Plus d'un tiers des Français vit avec moins de 100 euros dès le 10 du mois, selon une étude de l'Ifop
Par F.L et L.B
L’inflation a une incidence directe sur le pouvoir d’achat des Français et par conséquent sur leur quotidien. C’est notamment ce que montre une étude réalisée par l'Ifop sur les effets de l'inflation sur la vie des Français, étude réalisée pour le site MonPetitForfait.
Troubles psychologiques, difficultés pour se nourrir ou se soigner, baisse significative du pouvoir d’achat, problèmes pour payer les charges à temps… L’étude s’intéresse à « la face cachée de l’inflation » et dresse un tableau inquiétant de la précarité financière qui touche un nombre croissant de foyers français.
L’enquête a été menée en mai dernier auprès d’un échantillon de 1 525 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Elle a été commandée à l’occasion de la mise en application, au 1er juin, de la loi permettant de résilier un abonnement « en trois clics », ce qui est censé permettre à des ménages modestes de réduire leurs dépenses en résiliant facilement des abonnements trop coûteux ou inutiles.
Impact sur les plus modestes
L’étude de l’Ifop consiste d’abord à interroger les sondés sur leurs « niveau de revenu mensuel ». Il est précisé que ce niveau de revenu est calculé par ménage. C’est ce que l’Insee appelle le « revenu par unité de consommation » : le revenu global du foyer est pondéré « en fonction du nombre et de l’âge des personnes qui le composent » (une unité de consommation ou UC pour le premier adulte du ménage, 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans et plus, 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans). Il a été demandé aux sondés de donner le montant mensuel net des ressources du ménage (salaires et traitements, allocations, pensions, rentes, revenus de placement, etc.).
Le sondage montre qu’une majorité de Français estime aujourd’hui « s’en sortir difficilement » , y compris avec des revenus individuels compris entre 2 000 et 3 000 euros par mois – même dans cette tranche, 55 % des sondés estiment s’en sortir « difficilement ou très difficilement » , ce qui donne une idée de l’ampleur des conséquences de l’inflation. Logiquement, pour les personnes ayant des revenus beaucoup plus bas (moins de 1000 euros), ce chiffre monte à 91 %.
L’un des enseignements les plus sombres de cette enquête est la proportion de Français dont le « reste à vivre », c’est-à-dire la somme qui leur reste une fois payées toutes les charges contraintes, est inférieur à 100 euros. À la question « Généralement, combien vous reste-t-il sur votre compte en banque au 10 du mois » , 31 % des sondés répondent « moins de 100 euros » (pour 10 %, c’est moins de 50 euros et pour 10 %, « rien » ).
Autre chiffre préoccupant, le défaut de paiement des charges liées au logement (loyer, remboursement d’emprunt, énergie) est « en hausse significative » sur deux ans : 34 % des personnes interrogées disent ne pas toujours être en mesure de payer ces charges à temps – ce chiffre était de 29 % en 2021. Ces données recoupent les constats des élus et des bailleurs sociaux, qui font face ces derniers mois à une augmentation tangible des impayés de loyer.
Une inflation durement ressentie
La crise inflationniste « oblige la majorité des Français » à réduire leurs dépenses, voire « à se serrer la ceinture », indique l’Ifop. Les deux tiers des sondés estiment que leur pouvoir d’achat a diminué au cours de 12 derniers mois. Le constat de l’inflation est unanime : 94 % des sondés ressentent une augmentation forte ou très forte des prix des produits alimentaires, 93 % sur l’essence et sur l’énergie… Résultat : sur l’année passée, « six Français sur dix ont réduit leur budget alimentaire pour des raisons financières, soit une proportion doublée par rapport à 2007 ».
Outre les dépenses alimentaires, ont été également réduites, chez les trois quarts des répondants, les sorties ; 68 % des répondants ont réduit les dépenses liées aux vacances.
On découvre également dans cette enquête que 43 % des personnes interrogées renoncent « régulièrement » à chauffer leur logement et même que 28 % « sautent régulièrement un repas » pour des raisons financières.
Conséquences psychologiques
L’enquête aborde également la question des conséquences de cette situation sur la santé physique et psychologique des Français. L’Ifop montre que 31 % des sondés renoncent régulièrement à des soins médicaux et 33 % à des soins dentaires. Sur le plan psychologique, l’accroissement des difficultés financières a des conséquences tangibles : parmi les personnes qui disent vivre « très difficilement » de leurs revenus, 59 % présentent des troubles du sommeil, 54 % traversent des épisodes d’anxiété et de stress, 31 % sont touchés par des épisodes de dépression et 16 % ont eu des idées suicidaires.
Les chiffres sont encore plus inquiétants pour ceux qui n’arrivent pas à payer les charges liées à leur logement : 62 % d’entre eux ont été victimes de stress et d’anxiété ces 12 derniers mois, et 21 % ont pensé au suicide.
Dans ces circonstances, il n’est guère étonnant qu’une très large majorité des sondés (73 %) estime que « le gouvernement n’en fait pas assez pour lutter contre la hausse des prix » . Les effets du « trimestre anti-inflation » lancé par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire (lire Maire info du 6 mars), se font, manifestement, peu sentir. Ce mois-ci, l’inflation sur les prix alimentaires a certes un peu ralenti, mais cela ne signifie pas que les prix baissent – ils augmentent simplement un peu moins vite. Face à cette situation, Bruno Le Maire a choisi, hier, de hausser le ton, en dénonçant « les industriels qui jouent la montre et ne vont pas assez vite » . Il a menacé, avant la fin du mois de juin, de « publier la liste de tous les industriels de l’agro-alimentaire qui ont refusé de revenir à la table des négociations et qui n'ont pas voulu faire baisser les prix de détail alors que les prix de gros baissent » .
Accéder aux résultats sur le site MonPetitForfait.
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