Emmanuel Macron annonce des mesures pour aider les petites communes à entretenir les édifices religieux
Par Franck Lemarc
« Les milliers d’édifices religieux font l’orgueil de nos campagnes et de nos petites villes », a déclaré hier Emmanuel Macron devant l’un des plus célèbres d’entre eux, le Mont-Saint-Michel. Mais il y a un gouffre entre ce site, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, et qui a fait l’objet de 32 millions d’euros de travaux entièrement financés par l’État ces dernières années, et les milliers de petites églises de campagne, dont l’entretien est souvent insuffisant et qui, dans certains cas, tombent en ruine.
Le chef de l’État a donc annoncé plusieurs mesures pour « mieux venir en aide aux édifices des communes de moins de 10 000 habitants en situation financière difficile ».
Rapport sénatorial
Ces déclarations du président de la République viennent en réponse au récent rapport publié par le Sénat, dans le cadre d’une mission pilotée par Pierre Ouzoulias et Anne Ventalon, intitulé Patrimoine religieux en péril, la messe n'est pas dite.
Ce rapport rappelle que quelque 40 000 édifices religieux sont la propriété des communes, dont seulement 15 000 sont protégés au titre des monuments historiques. La baisse de la fréquentation de ces sites, « les contraintes budgétaires accrues des communes », « le développement des intercommunalités » , sont autant de facteurs, selon le Sénat, qui font craindre « une dégradation rapide » de ce patrimoine. 2 500 à 5 000 de ces édifices seraient menacés d’être « vendus, abandonnés ou détruits » , ce qui constitue « un défi sociétal pour les territoires ruraux ».
Les maires, notent les sénateurs, sont souvent « démunis » face à cette situation, du fait d’abord de relations « parfois conflictuelles avec le curé affectataire ou les fidèles » , mais également à cause de problèmes financiers, « la charge de l’entretien des édifices cultuels (étant) de plus en plus disproportionnée au regard des budgets disponibles » . Les sénateurs pointent également « le déficit d’ingénierie » dans les petites communes, les services de l’État n’étant « plus en mesure d’assurer un service d’assistance à maîtrise d’ouvrage ».
Dans cette situation, le Sénat fait un certain nombre de propositions, dont en premier lieu la réalisation d’un inventaire « permettant de disposer d’une cartographie précise de patrimoine » , ce que les sénateurs qualifient de « préalable à toute politique de protection ». Il est par ailleurs proposé dans le rapport de mettre l’accent sur les bâtiments des 19e et 20e siècles, les moins protégés à l’heure actuelle.
Inventaire et classement
Ces propositions semblent validées par l’Élysée, puisque le chef de l’État a annoncé, hier, lancer un « état des lieux précis » du patrimoine religieux, notamment destiné à inventorier les édifices des communes de moins de 10 000 habitants. Emmanuel Macron a demandé au ministère de la Culture de lui présenter, d’ici au mois de septembre, des mesures permettant de venir en aide aux petites communes « en situation financière difficile ». En outre, conformément à la demande des sénateurs, « le ministère de la Culture engagera une campagne d’inscription ou de classement au titre des monuments historiques des édifices cultuels construits notamment au 19e et au 20e siècles, dont l’intérêt patrimonial le justifierait, au regard d’un ensemble de critères historiques, artistiques, scientifiques et techniques ».
Le chef de l’État n’a pas donné d’autres précisions, ni sur l’éventuel montant des aides financières qui pourraient être débloquées, ni sur la question cruciale de l’ingénierie. Le Sénat, en la matière, avait proposé que les CAUE (conseils d’architecture, d’urbanisme et d’environnement) soient « les interlocuteurs privilégiés des communes sur les questions liées au devenir de leur patrimoine religieux » . Au passage, les sénateurs ont rappelé que sept départements (Alpes-de-Haute-Provence, Ardennes, Aube, Ille-et-Vilaine, Loire, Marne, Territoire de Belfort) n’ont toujours pas de CAUE, près de … cinquante ans après la loi qui les a rendus obligatoires dans chaque département ! « Leur mise en place doit faire figure de priorité », estiment les sénateurs.
Emmanuel Macron a enfin annoncé, hier, qu’une « souscription dédiée » , de type Loto du patrimoine, va être lancée sur ce sujet.
La question de la préservation du patrimoine religieux a été débattue lors de la dernière commission Culture de l’AMF le 17 avril 2023, en présence du sénateur Pierre Ouzoulias et de la Fondation du Patrimoine. L'occasion pour l'association de rappeler l'impérieux besoin d’accompagnement des communes.
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