Emmanuel Macron lance une mission sur les difficultés des urgences, sans convaincre les professionnels
Par F.L. (avec AFP)
Le professeur François Braun, président de Samu-Urgences de France, devra remettre ses conclusions « au plus tard le 1er juillet » à la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon, a précisé le chef de l’État à l’issue d’une visite au centre hospitalier de Cherbourg.
Son rapport « aura vocation à expliquer, territoire par territoire, là où sont les manques, de pouvoir les chiffrer », en particulier les questions de manque de personnel.
Sur cette base, a expliqué le président, des décisions seront prises « pour permettre de mobiliser davantage de médecins, retrouver de l’attractivité dans certains secteurs (...). Ceci à partir de la fin de l’été sera décliné dans chaque territoire ».
Le président, rappelant les changements engagés dans son premier mandat – fin du numerus clausus, Ségur de la santé, etc. – a dit constater malgré tout les hôpitaux engorgés, les déserts médicaux croissants, la « perte de sens » des personnels qui sont nombreux à quitter les professions de santé.
Selon lui, le système de santé doit faire l’objet d’une « vraie révolution collective ». C’est l’objet du vaste chantier que le ministère et tous les acteurs du système de santé doivent démarrer à l’été.
« Milliards d'euros »
Radioscopie des difficultés « territoire par territoire », « hôpital par hôpital », ce chantier doit selon Emmanuel Macron, permettre de « bâtir des solutions très concrètes » adaptées à chacune des 1 200 intercommunalités « sur la base du cahier des charges national » mais aussi avec la promesse de moyens supplémentaires que le chef de l’État envisage en « milliards d’euros ».
Fermetures de nuit, « délestages » sur d’autres hôpitaux, accès filtrés par les Samu: au moins 120 services d’urgence ont été forcés de limiter leur activité ou s’y préparent et tous les voyants sont au rouge.
Au total, quasiment 20 % des quelque 620 établissements, publics et privés, hébergeant un ou plusieurs services d’urgences sont touchés.
Alors que des professionnels mettent en garde contre une embolie des services d’urgence cet été, le chef de l’Etat a dit « garantir qu’on fera tout pour qu’elles tiennent ».
Doutes des professionnels
Ce relatif optimisme n’est pas forcément partagé par les professionnels, qui estiment la situation ingérable – et pas seulement sur la question des urgences qui focalise l’attention ces temps-ci, alors que c’est bien plus globalement que la question se pose, des services entiers de nombreux hôpitaux étant au bord de la rupture. Hier soir, un des porte-parole du Collectif inter-urgences, Pierre Schwob Tellier, infirmier à l’hôpital Beaujon de Clichy, s’est interrogé sur France info sur l’utilité d’un « énième rapport », rappelant que « les rapports du Sénat et de l’Assemblée nationale ont déjà décrit la situation dans les hôpitaux ». Il ne « voit pas de solutions pour rouvrir les urgences d’ici l’été », rappelant que son collectif « dénonce l’insuffisance des capacités dans l’hôpital public, depuis trois ans, avant même le covid ». Avec des mots très durs : « Il y a trois ans, on annonçait qu’on allait droit vers un effondrement. On est maintenant dans l’effondrement. » Et concluant : « Il faut arrêter cette course aux économies (…), il faut stopper les fermetures de lits, les fusions avec des projets d’hôpitaux immenses qui seront des usines du soin. Il faut une refonte complète du système de santé. Il faut repenser la santé pour les besoins de la population et pas pour la nécessité économique de notre pays. »
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