Seulement 43 % des cours d'eau en France sont en bon état écologique, selon WWF
Par Lucile Bonnin
« L’état écologique de nos rivières est alarmant. » C’est ce qu’indique Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France, dans son éditorial publié en exergue de l’état des lieux de la biodiversité dans les eaux françaises. Elle rappelle que « les cours d’eau remplissent des fonctions écologiques insoupçonnées en servant d’habitat et de couloir de migration aux espèces terrestres et aquatiques, en régulant les crues et la température ou en contribuant à l’épuration des eaux et la recharge des nappes phréatiques ».
Dans ce bilan inédit publié il y a quelques jours par l’ONG WWF, les auteurs soulignent que la France est bien loin d’atteindre l'objectif fixé par la directive-cadre sur l'eau. Cette dernière prévoit d’atteindre un bon état écologique pour 100 % de eaux française à l'horizon 2027 – une ambition qui était initialement fixée à 2015.
Détérioration des ruisseaux ruraux
« Pour la première fois, le WWF France publie l’Indice rivières vivantes (IRV) qui mesure l’évolution de l’état de la biodiversité des rivières françaises » et c’est cette information principale qui inquiète particulièrement l’ONG. Cet indice « permet d’agréger et de synthétiser un ensemble de données disponibles, mais jusque-là jamais utilisé pour calculer une évolution d’ensemble de la biodiversité, mêlant diverses espèces de poissons et d’oiseaux ».
Résultat, depuis 2021, le nombre d’individus des populations de poissons et d’oiseaux observés en rivière a diminué en moyenne de 0,4 %. Si cette régression peut paraître minime, elle cache en réalité des conséquences lourdes. « Le grèbe huppé et la truite des rivières, deux espèces emblématiques des écosystèmes d’eau douce illustrent ce déclin de la vie sauvage dans nos rivières » : leurs populations ont baissé respectivement de 91 % et 44 % en 20 ans.
En outre, « seulement 43,1 % des eaux étaient en bon état écologique en 2019 et seuls 44,7 % présentaient un bon état chimique » . Et les facteurs de dégradation des cours d’eau sont multiples : endiguements, prélèvement excessifs, apports diffus de pesticides/phosphates et nitrates, barrages, rejets de micropolluants ou encore prolifération d’espèces exotiques envahissantes...
Par ailleurs, les auteurs du rapport soulignent que ce sont surtout les petites rivières qui subissent le plus d’agressions, « et plus encore la partie amont des bassins versants » . Concrètement, « l’eau qui coule dans les fleuves est plus propre aujourd’hui » car elle a fait « l’objet d’une grande attention liée aux investissements des collectivités et des industries, notamment en construisant des stations d’épuration et des réseaux d’assainissement, en améliorant des processus industriels ou par le changement de pratiques (ex : diminution des phosphates dans les lessives, des produits chimiques en industries ...) » . Au contraire, « les milliers de kilomètres de petits cours d’eau qui faisaient la biodiversité ordinaire de la France voient leur qualité écologique continuer de se dégrader ».
Des efforts insuffisants
Les dépenses de la politique de l’eau en France sont « importantes » . « Les dépenses annuelles de la politique de l’eau en France sont estimées aux alentours de 25 milliards d’euros par an soit 500 milliards sur 20 ans ». Seulement, force est de constater qu’elles « n’ont pas suffi à contrebalancer l’ensemble des atteintes à l’environnement, bien que les acteurs locaux se mobilisent sur le terrain et tentent avec leurs outils et leurs moyens d’améliorer la situation ».
Selon WWF, « pour améliorer l’état quantitatif et qualitatif de la ressource en eau », deux priorités sont à suivre : préserver les zones humides et renforcer la résilience du cycle de l’eau. L’ONG préconise de « systématiser la protection des zones humides et leur déclinaison dans les documents de planification territoriaux, tels que les schémas de cohérence territoriale (SCoT) ou plans d’urbanisme (PLUi), au regard de la faiblesse de leur prise en compte dans ces outils de planification » . Autre recommandation : « L’État doit encourager financièrement l’acquisition foncière de zones humides par les collectivités, ce qui demeure le meilleur moyen de les préserver. Comme lors du Grenelle de l’environnement, l’État doit pouvoir se fixer un objectif d’acquisition (20 000 hectares de zones humides à l’époque) ».
L’ONG demande aussi de « favoriser une agriculture économe en eau, en accompagnant le ralentissement du cycle de l’eau pour favoriser la résistance aux sécheresses et inondations et accroître la résilience des usages de l’eau ». Une recommandation du rapport porte sur la réévaluation de la fiscalité de l'eau pour appliquer le principe pollueur-payeur face aux impacts des pollutions agricoles sur les cours d’eau. L’ONG attend enfin des pouvoirs publics qu’ils « réaffirment l’objectif français de préserver et de restaurer 25 000 km de cours d’eau et leur continuité à l’horizon 2030 ».
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