Retour aux 90 km/h sur les routes : plusieurs départements pointent des « contraintes exorbitantes »Â
Trop cher et trop risqué juridiquement. Face aux conditions imposées aux élus locaux pour relever la vitesse maximale de leurs routes à 90 km/h (lire Maire info du 21 janvier), certains d’entre eux ont, d’ores et déjà, préféré y renoncer. C’est le cas du président du Conseil départemental de la Nièvre, Alain Lassus (PS), qui a fustigé, vendredi, les « contraintes exorbitantes » et « les conditions extrêmement strictes » exigées par l'État qui, à ses yeux, « remettent en cause la volonté initiale des élus départementaux de faire bénéficier [à la population] de cette dérogation aux 80 km/h ».
Coûts élevés et risque juridique
En cause, des coûts élevés et un risque juridique manifeste. Ainsi, « les 450 km de routes concernées dans la Nièvre supposeraient un effort de plus de 300 millions d'euros par le département, tandis que son budget « routes » annuel s'élève à 10 millions d'euros, ouvrages d'art inclus », a-t-il justifié dans un communiqué publié sur le compte Facebook du département nivernais. Mais « surtout, dit-il, c’est « l'insécurité juridique » de cette mesure « sur les élus en cas d'accident [qui] est proprement inacceptable », a-t-il dénoncé.
Dans l’Yonne également, le président de département, Patrick Gendraud (LR) s’est également dit « hostile » à un retour au 90 km/h (bien qu’un débat doive avoir lieu prochainement sur le sujet dans l’assemblée locale), avançant que cette décision « coûterait 1,2 million d’euros » et « ne peut se faire que sur un tronçon minimum de 10 km en continu, sans intersection », ce qui limiterait les possibilités dans le département, relate L’Yonne républicaine en citant le président de l'exécutif départemental.
Au sein de la région Bourgogne-Franche-Comté, le plus petit département de France va également renoncer à relever sa vitesse maximale, les critères pour effectuer un retour en arrière étant, là aussi, « trop contraignants ». « Il faudrait des tronçons d'au minimum 10 km de long et je n'en ai pas, des accotements de 4,5 m de haut et je n'en ai pas », a déclaré Florian Bouquet (LR), président du conseil départemental du Territoire-de-Belfort, selon France 3 Bourgogne-Franche-Comté.
Le Nord « ne respectera pas » la circulaire
Malgré les contraintes, la crainte parfois d’une hausse de la mortalité, les coûts et les risques juridiques, près d’une trentaine de départements ont déjà annoncé leur intention de revenir à 90 km/h sur certaines routes. Le dernier en date est le président divers droite du Nord, Jean-René Lecerf, qui a assuré qu’il « ne respectera pas » la circulaire et prendra cette décision « d'ici un mois ».
Celui-ci a dénoncé, vendredi sur France bleu Nord, le « foutage de gueule » de la part du gouvernement qui impose, selon lui, des conditions bien trop drastiques. « Il y a des choses très surprenantes. On nous a demandé surtout de ne pas rétablir les 90 km/h lorsque le tronçon ne fait pas 10 km, lorsque la route n’est pas en ligne droite continue… ». Le département ne pourrait ainsi rétablir l’ancienne limitation de vitesse maximale que « lorsqu'il n'y a pas de riverains, lorsqu'il n'y a pas d'arrêt de bus, lorsqu'il n'y a pas d'engins agricoles, autrement dit pas en zone rurale », a-t-il fustigé, estimant qu’il « faudrait avoir des routes dans les nuages ».
Dans le Calvados, où l’on prévoit de revenir aux 90 km/h sur 393 km, d’abord en 2020, puis 122 autres kilomètres, on estime que « la réalisation d’aménagements nécessaires » (création de bandes multifonctions) – « qui devraient durer environ quatre ans au total » - coûterait « 25 millions d’euros », à quoi il faudrait ajouter « une enveloppe de 250 000 euros » en panneaux de signalisation, selon le site numérique du journal Liberté Caen.
Dans l’Aveyron, si près de 900 km seraient concernés dès le mois de juin, par un relèvement de la vitesse maximale, souligne, dans la Dépêche.fr, le président du département, Jean-François Galliard également « si l’on se réfère à tout cela [les conditions imposées], hormis à quelques rares exceptions, comme sur certaines portions d’anciennes routes nationales, le retour à 90 km/h ne pourrait s’effectuer pratiquement nulle part et surtout pas en Aveyron ».
Le journal local juge, toutefois, que « les présidents des départements limitrophes de la Corrèze et du Cantal, Pascal Coste et Bruno Faure, ne se sont, quant à eux, pas posés trop de questions. Depuis le 1er février, sur les deux territoires, le réseau départemental est revenu à l’ancienne limitation de vitesse ».
Pour rappel, la Haute-Marne a été le premier département, le 9 janvier, à repasser 476 km de ses routes aux 90 km/h, après un an et demi de limitation sur les routes à 80 km/h.
A noter également que le nombre de morts sur les routes (3 239 personnes) a atteint en 2019 son plus bas niveau historique en métropole, un chiffre attribué par le gouvernement à l'abaissement à 80 km/h.
A.W.
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