Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 7 avril 2022
Sports

Une enquête syndicale met en avant les écoles « vitaminées à l'EPS »

Alors que la majorité des écoles maternelles et élémentaires n'assurent pas les trois heures prévues d'éducation physique et sportive (EPS), le Syndicat national de l'éducation physique (SNEP-FSU)  et celui des instituteurs et professeurs des écoles (Snuipp-FSU) publient une enquête sur les « Ã©coles vitaminées à l'EPS », qui arrivent à dépasser le manque de temps et d'équipements.

Par Emmanuel Guillemain d'Echon

Avec le recentrage, entamé dans les années 2000, sur l’enseignement des « fondamentaux »  (lire, écrire, compter), les autres matières et notamment l’EPS ont perdu de leur importance à l’école. Dans un contexte où les enseignants « courent après le temps »  en permanence, l’éducation physique, qui demande des compétences, de l’équipement et du matériel, passe souvent à la trappe, a expliqué à Maire info Claire Pontais, secrétaire nationale du SNEP-FSU et coordinatrice du rapport.

Résultat, la majorité des écoles n’assurent pas les trois heures hebdomadaires d’EPS (108 heures par année) prévues dans les programmes de l’Éducation nationale, même si, affirme la syndicaliste, on « manque de données fiables »  pour évaluer correctement l’état de l’enseignement de l’EPS à l’école, non seulement d’un point de vue horaire mais aussi de celui de la qualité.

Selon les rapports, les moyennes constatées sont de « 1 h 30 à 2 h par semaine », avec de fortes disparités selon les écoles ; mais ceux-ci omettent souvent de décompter le temps réservé aux récréations – ce qui réduit les horaires maximum réels à 2 h 45 en primaire et 2 h 30 en maternelle – ainsi qu’aux déplacements jusqu’aux équipements sportifs, souvent situés hors des écoles.

La nécessité d’équipements proches des écoles

Dans son enquête, le SNEP-FSU s’est concentré sur vingt-sept écoles « vitaminées à l’EPS », c’est-à-dire qui assurent les 3 heures prévues (sous la forme de séances quotidiennes en maternelle, ou deux séances hebdomadaires en primaire), et surtout proposent un vrai programme avec des modules d’apprentissage longs, ce qui requiert un travail en équipe des enseignants, avec un recours limité aux intervenants extérieurs (associations, éducateurs sportifs…).

Si la volonté et la formation des enseignants sont indispensables, une constante revient dans ces écoles modèles : la présence d’équipements sportifs à proximité. Ainsi, révèle l’enquête, 100 % des vingt-sept écoles étudiées bénéficient d’un équipement accessible à moins de dix minutes à pied. Autrement, le temps de parcours, plus celui nécessaire à l’installation du matériel, réduisent le temps de pratique effective et constitue donc un obstacle supplémentaire à la pratique de l’EPS.

Cet impératif révèle l’implication essentielle des communes, qui sont le plus souvent propriétaires des gymnases et terrains de sport utilisés, dans cet enseignement : comme l’explique Claire Pontais, « toutes les écoles vitaminées sont implantées dans des communes sensibles à l’importance de l’EPS, avec un soutien au niveau des équipements, du transport, voire du financement de classes-découverte. » 

Certains équipements, comme les salles des fêtes dans les zones rurales, peuvent être utilisés à condition de comporter un local accessible pour ranger facilement le matériel.

Personnel, matériel, rapports avec l’Éducation nationale

Si le nombre d’équipements et de créneaux qui y sont réservés aux écoles peut révéler des inégalités territoriales, ils ne sont pas les seuls vecteurs de l’implication des communes : d’ailleurs, une bonne partie des écoles étudiées sont situées dans des communes plus démunies. Parfois, le simple soutien à l’achat de petit matériel peut être essentiel, comme une commune du panel qui fournissait des ballons pour chaque enfant.

La présence et la formation du personnel municipal est également une demande importante des enseignants. « Avoir un adulte en plus dans l’école, ou un gardien au gymnase, qui connaît le planning et peut aider les institutrices à monter et démonter le matériel, ou à encadrer les élèves sur le chemin du terrain de sport, ne représente pas une dépense faramineuse mais peut lever des obstacles qui découragent souvent les enseignants », poursuit Claire Pontais.

D’ailleurs, dans les écoles étudiées par l’enquête, les enseignants travaillent souvent en binôme à deux classes : pendant que l’un fait l’échauffement, l’autre installe le matériel.

Enfin, les communes peuvent se faire le relais des enseignants dans le rapport avec l’Éducation nationale, qui, selon le SNEP-FSU, se désengage progressivement de l’enseignement de l’EPS avec un recentrage sur les fondamentaux – « lire, écrire, compter ». Si auparavant, chaque circonscription pédagogique comptait un conseiller pédagogique (CPC) dédié à l’EPS, ceux-ci ont été supprimés dans certains départements, et ailleurs, « ils ne travaillent plus que sur les mathématiques et le français », dénonce Claire Pontais.

« Les mairies devraient exiger aux directions académiques (DASEN) des CPC-EPS comme interlocuteurs pour tout ce qui est équipement et réglementation – sinon, toutes ces responsabilités seront déléguées aux communes ! », suggère la secrétaire nationale, qui regrette également l’importance croissante de dispositifs basés sur le volontariat comme l’aisance aquatique, ou les « 30 minutes d’activité physique quotidienne »  (lire Maire info du 16 juin 2021), au lieu d’une politique claire établie au niveau national.

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