Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 9 septembre 2019
Sports

Plan Aisance aquatique : vers une réorganisation des cours de natation à l'école ?

Ancienne championne du monde de natation, Roxana Maracineanu a pris à bras le corps la problématique des noyades en France, depuis son arrivée il y a un an tout juste, au ministère des Sports. Le plan Aisance aquatique qu’elle a lancé au printemps, avec son homologue de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, pour lutter contre ces accidents en forte augmentation chez les 3-6 ans (+96 % entre 2015 et 2018), commence à se concrétiser en cette rentrée.
L’objectif affiché est ambitieux : il s’agit, pour les enfants, d’atteindre le niveau de natation exigé aujourd’hui en CM2 - traversée d’un bassin de 20 mètres en plongeant et en reprenant ensuite sa respiration - dès le CP. Pour l’atteindre, la ministre préconise, pour les 3-6 ans, de « concentrer »  l’apprentissage de la natation « avec une mise en situation dans l’eau plus fréquente, ramassée sur une ou deux semaines », dans le cadre de ce qu’elle a appelé des « classes bleues »  sur le même modèle que les « classes vertes ».

Des « classes bleues » 
Un appel à projets national « Aisance aquatique/Classes bleues », doté d’une enveloppe d’1 million d’euros et qui s’adresse notamment aux collectivités locales et leurs groupements et aux associations locales ou nationales intervenant dans le domaine des activités aquatiques et de la natation, a été lancé, en ce sens, par l’Agence nationale du sport à la fin du mois de juillet (accessible ici). Encourageant ainsi les instituteurs à organiser ces classes bleues, qui peuvent, notamment « dans les territoires qui n’ont pas de piscine à disposition », prendre la forme de séjour avec hébergement « dans des lieux labellisés par le ministère des Sports ». Le dispositif a déjà été expérimenté l'année dernière dans l’académie de Paris, a rappelé Roxana Maracineanu, lors d’un point presse organisé à Paris le 4 septembre. « C’est quelque chose dont les collectivités veulent se saisir. » 

La fin des cours de natation à l’école élémentaire ?
Le plan Aisance aquatique vient ainsi refondre l’organisation actuelle qui « n’est pas la bonne », selon la ministre. « Aujourd’hui, l'enfant n’est dans l'eau que vingt minutes par semaine et ce pendant quatorze semaines », fulmine-t-elle, au regard du manque de créneaux disponibles dans les piscines.
En plus des collectivités, les associations prendraient toute leur part dans cette nouvelle organisation. « Les éducateurs associatifs ou les parents d’élèves qui auraient reçu une formation »  pourraient, eux aussi, enseigner les savoirs fondamentaux de la natation aux 3-6 ans. Une façon de « créer des ponts »  entre l’école et le monde associatif (natation, canoë, triathlon…) et d'orienter un nouveau public vers les clubs.
Dans l’esprit de la ministre, le tissu associatif « prendrait le relais »  de l’école pour ce qui est de la formation à la natation des jeunes de 6-10 ans ayant acquis les bases de la natation sécuritaire. L’école, elle, se concentrerait uniquement sur les élèves de 6-10 ans ne sachant toujours pas nager.
Roxana Maracineanu en appelle aussi à la mobilisation du secteur privé (les piscines des campings mais aussi les piscines privées individuelles), et compte sur « tous les mètres carrés de plans d’eau qui existent en France ». « Pourquoi ne pas rassembler chez un particulier les enfants d'un quartier autour d'un éducateur formé pour leur enseigner l'aisance aquatique ? », a suggéré la ministre, qui soutient également les installations d’équipements mobiles, tels que le « camion piscine ».

Ludovic Galtier

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2