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Édition du mercredi 8 janvier 2025
Sports

Changement climatique et sport : de nouvelles conditions pour obtenir des subventions

Le Plan national d'adaptation des pratiques sportives au changement climatique (PNACC sport) a été publié à la fin du mois de décembre par le ministère des Sports. Plusieurs mesures à mettre en place d'ici 2030 concernent les collectivités.

Par Lucile Bonnin

« Les activités sportives sont à la fois co-responsables et victimes des conséquences du changement climatique », observe la Direction des sports du ministère des Sports, de la Jeunesse et de la vie Associative. C’est dans ce contexte que le ministère, après avoir ouvert une consultation publique dès 2023, se dote d’un Plan national d’adaptation au changement climatique pour le sport à horizon 2030 (PNACC Sport 2030).

Ce plan rassemble les principales mesures d’adaptation de la pratique sportive à mettre en place d’ici 2030, pour permettre une adaptation aux conséquences actuelles et à venir d’un scénario de réchauffement mondial moyen de + 2 °C d’ici 2050. 

Quels impacts du changement climatique dans le sport ? 

Le rapport publié la veille du réveillon de Noël offre un panorama de l’ensemble des conséquences du changement climatique sur le sport. Si l’on a tendance à penser en premier lieu aux sports d’hiver lorsqu’on évoque la problématique du climat dans l’évolution du sport, les impacts sont en réalité beaucoup plus variés. 

Dans la pratique d’un sport par exemple, la santé et performance d’un pratiquant peuvent être « affectées par les fortes chaleurs, le taux d’humidité et le contact avec des matériaux synthétiques par temps chaud ». De même, la capacité à pratiquer un sport peut être réduite par « les sécheresses et la disponibilité en eau, la baisse du taux d’enneigement, les fortes précipitations, le risque d’incendie et les phénomènes météorologiques ». 

Les infrastructures sont aussi menacées par le changement climatique : les bâtiments et autres infrastructures peuvent être « affectés par les fortes chaleurs, les sécheresses et la disponibilité en eau, les phénomènes météorologiques, la hausse du niveau de la mer, les perturbations du cycle gel/dégel, les nouvelles réglementations, l’évolution des coûts des ressources »  tout comme les terrains extérieurs et gazons sportifs. 

Les modèles économiques sportifs actuels sont aussi menacés. Selon le rapport, la « mise en eau des piscines »  sera impactée, l’arrêt de la commercialisation de certaines épreuves, notamment en haute montagne est à prévoir tout comme la fermeture administrative de refuges ou secteurs d’alpinisme et l’impossibilité d’assurer certains évènements. Le ministère prévoit enfin un « besoin de maîtres-nageurs accru, y compris hors périodes estivales, en raison des fortes chaleurs ».

Éco-conditionner les aides publiques 

Six mesures principales sont présentées dans ce plan. Il apparaît dans un premier temps indispensable, d’ici 2030, de « mener des études de vulnérabilité du sport au changement climatique pour connaître par site sportif et par discipline les conditions (climatiques…) d’une pratique sportive en toute sécurité » . Une étude de vulnérabilité des sports d’hiver face au changement climatique devra par exemple être menée. 

Surtout, concernant les collectivités, le ministère annonce que les aides apportées par l'État, via l'ANS ou pour les GESI, ou par les collectivités, seront à l’avenir éco-conditionnées. Seront instaurés des critères de résilience au changement climatique et de sobriété. Par exemple, les financements du plan « 5 000 terrains de sport – Génération 2024 »  de l’ANS seront concernés. « Depuis 2022, les subventions allouées par l’État aux grands évènements sportifs internationaux sont assujetties à la signature de la charte des 15 engagements écoresponsables des organisateurs d’évènements », rappelle le ministère qui compte s’inspirer de cette pratique. L’objectif est que 30 % des subventions soient éco conditionnées en 2025, 60 % en 2027 et 100 % en 2030. Le ministère précise que « pour être fructueuse, cette éco-conditionnalité devra être associée à une politique de formation et d'accompagnement des acteurs pour s'assurer qu'ils « peuvent faire ». L’AMF souligne que les communes prennent déjà en compte la performance environnementale pour leurs projets d’infrastructures sportives. L’enjeu réside plutôt dans le renforcement de l’accompagnement de l’Etat face à des projets plus lourds en investissement.

Le ministère prévoit également de concevoir et déployer, pour les décideurs du sport et les sportifs de haut niveau, « un programme commun de sensibilisation et de formation aux enjeux d’adaptation au changement climatique »  inspiré du dispositif « Mon parcours transition écologique »  conçu pour les cadres supérieurs de l’État. Ce programme sera conçu fin 2025.

Le plan prévoit également d’ici 2030 de « pérenniser, au sein de chaque fédération ou dans le cadre de grands évènements sportifs accompagnés par l’État, des recommandations et des règles de pratiques « adaptées »  lorsque les conditions climatiques et les ressources minimales nécessaires pour pouvoir assurer les pratiques en toute sécurité ne sont pas réunies. »  Comme l’AMF le demandait, un axe de travail sur les calendriers et saisons sportives est intégrée au PNACC afin d’éviter la sursollicitation des terrains de grands jeux notamment.  L’objectif est de déployer cette mesure dans 20 % des fédérations en 2025, 50 % en 2027 et 100 % en 2030. Par ailleurs, des solutions d’accompagnement d’évolution des métiers vulnérables au changement climatique devront être mises en place et un suivi de la mise en œuvre de ce plan devra être assuré. 

Consulter le rapport sur le PNACC. 

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