colle et la résine, et des désagréments matériels occasionnés dans les gymnases.
Afin de faire le point sur la situation, l’AMF a mené une enquête flash pour contribuer à la prochaine réunion de la Cerfres qui auditionnera la Fédération française de handball sur cette utilisation.
Les résultats de cette enquête ont été transmis cette semaine à la Cerfres rattachée au ministère des Sports. Plusieurs centaines de communes ou intercommunalités y ont contribué.
Les colles et résines toujours aussi utilisées
85 % des collectivités interrogées indiquent que leur club utilise ces produits sur les ballons de handball, aussi bien à l’entraînement que pendant les matchs. Mais cette habitude sportive a une véritable incidence sur les propriétés du revêtement des salles de sport et sur leur entretien.
Des dégradations sont constatées « principalement sur le sol, les murs, les cages de buts, les vitres, les bancs, les vestiaires, les poignées de porte et les sanitaires » , pour 67 % des collectivités interrogées. Certaines communes notent même « une usure prématurée des sols, des presto de douches coincés » et constatent que les filets doivent être remplacés plus fréquemment.
Un problème de nettoyage
Le nettoyage est donc obligatoire mais il entraîne du fait de sa fréquence « une usure prématurée du sol sportif et des tracés de jeux » . Une contribution de l’Association nationale des élus en charge du sport (Andes) datant de juin 2015, avant la révision du règlement de la FFH, rendait d’ores et déjà visible ce problème. À Olivet (45), « l’obligation d’utiliser des produits d’entretien spécifiques très régulièrement pour enlever la colle (…) rendent glissant le sol pour les usagers toutes activités confondues » .
À Couzeix (87), les désagréments liés à la colle obligeaient la ville à investir dans des « produits de nettoyage spécifiques, donc plus onéreux » . Ce constat dressé en 2015 n’a apparemment pas beaucoup évolué.
L’enquête récente de l’AMF montre que 64 % des collectivités font état de la nécessité d’un nettoyage régulier. De plus, cette obligation de nettoyage entraîne un surcoût financier qui s’élève en moyenne à 2 592 euros par saison. Ce surcoût mis en lumière par l’enquête ne concerne que les consommables, c’est-à-dire les produits d’entretien. À cela s’ajoute donc le coût du matériel utilisé comme les machines mono-brosses ou les auto-laveuses et le temps de travail nécessaire aux agents pour réaliser ce travail.
Les arrêtés d’interdiction restent insuffisants
L’enquête rapporte que « seules 22,5 % des collectivités concernées ont pris un arrêté d’interdiction d’utilisation des colles ou résines. » En 2015, il y avait plus de 10 % d’arrêtés d’interdiction de cette pratique et, pour la saison 2021-2022, la part des arrêtés s’élève à 17,5 %. Bien que la crise sanitaire soit passée par là, le recours aux arrêtés apparait minoritaire.
Ces décisions sont parfois difficiles à accepter pour les clubs locaux et au moins 9 % des clubs ne respectent pas les arrêtés pris par les collectivités. L‘enquête rapporte même qu’à « plus de 98 %, les clubs ne font l’objet d’aucune sanction lors de compétitions sportives en cas de non-respect de l’arrêté d’interdiction pris par la collectivité. » Les élus eux-mêmes sont parfois dans l’obligation de suspendre l’arrêté municipal pris en la matière au risque de ne pas pouvoir accueillir de grandes compétitions, comme cela a pu être le cas à Vendôme pour les finales nationales féminines de 2015.
Un besoin de faire évoluer le règlement
L’AMF alerte sur la forte attente des collectivités pour que la Cerfres fasse évoluer le règlement de la Fédération française de handball. 94 % des collectivités attendent en effet une évolution qui ferait « remplacer l’utilisation des colles et résines par des colles ou résines lavables à l’eau ».
Ce changement majeur dans le règlement permettrait de réaliser des économies sur les coûts d’entretien pour dégager des sommes au bénéfice des clubs ; de réduire le temps de nettoyage au profit d’une utilisation optimale de la salle ; et permettrait d’éviter les conflits entre les handballeurs et les autres utilisateurs de la salle.
Enfin, certaines collectivités ont fait savoir que l’utilisation de produits corrosifs pour enlever cette résine représente un danger pour la santé des agents qui sont de plus en plus démotivés « face à la répétition de ces tâches de nettoyage » . Certains produits nécessitent même le port du masque car ils sont considérés comme nocifs, selon l’étude de 2015 publiée par l’Andes.
Les collectivités en appellent notamment à une plus grande implication de la part de la FFH. Déjà en 2015, de nombreuses communes regrettaient, par exemple, que les arbitres ne reçoivent pas « des consignes fermes de la Fédération pour faire appliquer l'interdiction faites par les mairies d'utiliser la colle sur les salles à la vue du règlement intérieur de chaque gymnase. »
L’AMF indique qu’il est « opportun selon les maires d’homogénéiser l’usage des colles et résines entre les pratiquants pour plus d’équité, en ne leur laissant pas l’entièreté responsabilité ou de l’interdiction des colles et résines ».
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Macron 2 : une réconciliation avec les élus est-elle possible ?
Classement des réseaux de chaleur : comprendre les nouvelles règles
Plan vélo : un décret pour « lever les freins » au développement des voies vertes