Incendie de Lubrizol : des centaines de communes impactées
Quatre jours après l’incendie qui a ravagé le site Lubrizol à Rouen, tous les établissements scolaires de l’agglomération rouvrent normalement ce matin. Le gouvernement et la préfecture ont multiplié les déclarations rassurantes sur le nuage de fumée émanant de l’incendie, qui ne présenterait pas de « toxicité aigüe ». Des mesures de précautions ont néanmoins été prises pour ce qui concerne les produits agricoles dans plusieurs départements.
Vendredi et encore pendant le week-end, une odeur persistante et irritante a flotté sur la ville de Rouen et les communes du nord de son agglomération. Sur le parcours de l’énorme panache de fumée (22 km de longueur et 6 km de largeur), qui a atteint la Belgique puis les Pays-Bas durant le week-end, il a été constaté des retombées bien visibles : traces de suie, traînées noirâtres, boulettes.
Plusieurs ministres ont été dépêchés sur place, celui de l’Intérieur, Christophe Castaner, d’abord, puis Agnès Buzyn (Santé) et Élisabeth Borne (Transition écologique et solidaire), pour tenter de rassurer les riverains de la catastrophe : il a été répété que non seulement il n’y avait pas de risque toxique avéré, mais également que le gouvernement veillerait à une transparence « totale » sur ce dossier. La préfecture de la Seine-Maritime et l’Agence régionale de santé de Normandie ont en effet publié des communiqués donnant toutes les précisions sur les analyses en cours, analyses qui ont été intégralement mises en ligne. On y trouve par exemple les résultats de l’analyse de lingettes placées notamment dans les écoles de la zone concernée, et mesurant les teneurs en HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), métaux lourds, phosphore et soufre. Ces analyses ne « mettent pas en évidence de teneurs différentes » d’un prélèvement témoin non exposé à la fumée, écrit la préfecture. Seuls deux relevés montrent des taux anormaux de plomb, mais il ne paraît « pas possible d’en attribuer l’origine à l’incendie », car « il n’y avait pas de plomb sur le site ».
Une inquiétude subsiste concernant l’amiante, qui se trouvait en quantité dans le toit des bâtiments qui ont brûlé. Si la préfecture indique que l’expérience prouve que dans ce type de sinistre, « le risque de dispersion de fibres est limité », des mesures complémentaires ont été engagées, dont les résultats seront disponibles mardi.
Mesures de consignation sur les produits agricoles
Les préfectures des départements concernés par la dispersion des fumées ont toutes publié des recommandations à destination des habitants, notamment sur les modalités de nettoyage des surfaces. Il est recommandé de ne pas utiliser de nettoyeurs haute pression ou d’aspirateurs, susceptibles de disperser les particules, mais « de l’essuie-tout et des chiffons ».
Des précautions plus sévères ont été annoncées, hier soir, en matière d’agriculture. « Dans l’attente des résultats d’analyse, (…) des mesures conservatoires visant à protéger les consommateurs » ont été prises. Pour les particuliers, il est demandé de « ne pas consommer tout produit souillé » issu des potagers ou jardins. Pour les agriculteurs, les mesures annoncées sont, pour l’instant : l’interdiction de récolter les productions végétales ; la « consignation » du lait « issu de vaches qui étaient au pâturage depuis le 26 septembre », des œufs et du miel produits depuis cette date. Ces mesures ont été édictées par la préfecture de Seine-Maritime, pour 112 communes, mais elles pourraient être officiellement étendues ce matin à tout une partie de la région des Hauts-de-France. Selon le préfet de l’Oise, Louis Le Franc, une centaine de communes de la région ont été directement impactées (39 dans l’Oise, 39 dans la Somme, 14 dans l’Aisne, 2 dans le Nord et 3 dans le Pas-de-Calais, précisait-il dimanche soir), liste qui pourrait « évoluer à la hausse » aujourd’hui.
Toutes sortes d’informations circulent ce matin sur ces sujets, mais si l’on se réfère aux sites internet des préfectures concernées, seule celle de la Somme annonce officiellement, par communiqué, les mêmes interdictions en matière agricole que la préfecture de Seine-Maritime. Ni l’Oise, ni l’Aisne ni le Nord n’ont, à l’heure où nous écrivons, publié de tels communiqués. Étonnamment, le site de la préfecture de l’Aisne ne faisait, ce matin encore à 9 heures, même pas la moindre mention de la catastrophe dans sa rubrique « actualités ».
Enfin, les préfectures concernées ainsi que les ARS indiquent qu’il n’y « aucun risque » identifié en matière d’eau potable, mais qu’en revanche les eaux de pluie recueillies depuis l’incendie ne doivent pas être utilisées.
F.L.
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