Le gouvernement annonce un plan de lutte contre la désertification médicale en Centre-Val-de-Loire
Par Franck Lemarc
Le gouvernement a-t-il décidé de traiter la question de la désertification médicale cas par cas ? Il a en tout cas annoncé hier, de façon un peu surprenante, un plan spécifique pour une seule région, Centre-Val-de-Loire. Devant le « constat unanime » dressé « par le gouvernement, les parlementaires et les élus locaux » d’un « manque criant de médecins » dans cette région, le Premier ministre a donc annoncé un certain nombre de mesures, dont l’ampleur n’apparaît finalement pas si massive.
Renforcement de la formation
Selon le communiqué de Matignon, cette région connaît la densité médicale « la plus basse de France », avec 350 médecins pour 100 000 habitants et même, en médecine générale, 98 médecins pour 100 000 habitants contre 124 à l’échelle nationale.
Un habitant sur cinq de la région (soit 500 000 personnes) n’y ont pas de médecin traitant, « y compris dans les grandes agglomérations ». Et 35 % des médecins de la région ayant plus de 60 ans, la situation risque de s’aggraver.
Face à cette situation, le Premier ministre a réuni hier une délégation d’élus, dont des maires de la région, et présenté un « plan d’actions ».
Le premier axe de ce plan est de renforcer la formation, « unanimement reconnue comme sous-dimensionnée » dans la région : « Le Premier ministre a fixé comme objectif le renforcement de la dimension universitaire du site d’Orléans en s’appuyant sur le centre hospitalier régional » ; et plusieurs inspections générales vont être saisies pour étudier « la reconnaissance d’un deuxième site de formation universitaire médicale » dans la région.
Par ailleurs, « dans le but de mieux répartir la formation des étudiants sur le territoire régional », « la première année de médecine (parcours d'accès spécifique santé) de l’université de Tours pourra être suivie sur le site d’Orléans par visio-conférence dès la prochaine rentrée universitaire ». Le nombre d’étudiants admis en deuxième année sera porté à 350 dès cette année.
Par ailleurs, le gouvernement annonce une série de mesures « visant à renforcer immédiatement l’offre de soins dans les territoires de la région ». Une expérimentation va être menée pour « un accès direct aux masseurs-kinésithérapeutes et orthophonistes » – sans passage par le médecin traitant donc –, une augmentation de 25 % du nombre d’infirmiers formés, et, plus vaguement, « le renforcement des hôpitaux de proximité ».
En revanche, aucune mesure d’incitation à l’installation de médecins dans cette région ne figure dans le communiqué du gouvernement.
Malgré les adjectifs employés dans le communiqué de presse, ce plan n’apparaît donc pas si « ambitieux » que le gouvernement l’affiche. Aucune indication n’est donnée sur les moyens financiers qui seront dédiés à ce plan. Et l’on ignore ce que recouvre la demande d’une « réaction forte des collectivités territoriales », incluse dans le communiqué, dans la mesure où le gouvernement refuse obstinément – il l’a encore montré pendant le débat sur la loi 3DS – de donner des compétences supplémentaires aux collectivités en matière de santé.
Enfin, même si la situation apparaît, en effet, particulièrement délétère en Centre-Val-de-Loire, le phénomène de la désertification médicale existe sur tous les territoires, dans toutes les régions. On ignore à cette heure si le gouvernement entend mettre en œuvre de tels plans « territorialisés » dans les autres régions.
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