Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 14 octobre 2020
Sports

Salles de sport et stades : Olivier Véran refuse d'alléger les restrictions

À l’image des théâtres, des salles de cinéma et des restaurants, les salles de sport, fermées, à quelques exceptions près (lire Maire info du 2 octobre), dans les territoires en zones « d’alerte renforcée »  et « d’alerte maximale », pourraient-elles rouvrir en échange de la présentation d’un protocole sanitaire strict soumis à validation du préfet ? Le sénateur Michel Savin (Isère, Les Républicains) a déposé, lundi, deux amendements, dont l’un qui va dans ce sens, dans le cadre de l’examen en chambre haute du projet de loi « prorogeant le régime transitoire institué à la sortie de l’état d’urgence sanitaire » (lire article ci-dessus). Dans les faits, ce n’est pas gagné : hier en séance publique, Philippe Bas, rapporteur du texte, et Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, s'y sont fermement opposés.

Une conséquence sanitaire en chasse une autre
La fermeture des salles de sport, des équipements sportifs et des maisons sport-santé pour lutter contre l’épidémie de covid-19 devrait être étudiée « au cas par cas »  par le préfet, selon Michel Savin, pour qui une conséquence sanitaire en chasserait en fait une autre. « Des patients atteints d'affection longue durée et bénéficiant de prescription médicale d'activité sportive adaptée ne peuvent plus accéder à leurs soins », regrette-t-il. 
Par conséquent, le président du groupe d’études pratiques sportives du Sénat défend, d’une part, la réouverture de ces établissements « pour l'accueil d'activités physiques pour les personnes munies d'une prescription médicale ». « C’est une question de santé publique, ajoute-t-il. Les patients souffrant de diverses pathologies ne peuvent pratiquer le sport qui leur a été prescrit ». Le sénateur s’inquiète, d’autre part, d’un « possible déplacement du virus », selon le principe des vases communicants. « Telles salles de sport de métropole étant fermées, celles qui, à trois kilomètres, sont ouvertes suscitent un appel d’air », observe-t-il, qualifiant ces situations « d’ubuesques ». En retour, le rapporteur du texte au Sénat, Philippe Bas (Manche, Les Républicains), s’il dit « comprendre »  la « préoccupation »  de Michel Savin vis-à-vis des salles de sport, « craint »  que son amendement « recrée des situations de promiscuité favorables à la circulation du virus ». Olivier Véran a acquiescé, sans piper mot.
Dans les rangs du Sénat, Michel Savin a toutefois pu compter sur le soutien de Marie-Pierre de La Gontrie (Paris, PS). « On n’est absolument pas dans l’hypothèse où tout doit rouvrir et partout, insiste-t-elle. Les préfets sauront distinguer ce qui peut être autorisé. Faisons-leur confiance ! » « En Haute-Loire, il n’y a jamais eu plus de trois cas de coronavirus dans les hôpitaux. Ne peut-on lâcher la bride aux habitants ? », s'interroge plus largement Laurent Duplomb (Les Républicains).

« Remplir 20 % à 30 % des stades avec des spectateurs bien répartis » 
Après avoir essuyé une fin de non-recevoir pour les salles de sport, Michel Savin est monté, une seconde fois, au créneau avec un autre amendement visant, cette fois, à ce que les règles relatives à l’ouverture des stades puissent être adaptées à la situation sanitaire locale et prennent en compte leurs caractéristiques, notamment la capacité d’accueil. « Aujourd’hui, la réglementation autorise 1 000 personnes dans les stades, qui sont souvent parquées ensemble dans la même tribune. Il ne serait pas illogique de remplir ces stades à 20 ou 30 %, avec des spectateurs bien répartis », tente-t-il de convaincre. Là encore sans succès.
« Nous sommes au cœur du débat : une approche plus fine, plus territoriale, adaptée aux réalités des territoires », répond Max Brisson (Pyrénées-Atlantiques, Les Républicains) au silence d’Olivier Véran, qui revendique pourtant « une riposte graduée et territorialisée »  face au virus. Une interpellation qui a fait sortir le ministre des Solidarités et de la Santé de ses gonds : « C’est formidable ! Pardon, mais vous avez voté une disposition qui interdit d’office la fermeture d’établissements recevant du public par catégorie. Le préfet pourra seulement constater qu’un établissement pose un problème de sécurité sanitaire, et le fermer a posteriori. Vous votez la réouverture de tous les bars et discothèques dans toutes les villes de France ! », déplore-t-il, en référence à un amendement voté quelques instants plus tôt par le Sénat qui « limite la faculté reconnue au Premier ministre d’imposer la fermeture provisoire d’une ou de plusieurs catégories d’établissements recevant du public ». Cet amendement, auquel Philippe Bas lui-même a fini par s'opposer après coup, devrait faire l'objet d'une seconde délibération en fin de débat. 

« Le monde associatif ne voit rien venir » 
À l’Assemblée nationale aussi, il était, hier, question du sport et de ses acteurs face au covid-19. Lors de la séance de questions au gouvernement, Véronique Louwagie, députée Les Républicains de l’Orne, s’est inquiétée du devenir des clubs sportifs amateurs. Face à la raréfaction de leurs ressources financières, « le plan de relance ne fait qu’effleurer le sujet et le monde associatif ne voit rien venir, s’étrangle-t-elle. L’équation est simple : pas d’argent, pas d’éducateurs et sans éducateurs, ce sont des jeunes qui restent sur le carreau ». Elle propose, en conséquence, le rétablissement des contrats aidés pour ces associations mais aussi la mise en place d’un fonds de solidarité en faveur du monde associatif.
Face à elle, Jean-Michel Blanquer n’a fait aucune annonce nouvelle, le ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports rappelant simplement les grandes lignes du budget des Sports consacré aux associations (lire Maire info du 30 septembre et du 8 octobre). « Plus de 3 milliards d’euros ont été consacrés pendant le confinement au monde sportif, notamment aux associations sportives, au titre du soutien à l’économie (…) l’Agence nationale du sport consacre 15 millions d’euros à un fonds de soutien aux associations, notamment aux petits clubs (et) 122 millions d’euros (sur deux ans, ndlr) seront consacrés au volet sport du plan de relance ».

Ludovic Galtier

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