Emmanuel Macron annonce 200 millions d'euros pour les équipements sportifs de proximité
Par Franck Lemarc
« Du sport partout, pour tous ! ». C’est le message qu’a voulu faire passer Emmanuel Macron, hier, en Seine-Saint-Denis. Au-delà des JO de 2024, il a évoqué « l’enjeu de l’héritage des Jeux » et la perspective « de déployer un maximum d’infrastructures sportives, parce que pour beaucoup de territoires, l’une des difficultés est le manque d’infrastructures ». Le chef de l’État a donc annoncé un « plan complémentaire » de « 5 000 infrastructures » à déployer d’ici 2024. « C’est un investissement de 200 millions d’euros qui sera piloté par l’Agence nationale du sport, en lien étroit avec les collectivités. »
Les annonces
Le chef de l’État a détaillé les objectifs : « 1000 dojos, plus de 500 terrains de basket 3 contre 3, des piscines amovibles pour apprendre à nager (200), environ 1000 city-park, des structures de handball… ». Les premiers projets seront déployés « dès le mois de novembre », a assuré Emmanuel Macron, qui a ajouté : « Tout cela se fera aux côtés des maires. Nos communes connaissent tout cela. Alors que l’État s’était souvent concentré sur les grandes infrastructures sportives, laissant les plus petites à la charge des collectivités, on va maintenant se concentrer sur ce plan pour déployer ces infrastructures de petite taille. »
Autres indications précises données par le chef de l’État : « Ce seront au moins 50 % des frais qui seront pris en charge », jusqu’à 80 % en métropole et « jusqu’à 100 % dans les outre-mer ». Ce qui supposerait, disons-le en passant, une dérogation à la loi qui oblige les collectivités à assumer au moins 20 % d’une dépense d’investissement.
Enfin, le président de la République a indiqué qu’une « première cartographie » avait été établie : ces crédits seront fléchés sur les territoires « qui en ont le plus besoin » – quartiers prioritaires de la politique de la ville, territoires ruraux les plus carencés – on parle ici, apparemment, des territoires classés en ZRR.
« Signal fort »
Co-président du groupe de travail Sports à l’AMF, David Lazarus, maire de Chambly, dans l’Oise, se réjouit ce matin de ces annonces : « On ne va pas bouder notre plaisir ! L’AMF réclame depuis des années des moyens pour le développement du sport de tous les jours, notamment dans le cadre de l’héritage des JO. C’est une somme conséquente qu’a annoncée le chef de l’État. »
L’élu, qui était aux côtés du chef de l’État pendant sa visite d’hier, donne quelques détails supplémentaires : « Une enveloppe de 50 millions d’euros au titre de la rénovation énergétique des installations sportives va être reconduite l’année prochaine. Quant aux 200 millions d’euros prévus jusqu’en 2024, une première enveloppe de 100 millions devrait être intégrée dans le projet de loi de finances pour 2022, c’est-à-dire tout de suite. C’est un signal fort ! ». Ces crédits vont en effet venir s’ajouter aux quelque 130 millions d’euros que l’ANS (Agence nationale du sport) financent déjà.
Le maire de Chambly ne se fait néanmoins pas d’illusions : « Cette somme, même si elle est importante, ne rattrapera pas le sous-financement chronique qui dure depuis des années. Le parc sportif français est en très grande difficulté, il est vieillissant – notamment les piscines, dont l’immense majorité a plus de 40 ans. » S’il « salue » ce plan, et notamment le fait que les crédits soient fléchés sur les QPV et les ZRR, David Lazarus soulève un certain nombre de points d’attention. « C’est donc l’ANS qui va être chargée de travailler à la mise en musique de ce plan – il va falloir le faire en étroite collaboration avec les élus locaux », notamment au travers des conférences régionales du sport.
Projets « soutenables »
Le maire de Chambly pose également la question de la « soutenabilité » de ces investissements pour les communes – qui financent 80 % des équipements sportifs dans le pays. « Si l’on prend le total des enveloppes annoncées, soit 250 millions d’euros, cela fait une moyenne de 50 000 euros pour chacun des 5 000 projets. Le chef de l’État a parlé d’un financement à 50 % – donc 50 000 euros pour la commune, 50 000 euros d’aide de l’État. Pour un terrain de basket 3 contre 3, c’est faisable. Mais un dojo ? Moi, je ne sais pas faire un dojo pour 100 000 euros. » Pour les installations les plus coûteuses, le maire de Chambly alerte sur le fait que le reste à charge pour les communes ne doit pas être trop élevé, faute de quoi, les projets ne pourront pas se faire. « Tout cela doit rester soutenable pour les collectivités porteuses, et la pire des choses serait de faire du saupoudrage et d’aboutir, à la fin, à de la frustration. »
Il faut donc attendre, maintenant, de voir concrètement comment ces annonces positives vont être « mises en musique ». Et savoir si les règles vont évoluer sur la question de 20 % minimum d’investissement sur les fonds propres des collectivités, en outre-mer. « Et pourquoi seulement en outre-mer ? », conclut David Lazarus, qui estime qu’il serait « intéressant » de travailler sur la question d’éventuelles dérogations à une échelle plus large.
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