Dans un contexte budgétaire tendu, les acteurs de l'économie sociale et solidaire redoutent un « plan social d'envergure » dès la fin de l'année
Par A.W.
La ponction subie par les collectivités dans le budget 2025 entraînera-t-elle « un effondrement de l’emploi local et des services essentiels à la population » ? C’est en tout ce que redoute l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) qui a lancé, vendredi, un appel à « un dialogue urgent » avec les collectivités territoriales.
« Plan social à bas bruit »
Craignant « un plan social à bas bruit » mais « d’envergure dès le second semestre 2025 », l’Udes vient d’envoyer un courrier aux principales associations d’élus (AMF, Intercommunalités de France, France urbaine, Départements de France et Régions de France), dont le but est d’organiser un « tour de table » avec les acteurs du secteur au moment même où les collectivités sont en train de mettre au point leurs budgets. Reconnaissant que « la situation est complexe », elle appelle aussi les ministères à se joindre à ce travail.
L’un des objectifs est d’identifier « des solutions de financement » car l’Udes redoute « des coupes drastiques » et est préoccupée par « un effet en cascade », après les choix très médiatisés de la région Pays de la Loire de réduire « drastiquement » certaines de ses subventions.
« La région a réduit son budget dédié aux associations culturelles et sportives de 66 %, mais aussi aux associations à vocation sociale, avec pour conséquences des licenciements, des suppressions de permanences d’accompagnement, l’arrêt de programmes et pour de nombreuses structures, le risque de basculer dans des difficultés financières critiques. Sans compter un effet domino important en raison des cofinancements », a ainsi détaillé Corinne Langlais, la déléguée régionale adjointe de l’Udes en Pays de la Loire.
L’organisation patronale rappelle également l’impact sur le secteur de la baisse de 17 % des crédits de la mission « travail et emploi » au sein du budget 2025. Elle estime ainsi que 186 000 emplois sont menacés en raison des coupes budgétaires instaurées dans la loi de finances 2025, et dont les collectivités vont pâtir cette année.
Aggravation des fractures sociales
Pour rappel, ces dernières vont devoir endurer une ponction de 2,2 milliards d’euros sur leurs recettes au travers du gel de la TVA et de la mise en place d’un dispositif de mise en réserve d'un milliard d’euros, appelé Dilico.
À cet effort, il faut ajouter la baisse du Fonds vert qui passe de 2,5 milliards à 1,15 milliard d’euros, mais aussi la hausse imposée sur les cotisations employeurs à la caisse de retraite des agents hospitaliers et des collectivités locales (CNRACL) – qui pèsera plus d'un milliard d'euros sur les budgets locaux – et d'autres réductions de crédits, comme celles sur les opérateurs de l'Etat qui participent aux investissements locaux.
L’Udes alerte donc sur « un risque de choc social important à partir du second semestre de l’année en cours et du premier semestre 2026, si aucune action corrective n’est engagée ». Un choc qui toucherait tous les emplois de proximité, qu’elle rappelle « non délocalisables » et « qui répondent aux besoins essentiels de la population, créent de l’activité économique et bénéficient à tous, [notamment aux] publics aux ressources limitées ».
Toutes les associations risquent d’être touchées, selon le président de l’Udes, David Cluzeau : « Les associations d’insertion, de formation professionnelle, les crèches, l’aide à domicile, la culture, le médico-social, le sport, l’éducation, les colonies de vacances… »
« Lorsqu’une collectivité ou l’État met un euro de moins, ce n’est pas qu’un euro qui va manquer à l’économie sociale et solidaire, mais plutôt 2, 3 ou 4 euros selon les territoires puisque cela affaiblit la capacité à pouvoir aller chercher des cofinancements et d’avoir un modèle économique qui soit consolidé par l’intervention de plusieurs sources de revenus », a détaillé le président de l’Udes, lors d’une conférence de presse.
Il met donc en garde contre « des licenciements, des PSE, des non-renouvellements de contrats », mais aussi « des liquidations judiciaires ». Selon lui, ce sont « 4 % des structures qui n’excluent pas de mettre la clef sous la porte dès cette année », ce qui représente environ « 1 000 entreprises qui pourraient fermer cette année » avec les conséquences que l’on peut imaginer sur « plusieurs milliers de salariés ». Mais aussi sur « les services rendus à la population, en matière d’accueil de loisirs, d’écoles de musique ou autres ».
« Sans mesures d’accompagnement adaptées », la réduction des financements d’une partie de l’économie sociale et solidaire « aggravera les fractures sociales et économiques déjà présentes dans notre pays », prévient l’Union.
« La co-construction de solutions entendables est une urgence. Il s’agit de travailler ensemble pour préserver l’emploi dans [un secteur] qui représente 2,7 millions de salariés et de garantir la continuité des services essentiels à la cohésion sociale, territoriale et économique, notamment pour les publics fragiles », a souligné David Cluzeau.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2

La part individuelle du Pass culture divisée par deux
La Réunion lourdement frappée par le cyclone Garance
L'ascenseur social plus performant dans la fonction publique que dans le privé
Exemption de TVA : l'abaissement du seuil à nouveau reporté jusqu'au 1er juin
