Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 18 novembre 2019
Sécurité

L'appel de 50 maires à Emmanuel Macron pour que l'État agisse contre les incivilités et pour le « vivre-ensemble »

De Creil (Oise) à Fameck (Moselle), de Libourne (Gironde) à Tulle (Corrèze), une cinquantaine de maires et trois présidents d’associations d’élus (1) de toute obédience politique poussent « un cri d’alarme ». Dans le JDD, ils « alertent »  le président de la République, Emmanuel Macron, et le Premier ministre, Édouard Philippe, sur « la dégradation du vivre-ensemble »  qui touche leur commune. La « tension sociale », alimentée par « la recrudescence d’incivilités et d’actes délictueux »  et « l’impunité »  de leurs auteurs ne cesserait, selon eux, de gagner du terrain. Les signataires demandent « le retour immédiat de l’action publique concrète de l’État dans [les] territoires »  et par conséquent « plus de moyens humains, matériels et logistiques ». « Il ne revient pas aux maires d’assumer les prérogatives et les responsabilités de l’État », écrivent-ils.
« Confrontés et souvent isolés face aux difficultés auxquelles font face [les] communes en matière de tranquillité publique »  et « sollicités au quotidien par [des] administré(e)s, de plus en plus désemparés », les signataires constatent une « multiplication de dégradations d’une rare violence commises par une minorité agissante qui ne recule plus devant rien, la banalisation de l’économie parallèle, l’omniprésence de rodéos de motos et/ou de voitures troublant en permanence l’ordre public et la quiétude des habitant(e)s, leurs premières victimes ».

Des « actes inqualifiables et injustifiables dans nos rues » 
La liste des faits, évoqués par les élus, est longue : « Équipements publics vandalisés, dégradés et/ou mis hors service, véhicules incendiés, voitures de police et de services de secours caillassées, autobus et/ou rames de tramway transportant des voyageurs cibles de jets de projectiles, policiers, pompiers et toutes les personnes dépositaires de l’autorité publique prises à partie, autant d’exemples d’actes inqualifiables et injustifiables dans nos rues et dans nos quartiers ».
Les élus font référence ici aux « guet-apens »  réguliers dont sont victimes les pompiers (lire Maire info du 16 octobre) et les policiers. En Île-de-France par exemple, les forces de l'ordre ont été, cet automne (Étampes le 21 octobre, Mantes-la-Jolie le 24 octobre, Chanteloup-les-Vignes le 3 novembre…) la cible de tirs de mortiers (gros pétards de feu d'artifice) et de projectiles divers à de multiples reprises, rappelle Le Parisien. Un concours inter-quartiers, lancé sur les réseaux sociaux, serait à l’origine du phénomène, selon des policiers des Yvelines.

« Impunité des délinquants » 
« Cet état de fait (…) laisse pour nos concitoyens le sentiment désespérant d’une société en échec face à la montée en puissance du chacun pour soi et l’impunité des délinquants », écrivent les élus qui déplorent que « les effectifs de police et de gendarmerie déployés en réponse [soient] insuffisants »  et s’inquiètent de « l’évolution des effectifs »  et de la « modification de la carte judiciaire actuellement en discussion dans le cadre de l’examen parlementaire du projet de loi de finances pour 2020 ». À la fin du mois d’octobre, Le Canard Enchaîné publiait un document confidentiel faisant état d’un rapprochement entre le maintien ou la suppression de postes de juges d'instruction et les scores électoraux de La République en marche aux élections municipales de 2020. Interpellée à de multiples reprises par des parlementaires, Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, a reconnu l’existence de ces documents mais « rejeté toute analyse partisane ». « La création de tribunaux judiciaires »  - et leur spécialisation sur certains contentieux – « sera basée sur des critères absolument objectifs ». La commission des lois du Sénat y « veillera ».

