Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 16 mars 2021
Sports

Sports : les élus locaux réitèrent leur demande de « compensation financière » pour les piscines

La mise en oeuvre des protocoles sanitaires a « aggravé les déséquilibres financiers de ces équipements structurellement déficitaires », s'inquiètent France urbaine, l'AMF et l'Andes. Les trois associations d'élus requièrent, auprès de Jacqueline Gourault, « une compensation exceptionnelle, spécifiquement dédiée à ces équipements ».

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France urbaine, l’AMF et l’Association nationale des élus en charge du sport (Andes) alertent, dans un courrier du 12 mars, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, sur « la gravité de la situation »  financière des piscines, dont Roxana Maracineanu a encouragé, jeudi, la réouverture (lire Maire info du 12 mars). Les groupes scolaires et périscolaires ne peuvent accéder, pour l'heure, qu’aux piscines extérieures.
Outre les contraintes organisationnelles (réservation de créneaux horaires, sens de circulation…), les protocoles sanitaires ont surtout généré des surcoûts qui pèsent aujourd’hui lourd dans la balance. Mis en place dans les complexes aquatiques dans la foulée du confinement printanier (17 mars - 11 mai 2020), ils auraient « aggravé les déséquilibres financiers de ces équipements structurellement déficitaires », s’inquiètent les associations d’élus. 

Une perte de 250 000 euros pour les équipements en DSP

Les charges d’exploitation des communes et des intercommunalités ainsi que de leurs délégataires (personnel, chauffage, qualité de l’eau) ont « augmenté »  quand, en parallèle, « la limitation de l’accès au seul public prioritaire a réduit leurs recettes ». Les associations d’élus pointent, en particulier, les difficultés des 400 complexes aquatiques (10 % du parc), souvent les « plus récents »  et les « plus importants en terme d’offres », qui font l’objet d’une délégation de service public. « Les collectivités sont contraintes de trouver, avec leurs délégataires, des solutions afin que ceux-ci ne se retrouvent pas en cessation de paiement, observent-elles. Les délégataires ont évalué à 250 000 € la perte moyenne par équipement pour l’année 2020 ».
Il est, bien sûr, impossible de décorréler cette perte financière de la baisse de la fréquentation des piscines dont les protocoles sanitaires (jauges réduites) sont à l’origine. Les pertes financières varieraient de 25 % à 75 % par rapport à l’année précédente. « Une enquête flash menée par l’AMF à la mi-juillet 2020 a mis en exergue la perte de recettes de ces équipements, quel que soit leur mode de gestion, liée à la diminution de leur fréquentation, rappellent les signataires du courrier. Lors de la période estivale, parmi les complexes aquatiques ouverts et quel que soit leur mode de gestion, un sondage a révélé que 51 % des gestionnaires ont connu une baisse de la fréquentation supérieure à 50 %, et 75 % des gestionnaires observent une baisse supérieure à 40 %. Pour le mois d’octobre, la perte de fréquentation s’établit à - 60 %. » 
Le premier trimestre 2021 ne risque pas d’être meilleur : depuis le 16 janvier, seuls les athlètes de haut niveau, les éducateurs, les personnes en situation de handicap reconnues MDPH ainsi que les personnes détenant une prescription médicale peuvent accéder aux piscines.

Aggraver l’endettement ou fermer la piscine ?

Dans ces conditions, les associations d’élus regrettent que les collectivités soient sommées de faire « un choix entre une aggravation de leur endettement ou la fermeture temporaire voire définitive des complexes aquatiques ». Elles demandent donc un soutien financier de l’État. « Les communes et les intercommunalités tout comme les délégataires, ne peuvent rester les seuls à assumer la charge financière générée par une limitation du public pouvant y accéder (…) Afin d’éviter une telle situation qui serait préjudiciable à la maîtrise de la natation par l’ensemble de la population française, et en particulier des plus jeunes*, il conviendrait que les collectivités locales et les délégataires bénéficient d’une compensation exceptionnelle, spécifiquement dédiée à ces équipements ».
Celle-ci pourrait « prendre la forme d’un plan gouvernemental exceptionnel Piscine covid-19, se matérialisant par la prise en charge de la perte d’exploitation entre l’année N et l’année N-1 qui est comptabilisée dans les comptes publics des collectivités locales ». Le trio d’associations avait fait, l'été dernier, une demande similaire à la ministre déléguée chargée des Sports, Roxana Maracineanu. (lire Maire info du 3 juin 2020).

Ludovic Galtier

* Roxana Maracineanu redoute une recrudescence du nombre de noyades cet été et a annoncé, dans Le Parisien, le « déploiement de bassins mobiles d’apprentissage de quatre mètres par huit dans les écoles et les gymnases, en accord avec les rectorats ». L’État aiderait « l'achat à hauteur de 50 % de ces bassins mobiles, par exemple par des associations sportives, qui ensuite, les amèneraient dans les écoles pour des sessions de natation. Les autres collectivités - régions, mairies - doivent aussi aider. On peut tabler sur 800 bassins en tout. » 

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