Plus de 150 000 armes remises au gouvernement en huit jours
Par Lucile Bonnin
Huit jours pour déposer les armes sans risque de poursuites. Voilà ce qui a été proposé aux citoyens sur tout le territoire métropolitain et dans quelques villes d’outre-mer. Dans un communiqué de presse publié vendredi, le ministère de l’Intérieur se félicite du succès de l’opération.
Dès les 3 premiers jours 21 000 armes et près de 600 000 munitions ont été abandonnées. Vendredi, le bilan provisoire du gouvernement indiquait que plus de 150 000 armes, dont 140 000 armes à feu, ont été abandonnées. Ces dernières ont été déposées dans des sites spécialement ouverts (baptisés armodromes) (lire Maire info du 14 novembre).
Dans ces points de collectes, souvent installés dans les gendarmeries, il était également possible de faire enregistrer dans le système d’information sur les armes (SIA) une arme non déclarée. Ainsi, 50 000 armes ont été nouvellement enregistrées.
« 200 000 armes sorties de la clandestinité »
Au total, près de 200 000 armes sont sorties de la clandestinité selon le ministère de l’Intérieur qui indique également que, pendant ces quelques jours, 4 millions de munitions et projectiles ont été récupérés par l’État.
Ce succès national connaît des disparités territoriales. Comme le ministère l’observe, les départements de la Gironde, du Nord, du Finistère, du Pas-de-Calais et du Morbihan sont ceux dans lesquels le plus d’armes ont été déposées.
Pour rappel, l’État avait mis en place environ 300 points de collecte. La Gironde, où environ 5 000 armes ont été rendues, comptait 6 armodromes dans les communes d’Arcachon, Blaye, Langon, Libourne, Lesparre-Médoc et Bordeaux.
Même dans les départements où il y avait moins de points de collecte, les détenteurs d’armes non déclarées se sont manifestés en grand nombre. Dans la Somme par exemple, où trois points de collecte ont été ouverts, 1 200 armes ont été récupérées ce qui représente « deux fois plus qu'en une année dans le département » en termes de dépôt d’armes non déclarées.
D’autres territoires ont créé la surprise comme par exemple la Corse où huit points de collectes ont pourtant été ouverts. Selon le journal Corse matin, 268 armes ont été déposées dans l’île, ce qui représente « un chiffre en retrait par rapport à la moyenne nationale ».
Accompagnement et simplicité
Absence de poursuites, facilité et rapidité de la procédure, proximité des points de dépôts : les avantages de l’opération ont visiblement été appréciés par les citoyens. « 5 000 agents de préfecture, fonctionnaires de police et militaires de la gendarmerie » ont accompagné les particuliers dans cette démarche.
Des collectes à domicile ont aussi été réalisées pour les personnes à mobilité réduite ou dans le cadre d'armes délicates à transporter. Dans les départements de Paris et de petite couronne, un numéro vert a été mis en place pour permettre la collecte des armes à domicile sur rendez-vous, pour éviter que trop d'armes circulent en ville ou dans les transports en commun. L’opération a d’ailleurs été prolongée dans ces départements jusqu’à demain.
« Cette action répondait à un fort besoin des usagers, notamment pour ceux ayant acquis des armées par héritage », peut-on lire dans le communiqué de presse. Il n’en reste pas moins que certains propriétaires d’armes restent réticents à l’idée de « déposer les armes » soit par tradition familiale soit par méfiance vis-à-vis de l’État.
Les pouvoirs publics estiment que 2 millions d'armes sont détenues sans être déclarées, ce qui reste colossal même après la régularisation de 200 000 armes.
Des perspectives pour 2023
Les efforts sont à poursuivre. « Fort de cette dynamique » , le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a décidé « d’engager une réforme de la procédure d’abandon d’armes à l’État » pour la simplifier.
Pour cela, une expérimentation va être menée dans 5 départements dès le premier trimestre 2023. Il n’est pas encore précisé si cette expérimentation suivra exactement le modèle de cette opération qui avait pour avantage premier d'éviter tout risque de poursuites.
Une nouvelle opération de ce type va aussi être organisée. « À l’issue du déploiement du système d’information sur les armes à l’ensemble des publics concernés (détenteurs d’armes particuliers, associatifs et métiers) prévu fin 2023, une nouvelle opération de ce type sera organisée » , peut-on lire dans le communiqué.
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