Des revendications
La cinquantaine de maires réclament donc « plus de moyens humains, matériels et logistiques »  afin que « les forces de sécurité « soient [notamment] en mesure d’assurer au quotidien la protection des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national »  et de « mener efficacement la lutte sur le terrain contre tous types d’incivilités et tous types de trafics ». Ils souhaitent également « un redéploiement spécifique et pertinent des moyens et des effectifs pour assurer un meilleur maillage territorial et une plus grande réactivité des services sur le terrain y compris au sein, par exemple, de certains commissariats ou de gendarmeries dont les attributions ou les périmètres pourraient être réétudiés et/ou revus en concertation étroite avec les élus sur place »  et « une consultation rapide des élus locaux, par le biais des associations d’élus, dans le cadre de la mise en œuvre du plan de lutte antidrogue qui vient d’être annoncé par le gouvernement ».

Ludovic Galtier

Accéder à la tribune.

(1) Les signataires : Catherine Benedini, maire d'Ailly-sur-Somme (Somme), Gilles Leproust, maire d'Allones (Sarthe), Guy Ferez, maire d'Auxerre (Yonne), Marie-Hélène Amiable, maire de Bagneux (Hauts-de-Seine), Mario Martinet, maire de Berre-L'Etang (Bouches-du-Rhône), Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse (Ain), Ludovic Rochette, maire de Brognon (Côte-d'Or), Jacques Breillat, maire de Castillon-la-Bataille (Gironde), Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), Thierry Falconnet, maire de Chenôve (Côte-d'Or), vice-président de Dijon Métropole, Nicolas Soret, président de la communauté de communes du Jovinien (Yonne) et conseiller départemental de l'Yonne, Christophe Rouillon, maire de Coulaines (Sarthe), Bertrand Pasciuto, maire de Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme), Jean-Claude Villemain, maire de Creil (Oise), François Rebsamen, maire de Dijon (Côte-d'Or) et président de Dijon Métropole, Michel Liebgott, maire de Fameck (Moselle), Bernard Le Dilavrec, maire de Gaillon (Eure), Maurice Lefèvre, maire de Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise), Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Jean-Pierre Blazy, maire de Gonesse (Val-d'Oise) et vice-président de la communauté d'agglomération de Roissy Pays de France, Martial Beyaert, maire de Grande-Synthe (Nord), Philippe Rio, maire de Grigny (Essonne), Michel Vergnier, maire de Guéret (Creuse), André Laignel, maire d'Issoudun (Indre) et premier vice-président délégué de l’AMF, Bernard Moraine, maire de Joigny (Yonne), Thérèse Jousseaume, maire de Langueux (Côtes-d'Armor), Paul Le Bihan, maire de Lannion (Côtes-d'Armor), David Marty, maire du Creusot (Saône-et-Loire), Jean-Marc Nicolle, maire du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), Stéphane Le Foll, maire du Mans (Sarthe), Philippe Buisson, maire de Libourne (Gironde), Mohamed Gnabaly, maire de L'île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), José Almeida, maire de Longvic (Côte-d'Or), Jean Touzeau, maire de Lormont (Gironde), Éric Houlley, maire de Lure (Haute-Saône), Jean-Jacques Chatel, maire de Mainvilliers (Eure-et-Loir), Dominique Gros, maire de Metz (Moselle), Frédéric Vigouroux, maire de Miramas (Bouches-du-Rhône), Michel Billout, maire de Nangis (Seine-et-Marne), Bertrand Kern, maire de Pantin (Seine-Saint-Denis), Rémi Detang, maire de Quétigny (Côte-d'Or), Gérard Allard, maire de Rezé (Loire-Atlantique), Bastien Coriton, maire de Rives-en-Seine (Seine-Maritime) et conseiller départemental de Seine-Maritime, Bertrand Affile, maire de Saint-Herblain (Loire-Atlantique), Patrick Haddad, maire de Sarcelles (Val-d'Oise), André Molino, maire de Septème-les-Vallons (Bouches-du-Rhône), Christian Crohem, maire de Tergnier (Aisne), Marc Goua, maire de Trélazé (Maine-et-Loire), Bernard Combes, maire de Tulle (Corrèze), Pascal Collado, maire de Vernouillet (Yvelines), Jean-Louis Marsac, maire de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), Christophe Bouillon, président de l’Association des petites villes de France, et Marc Vuillemot, président de l’association Ville et Banlieue.
 

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