Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 28 mars 2022
Services publics

4 Français sur 5 font confiance au secteur public local

Le cinquième baromètre Ipsos-AATF confirme l'attachement des Français - mais aussi des fonctionnaires territoriaux - à l'action des collectivités locales. Un pic de satisfaction a été enregistré au plus fort de la crise sanitaire.

Par Emmanuelle Quémard

Alors que le rôle des services publics est au cœur des débats de la campagne présidentielle, les Français plébiscitent le secteur public local et témoignent d’une très large confiance aux fonctionnaires qui l’incarnent. C’est ce que confirme le cinquième baromètre Ipsos-AATF (Association des administrateurs territoriaux de France) publié le 24 mars.

Basé sur un questionnaire en ligne soumis à 1 000 personnes (représentatives du grand public) et à 500 fonctionnaires territoriaux, ce sondage montre également qu’une très grande proportion des répondants (79 % du grand public et 89 % des fonctionnaires territoriaux) fait aujourd’hui davantage confiance aux collectivités qu’à l’État pour organiser les services publics dans les territoires où ils vivent. L’efficacité des acteurs publics de proximité a d’ailleurs été particulièrement appréciée au plus fort de la crise sanitaire. 70 % des Français estiment que les structures territoriales ont joué un rôle positif pendant cette séquence. À noter que si les hôpitaux obtiennent logiquement un score de satisfaction encore plus élevé (82 %), l’action menée par les communes, les intercommunalités, les départements et les régions recueille une approbation nettement supérieure à celle conduite par les préfectures (22 %) et les ministères (19 %).

 « Dans une période où se succèdent les chocs et les crises traumatiques, il y a besoin de pouvoir s’appuyer sur des points d’ancrage, des pôles de stabilité comme le sont les collectivités locales et de pouvoir capitaliser sur la confiance qu’elles inspirent » , observe Fabien Tastet, président de l’AATF.

Un service jugé satisfaisant malgré un sentiment de dégradation de la qualité des prestations

Dans le détail, le grand public et les agents territoriaux se disent à 77 % « plutôt satisfaits »  des services rendus par les collectivités à la population. Une opinion quasiment stable depuis 2017, mais qui laisse néanmoins transparaître une montée du sentiment de détérioration de la qualité des prestations fournies par les entités territoriales. 44 % du grand public et 47 % des fonctionnaires déclarent, en effet, percevoir une dégradation de la qualité de l’action publique locale. Interrogés sur les postes qui nécessiteraient une augmentation des dépenses des collectivités, les deux échantillons se prononcent d’une même voix pour l’attribution de moyens accrus à la santé (77 % pour le grand public et 69 % pour les territoriaux) devant le fonctionnement des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (73 % et 69 %). Un effort budgétaire spécifique en faveur des pompiers est souhaité par le grand public (59 %) tandis que les agents de la territoriale appellent de leurs vœux une augmentation des moyens alloués aux dispositifs d'économie d'énergie et de transition écologique (65 %).

Autre indication révélée par le baromètre Ipsos-AATF : 63 % des Français et 66 % des territoriaux partagent une même volonté de conserver le système actuel de financement de l’action des collectivités par l’impôt plutôt que d’envisager un dispositif basé sur la facturation aux usagers. Parallèlement, les deux groupes de répondants souhaitent que l’État accorde davantage de responsabilités aux collectivités, prioritairement en ce qui concerne la gestion des transports, la santé, le logement, la police et la transition écologique.

Un besoin de réformer les politiques publiques locales

Par ailleurs, les Français dans leur ensemble, comme les agents de la territoriale, réclament des changements profonds en matière de politiques publiques locales. Ainsi, pour 91 % des deux groupes de répondants, il s’agirait en priorité de lutter contre les déserts médicaux en favorisant l’installation de nouveaux médecins dans les zones à faible densité médicale. Les dispositifs déjà existants – aide à l'installation des médecins en zones sous-dotées, etc. – apparaissent donc manifestement insuffisants aux répondants.

Autre réforme très attendue (par 88 % des citoyens et 89 % des territoriaux) : la possibilité pour une collectivité d’adapter à son contexte local certaines règlementations décidées à l’échelle nationale. Enfin, 86 % des administrés se prononcent en faveur du renforcement du contrôle des politiques publiques par des audits citoyens tandis que 88 % des fonctionnaires territoriaux souhaitent maintenir une présence humaine dans les lieux d’accueil des services publics et donc interdire le 100 % dématérialisé.

Enfin, le baromètre Ipsos-AATF met en exergue les attentes des usagers et des agents des collectivités dans le cadre des réformes qui devraient voir le jour pendant le prochain quinquennat. La mise en place du suffrage universel direct pour élire les représentants de la population à l'échelle intercommunale et l’instauration d’un nouveau mode de calcul du temps de travail en fonction des différentes étapes de la vie constituent, par exemple, des priorités citées par les répondants. 

Le sondage met également en lumière des revendications portant plus précisément sur la mission des élus locaux. Selon les répondants, il y a urgence à mieux les protéger face aux menaces et aux incivilités (85 % du grand public et 80 % des fonctionnaires territoriaux). L’amélioration de la rémunération des élus (accompagnée d’une diminution de leur nombre) et la réduction du risque pénal encouru par les élus dans l'exercice de leur mandat font partie des mesures les plus attendues. 

L’AATF s’invite dans l’élection présidentielle

En contrepoint des principales revendications exprimées par les usagers et les agents territoriaux dans le cadre du baromètre, l’AATF a rendu publiques ses propres propositions pour l’élection présidentielle. Qualifiées « d’audacieuses et iconoclastes »  par Fabien Tastet, ces 40 propositions s’appuient d’abord sur la volonté de renforcer les pouvoirs de proximité « notamment par la reconnaissance d’un pouvoir réglementaire et d’un droit de subsidiarité, sorte de clause générale de compétence du 21e siècle » . L’AATF préconise également de poursuivre la réforme de l’État et de permettre aux collectivités de disposer d’outils et de moyens élargis « comme la possibilité de collecter directement l’épargne des Français à travers un livret dédié » . Le réseau professionnel des hauts fonctionnaires territoriaux avance également plusieurs propositions concrètes dans les domaines de la santé publique, du numérique ou de la démocratisation de la vie publique, avec notamment la création d’un référendum d’initiative citoyenne et l’élection au suffrage universel direct des représentants des intercommunalités.

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