Séisme au Maroc : les collectivités se mobilisent
Par Franck Lemarc
Le bilan ne cesse de s’alourdir, et s’établit ce matin à 2 122 morts et 2 421 blessés, dont la moitié est dans un état critique selon le gouvernement marocain. Ce bilan est loin d’être définitif, car certains villages frappés de plein fouet sont encore, à cette heure, inaccessibles aux secours.
Infrastructures détruites
C’est dans la nuit de vendredi à samedi que s’est produit ce tremblement de terre dans la région du Haut-Atlas, de magnitude 6,8 à 7,2 selon les différents instituts. C’est le plus grave séisme qui ait touché le Maroc depuis celui qui avait détruit une large partie de la ville d’Agadir, en 1960, faisant plus de 12 000 morts.
Cette fois, ce sont les provinces d’Al Haouz et de Taroudant, au sud-ouest de Marrackech, qui ont été les plus durement touchées, la première comptant à elle seule près de 1 300 morts. Dans les villages de cette région montagneuse, de très nombreuses habitations se sont effondrées et toutes les infrastructures sont détruites. Dans les villes, notamment à Marrakech, les dégâts sont également importants. De nombreuses maisons se sont effondrées, ainsi qu’une partie des remparts de la ville et certains sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco dans la Medina. Une partie de la kasbah (citadelle) d’Agadir est également détruite.
Activation du Faceco
Cette catastrophe a provoqué une émotion particulière en France, qui compte une importante communauté marocaine : les Marocains constituent, selon l’Insee, la deuxième communauté immigrée en France après les Algériens, comptant environ 1,7 million de personnes.
Dès l’annonce de la catastrophe, les associations humanitaires (Fondation de France, Croix rouge, Secours populaire…) ont lancé des appels aux dons qui ont tout de suite été largement suivis. Les collectivités n’ont pas été en reste. Dès samedi matin, l’AMF a appelé « les communes de France à apporter leur concours aux initiatives prises dans l'urgence par les autorités françaises », et annonce qu’elle proposera dans les prochains jours « une action coordonnée de soutien des communes de France aux communes et populations marocaines si gravement touchées par le séisme ». Le Quai d’Orsay a annoncé samedi soir avoir activé le Faceco (Fonds d’action extérieure des collectivités territoriales), un fonds de concours géré par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères qui permet de centraliser les dons des collectivités. Selon le ministère de Catherine Colonna, les promesses de dons des collectivités s’élèveraient déjà à quelque 2 millions d’euros.
Les collectivités qui souhaitent contacter le centre de crise qui gère le Faceco peuvent le faire en écrivant un mail à comptabud209.cdcs@diplomatie.gouv.fr
Plusieurs entreprises ont également contacté le gouvernement pour proposer des contributions « financières ou en nature », précise le Quai d’Orsay. Les opérateurs téléphoniques, en France, ont par exemple annoncé que les appels et SMS vers le Maroc seraient gratuits jusqu’à la fin de la semaine.
Accès limité aux ONG
Si un certain nombre d’ONG ont d’ores et déjà pu envoyer des volontaires au Maroc, dès samedi, les actions plus larges sont pour l’instant suspendues à l’autorisation de l’État marocain. Or cette autorisation n’a, pour l’instant, pas été délivrée. L’association Secouristes sans frontières indiquait par exemple, hier, que ses équipes n’avaient pu prendre l’avion pour se rendre sur place, faute d’accord du gouvernement marocain.
Explications : dans un communiqué publié hier par le ministère de l’Intérieur marocain, les autorités expliquent que « la non-coordination » des équipes d’aide humanitaire « pourrait être contreproductive ». Elles souhaitent donc d’abord se livrer « à une évaluation précise des besoins sur le terrain » avant de répondre aux offres de service venues de très nombreux pays. En attendant, « durant cette phase précise », le Maroc n’a autorisé que quatre pays à intervenir directement sur son sol : l’Espagne, le Qatar, le Royaume-Uni et les Émirats arabes unis. Cette situation, qu’il est difficile de ne pas interpréter comme une décision politique, pourrait toutefois évoluer, précise le communiqué : « Avec l’avancement des opérations d’intervention, l’évaluation des besoins éventuels pourrait évoluer, ce qui permettrait de recourir aux offres de soutien présentées par d’autres pays amis, selon les besoins spécifiques de chaque étape. »
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