Coronavirus : le Premier ministre appelle les maires à « la vigilance »
Édouard Philippe a adressé hier un courrier à tous les maires de France pour les informer des mesures prises par l’État pour « circonscrire » les risques liés au Covid-19. Ce courrier a été rédigé avant l’annonce, hier également, de la mort d’un patient originaire de l’Oise et dont le mode de contamination reste aujourd’hui inconnu.
Des maires qui interpellent le gouvernement
Le décès de ce patient, ainsi que l’état de santé « gravissime », selon les mots du Directeur général de la santé hier, d’un autre patient originaire de Creil, dans l’Oise, en réanimation à Amiens, ont fait monter hier l’inquiétude d’un cran. Ces deux patients n’ont en effet « pas voyagé dans une zone à risque », et n’étaient donc pas identifiés comme des victimes potentielles du virus. C’est pourquoi le préfet de l’Oise a déclenché le Plan blanc à l’hôpital de Creil, où le patient décédé hier a séjourné plusieurs jours. Le personnel soignant et tous les patients de l’établissement vont être testés.
Le patient décédé était enseignant à Crépy-en-Valois et conseiller municipal de la commune de Vaumoise. Il avait 60 ans. Le second patient de l’Oise est un civil de 55 ans employé sur la base aérienne de Creil.
Hier, la maire de Beauvais (et présidente de l’association Villes de France), Caroline Cayeux, s’est associée à la présidente du conseil départemental de l’Oise, Nadège Lefebvre, pour interpeller le préfet à propos de l’aéroport de Beauvais-Tillé. Cet aéroport, qui accueille plusieurs compagnies low-cost, voit arriver de nombreux vols en provenance d’Italie, ce qui inquiète les élues, qui ont réclamé hier « des mesures de prévention et de protection » et « des conditions sanitaires plus strictes pour les voyageurs en provenance d’Italie ».
Plusieurs maires du département du Rhône se sont également exprimés hier à propos du maintien du match de football entre l’Olympique lyonnais et la Juventus de Turin – et la venue de quelques 3 000 supporters turinois. C’est le cas de Christophe Quiniou, maire de Meyzieu, qui a jugé cette décision « incompréhensible » ; ou de Laurence Fautra, maire de Décines, qui dit avoir « fait savoir aux services de l’État » qu’elle n’était « pas du tout favorable à la venue des supporters italiens ». Trois députés de la République en marche avaient également écrit au nouveau ministre de la Santé, Olivier Véran, pour lui demander d’interdire la venue des supporters italiens au nom du « principe de précaution ».
Hier après-midi, le ministre a répondu clairement : « Nous prenons des décisions fondées sur un rationnel scientifique et médical. (...) Il n'y a pas de malades identifiés à Turin ou dans la zone du Piémont. La ville se situe à 200 km des zones dites à risque : il n'y a donc pas de données médicales ou de données épidémiologiques qui préconiseraient d'interdire cet événement. »
Plus généralement, le ministre et le directeur général de la Santé (DGS), Jérôme Salomon, ont voulu se montrer rassurants lors de la conférence de presse qu’ils tiennent désormais quotidiennement. « Il n’y a pas d’épidémie en France », a martelé le ministre. « L’Oise n’est pas un problème aujourd’hui, il n’y a pas de raison de considérer qu’il y a une circulation intense du virus », a ajouté le DGS.
Dix-huit cas ont été répertoriés en France à ce jour. C’est évidemment une goutte d’eau par rapport aux quelques 81 000 cas confirmés dans le monde aujourd’hui, dont l’écrasante majorité en Chine. L’Italie est le pays d’Europe le plus touché avec plus de 400 contaminations.
Lutter (aussi) contre les discriminations
Malgré tout, le gouvernement français a décidé de prendre un certain nombre de mesures de prévention. Quinze millions de masques de protection vont être « destockés » par le gouvernement et distribués dans les pharmacies ainsi qu’aux professionnels de santé, a annoncé hier Olivier Véran, qui a néanmoins rappelé que le port du masque par les personnes asymptomatiques est parfaitement inutile.
C’est dans ce contexte que le Premier ministre a écrit aux maires pour les informer dans la mesure où ils sont directement « confrontés à l’inquiétude de nos concitoyens ». Il rappelle qu’en plus de 38 premiers établissements mobilisés, 70 autres ont été « activés » cette semaine, tous sièges d’un Samu, (soit un par département). Le Premier ministre rappelle aux maires qu’un numéro vert (0800 130 000) a été ouvert pour répondre aux interrogations des citoyens sur ce virus, et que les préfets et directeurs d’Agences régionales de santé se tiennent à la disposition des maires « pour répondre aux questions et intervenir en cas de situation spécifique ».
Saluant « l’engagement des élus locaux » et leur « très haut niveau de responsabilité » (« sans eux nous n’aurions pas pu organiser le rapatriement de nos concitoyens à Carry-le-Rouet, à Aix-en-Provence et à Branville » ), Édouard Philippe estime que « la qualité du dialogue » entre les maires et l’État sera « décisive » dans cette crise.
Il appelle enfin les maires « à la plus grande vigilance ». Pas tant sur la propagation du Covid-19 – la santé publique ne relève pas des compétences des maires – mais sur celle d’une autre forme de virus : « la discrimination à l’encontre des communautés d’origine asiatique vivant sur notre territoire ».
Ce matin, le Premier ministre a réuni à Matignon les représentants des différents partis représentés au Parlement pour faire le point sur la situation. François Baroin, président de l'AMF, était également présent – l'AMF ayant demandé à participer à cette rencontre, au regard des responsabilités qui sont celles des maires dans cette crise.
Franck Lemarc
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