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Édition du mercredi 6 octobre 2021
Social

Le niveau de vie a « nettement augmenté » en France, selon l'Insee... avant le covid-19

L'Insee a publié hier son étude annuelle sur le niveau de vie des Français, portant sur l'année 2019. Entre la crise des Gilets jaunes et l'épidémie, le niveau de vie a connu une certaine embellie, qui devrait hélas être annihilée par la pandémie. 

Par Franck Lemarc

Le niveau de vie médian de la population française a augmenté de 2,6 % en 2019, ce qui constitue « la plus forte progression depuis le début des années 2000 », a calculé l’Insee. En cause : une diminution du chômage, un certain « dynamisme »  des salaires et les effets des mesures de soutien du pouvoir d’achat prises par l’État à la suite du mouvement des Gilets jaunes. 

Les chiffres

En 2019, le niveau de vie médian des Français s’est établi à 22 040 euros annuels (ce qui signifie que la moitié des ménages gagnent moins et l’autre moitié gagne plus), selon l’étude annuelle de l’Insee. Cela correspond à un revenu de 1837 euros par mois pour une personne seule et 3 857 euros par mois pour un couple avec deux enfants. Le niveau de vie, qui a très fortement chuté dans la foulée de la crise de 2008, a connu une embellie en 2013, avant de chuter à nouveau, puis de se redresser depuis 2016. 

Il est à noter qu’en 2019 la progression a été « plus marquée pour les 50 % de ménages les moins aisés », qui ont notamment bénéficié de la baisse du chômage. Le niveau de vie des 10 % de ménages plus modestes a augmenté de 2,8 %, mais reste dramatiquement bas à 11 660 euros par an. À l’autre extrémité du prisme, les 10 % les plus aisés des ménages français sont ceux qui touchent plus de 39 990 euros par an. 

Conséquence logique de cette évolution : le taux d’inégalité a diminué en 2019 : « Les revenus financiers connaissent un contrecoup, tandis que l’amélioration de la conjoncture du marché du travail et les réformes socio-fiscales favorisent davantage les ménages intermédiaires et les plus modestes », écrit l’Insee. Le taux de pauvreté, qui mesure « la part de personnes pauvres dans la population », a également diminué en 2019, s’établissant à 14,6 % - ce qui veut tout de même dire que presque une personne sur sept dans le pays est « pauvre ». La moitié des personnes pauvres a un revenu inférieur à 885 euros par mois.

Le principal point noir de cette année 2019 a concerné les retraités, chez qui le taux de pauvreté a augmenté : n’étant touchés ni par la baisse du chômage ni par la hausse des salaires, les retraités ont été pénalisés « par la non-revalorisation des pensions versées par le régime général »  et la baisse des APL. Le taux de pauvreté des retraités a augmenté de 0,8 % en 2019. 

Mesures d’urgence

Outre la baisse du chômage, qui implique mécaniquement un certain dynamisme des salaires, l’année 2019 a été marquée par des décisions politiques répondant au mouvement des Gilets jaunes, et ce sont ces mesures qui sont pour beaucoup dans la hausse plus dynamique du niveau de vie que les années précédentes. La prime d’activité, rappelons-le, a été élargie (18 % des ménages en ont profité en 2019 contre 13 % l’année précédente) et son montant a été revalorisé.

Par ailleurs, le gouvernement a décidé d’encourager les employeurs au versement d’une prime (prime exceptionnelle de pouvoir d’achat ou Pepa, plus communément appelée la « prime Macron » ), exonérée de cotisations patronales et sociales et d’impôts. Environ 22 % des travailleurs auraient bénéficié de la Pepa, pour un gain moyen de revenus de 410 euros. 

Le gouvernement a également rétabli l’exonération de cotisation et d’impôts des heures supplémentaires. Ce dispositif a profité à environ 40 % des salariés, entraînant une hausse de revenus moyenne de 1 150 euros par an. 

Et maintenant ?

Mais ça, c’était avant. Avant l’épidémie, avant l’explosion du chômage en 2020, avant les confinements et les fermetures totales ou partielles de très nombreux secteurs de l’économie. Il est évident que les bons chiffres de 2019 ne seront pas reconduits en 2020 et sans doute pas non plus en 2021 : malgré les mesures de protection mises en place par le gouvernement et malgré le « quoi qu’il en coûte », il ne fait aucun doute que le niveau de vie va repartir à la baisse en 2020 et 2021, ne serait-ce que du fait des millions des salariés qui ont été au chômage partiel pendant cette période, avec à la clé une diminution des salaires de 16 % au plus fort de la crise, et même de 28 % depuis le mois de septembre. 

Les conséquences chiffrées de cette situation pour 2020 seront connues, de façon consolidée, à la fin de l’année prochaine. 

Accéder à l’étude de l’Insee.

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