Zones rurales : le trajet domicile-travail a augmenté de moitié en 20 ansÂ
Par A.W.
Le trajet moyen entre domicile et travail pour les habitants des zones rurales a augmenté de moitié entre 1999 et 2019. C'est ce que relate l'Insee dans une étude publiée hier. En 2019, un tiers des personnes en emploi vivaient dans une commune rurale et, parmi elles, plus de la moitié travaillaient dans une zone urbaine. Ce qui représente 4,2 millions de personnes.
Périurbanisation et concentration de l'emploi
« Souvent éloignées des réseaux de transport et des pôles d’emploi, elles réalisent le plus souvent les trajets en voiture », expliquent les auteurs de l’étude, qui constatent que « un actif sur deux résidant dans le rural parcourt plus de 13 kilomètres pour se rendre au travail », contre au moins 8 km pour l’ensemble des travailleurs. Au total, ces habitants des zones rurales effectuent ainsi chaque jour « près de 320 millions de kilomètres aller-et-retour, contre 200 millions en 1999 », selon l’étude.
L’institut précise que la distance domicile-travail est « maximale » pour les actifs résidant dans le rural et travaillant dans une zone urbaine. En 2019, « plus de la moitié d’entre eux ont parcouru au moins 20 kilomètres, contre 5 kilomètres pour ceux qui restent travailler dans le rural ».
Parmi les 83 000 ruraux qui parcourent les plus longues distances pour rejoindre leur lieu de travail (entre 100 km et 150 km), huit sur dix travaillent dans une zone urbaine, avec une surreprésentation de cadres et de professions intermédiaires : « Respectivement 26 % et 31 %, contre 11 % et 25 % dans l’ensemble des actifs en emploi résidant dans le rural ».
Alors que la distance domicile-travail a donc augmenté de moitié en 20 ans pour les habitants du rural avec un accroissement de 4,4 kilomètres (contre 2,3 km pour l’ensemble des actifs en emploi), cet allongement résulte à la fois de la périurbanisation et de la concentration de l’emploi dans les pôles.
En effet, « l’emploi augmente moins vite dans l’espace rural que dans l’espace urbain entre 1999 et 2019 (+10 % contre +16 %) ». Dans le même temps, « la population active en emploi croît deux fois plus vite dans le rural que dans l’urbain (+21 % contre +11 %), notamment dans les zones périurbaines », expliquent les auteurs, qui indiquent que « cette inadéquation souligne ainsi les enjeux liés à la relocalisation de l’emploi dans l’espace rural. Cependant, depuis le début de la crise sanitaire, la fréquence des trajets a pu diminuer à la faveur du développement du télétravail ».
L’augmentation du nombre de kilomètres parcourus est d'ailleurs surtout portée par les actifs résidant dans l’espace rural et travaillant dans une zone urbaine puisque leur part est passée de 40 % des actifs ruraux en emploi en 1999 à 48 % en 2019.
A noter que « les actifs habitant dans le rural périurbain sont ceux qui parcourent les plus longues distances. Ce constat s’explique en partie par la plus grande part de cadres et de professions intermédiaires dans ces espaces que dans le rural non périurbain : ce sont eux qui effectuent les trajets les plus longs, leurs emplois étant plus concentrés dans les pôles urbains », indique l’Insee.
Des trajets qui s'allongent davantage dans le Sud-Ouest
Parmi les actifs en emploi résidant dans le rural, ce sont ceux qui habitent dans le quart sud-est de la France qui ont les trajets domicile-travail les plus courts, en particulier en Lozère (6 km), dans les Hautes-Alpes, les Alpes-de-Haute-Provence (8 km), ainsi qu’en Haute-Corse (10 km). En cause, une part d’agriculteurs et d’ouvriers agricoles plus élevée, notamment en Lozère (autour de 13 % des actifs en emploi en 2019), en comparaison avec la moyenne métropolitaine (6 %).
L'institut note également que l’allongement de « la distance médiane entre 1999 et 2019 va de pair avec la diminution de la part de travailleurs ayant la même commune de résidence et de travail ». Ainsi, selon l’Insee, « les déplacements domicile-travail se sont fortement allongés pour les actifs ruraux à proximité du grand Sud-Ouest, en particulier dans les départements du Gers (+7 km), du Tarn-et-Garonne (+6 km) et des Pyrénées-Orientales (+5 km) ».
Dans ces départements, la part d’actifs en emploi restant travailler dans leur commune rurale de résidence diminue d’environ 15 points en vingt ans, en lien avec le repli de l’emploi agricole, plus fort encore que dans l’ensemble du rural.
A l’inverse, en Corse, « alors qu’en 1999 la distance médiane domicile-travail était la deuxième plus élevée de France métropolitaine hors Île de France pour les actifs en emploi résidant dans le rural (9 km), elle n’a augmenté que de 2 km en vingt ans, sans doute en raison des limites imposées par le relief de l’île. Là encore, la part d’actifs ruraux en emploi résidant et travaillant dans la même commune diminue, mais moins qu’ailleurs ».
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