Dispositif Savoir rouler à vélo : un déploiement inégal en fonction des territoires
Par Lucile Bonnin
213 500 enfants devaient être formés avant la fin de l'année 2023. Finalement, ce sont 179 000 jeunes qui ont pu bénéficier de la formation Savoir rouler à vélo (SRAV), « ce qui représente une hausse de 45 % par rapport à 2022, année au cours de laquelle 120 000 attestations avaient été délivrées » , comme le précise une instruction publiée au Bulletin officiel du ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse.
Selon le Plan vélo présenté par l’ex-Première ministre Élisabeth Borne en septembre 2022 (lire Maire info du 21 septembre 2022), le gouvernement veut « donner la priorité à l’apprentissage » , en généralisant le plan Savoir rouler à vélo à « l’intégralité d’une classe d’âge » , c’est-à-dire 800 000 enfants chaque année à l’horizon 2027. Rappelons que le dispositif Savoir rouler à vélo est un programme d’apprentissage dont l'objectif est de proposer aux enfants de 6 à 11 ans de suivre une formation encadrée de 10 heures minimum réparties en 3 étapes : savoir pédaler, savoir circuler et savoir rouler à vélo. Les enfants qui suivent cette formation se voient attribuer une attestation (lire Maire info du 21 juin 2023).
Comme l’an passé, la très grande majorité des enfants est formée sur le temps scolaire (91 %), 2,5 % dans le temps périscolaire, et 6,5 % dans le temps extrascolaire.
Disparités dans le déploiement
Cet objectif de plus de 200 000 enfants est décliné en cibles régionales, « calculées à partir des deux critères suivants : potentiel d’enfants à former de la région et nombre d’enfants formés » . L’instruction récemment publiée fait état de disparités dans le déploiement du SRAV. En effet, en 2023, « la dynamique des grandes villes est très insuffisante : les 10 plus grandes villes de France ont un très faible taux de formation des enfants. En équivalent de classes formées, cela représente moins de 5 % du total des classes existantes dans ces communes. »
Les différences dans le rythme du déploiement sont particulièrement visibles au niveau régional. Par exemple, la cible de 500 enfants formés au SRAV en Guyane n’a pas été atteinte puisqu’aucun enfant n’a bénéficié du plan. La Bourgogne-Franche-Comté n’a pas non plus atteint sa cible de former 11 000 enfants en 2023 puisqu’elle en a formé 7 143. D’autres régions excellent comme c’est le cas de la Nouvelle-Aquitaine, par exemple, qui a largement atteint son objectif de formation et enregistre une progression de 28 % par rapport à 2022.
La région Provence-Alpes-Côte-d’Azur a été retenue afin de tester les modalités de généralisation du dispositif SRAV en 2023. Cette région a donc fait l’objet d’un accompagnement renforcé de la part de la direction des sports pour atteindre l’objectif de 60 000 enfants formés d’ici la fin 2023. Résultats : 18 041 enfants ont reçu leur attestation de SRAV en fin d’année. Selon le gouvernement, cette expérimentation qui n’a atteint sa cible qu’à 30 % a cependant « permis d’identifier des actions innovantes ». Objectifs trop ambitieux ? Manque de moyens pour les communes ? Ce retard devrait pousser le gouvernement à s'interroger sur les conditions de déploiement de ce dispositif.
« Un bilan détaillé sera partagé au premier trimestre 2024 afin de capitaliser sur les bonnes pratiques. Il sera suivi d’un second bilan, cette fois-ci quantitatif, au cours du troisième trimestre 2024, afin de pouvoir constater leurs effets sur le volume des attestations enregistrées sur l’ensemble de l’année scolaire 2023-2024. »
Vers la généralisation en 2027
Pour l’année 2024, l’objectif est fixé à « 350 000 enfants formés sur l’année, compte tenu de la trajectoire de la généralisation en 2027 ». Les nouveaux objectifs régionaux ont également été détaillés dans cette instruction.
La poursuite des actions dans le temps scolaire doit être encouragée notamment en favorisant l’articulation avec les dispositifs existants comme les 30 minutes d’activité physique quotidienne par exemple ou en facilitant « l’établissement de co-interventions entre partenaires du SRAV afin de compléter les programmes SRAV partiels (blocs 1 et 2) et proposer des programmes complets » . Le gouvernement mise aussi sur un renforcement du déploiement sur le temps périscolaire et extrascolaire notamment dans les accueils collectifs de mineurs ou via des structures nationales de jeunesse.
En 2024, le gouvernement entend aussi « poursuivre l’augmentation du vivier d’intervenants SRAV » en développant les formations d’intervenants, « soit par les partenaires du SRAV, soit par Génération Vélo, notamment des enseignants, des éducateurs territoriaux des activités physiques et sportives (Etaps), des animateurs jeunesse, des intervenants titulaires d’un brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport mention activités physiques pour tous (BPJEPS APT) » . Rappelons qu'un cofinancement peut s’établir avec une collectivité qui paye l’intervention sur facture à l’intervenant qu’elle a sélectionné sur la plateforme Génération Vélo, et se voit rembourser 50 % de l’intervention par Génération Vélo. La formation d’un agent de la collectivité est quant à elle financée à 100% par le programme Génération Vélo.
Enfin, pour chaque commune de plus de 150 000 habitants, un plan d’action devra être élaboré par les préfets avec les collectivités et les partenaires » pour y déployer plus massivement le SRAV ». L’instruction précise qu’un « tel plan d’action peut également être élaboré pour les autres territoires, afin de faciliter la mise en synergie des acteurs ».
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