Maire-info
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Édition du mardi 14 janvier 2025
Risques

Climat : des plans « grand froid » à nouveau déclenchés en ce début d'année

Alors qu'une trentaine de départements sont en vigilance jaune du fait de la baisse des températures, plusieurs préfectures ont décidé de déclencher le plan « Grand froid » pour notamment mettre à l'abri les personnes vulnérables.

Par Lucile Bonnin

Depuis lundi, et a fortiori ce matin, le froid s’est intensifié en France. Jusqu’à - 8 °C à Nancy, - 3 °C à Paris, - 5 °C à Toulouse ou encore - 3 °C à Marseille : « Ce froid marqué, avec des gelées généralisées et souvent fortes, reste classique pour la saison » , indique Météo France.

Cette chute des températures est semblable à celle que le pays a pu connaître en janvier 2024. En réaction, plusieurs préfectures ont déclenché le plan « grand froid ». À l’heure où nous écrivons, une trentaine de départements ont activé ce plan. Toujours selon les prévisions de Météo France, cet épisode de froid devrait durer au moins deux jours. Sur son site, le service officiel de la météorologie du pays rappelle que « le grand froid, comme la canicule, constitue un danger pour la santé de tous. » 

Plan grand froid : un dispositif de protection essentiel 

Le dispositif national « Grand froid »  permet aux préfets de prendre localement des mesures particulières « en fonction de l’impact prévisible ou avéré de la vague de froid. »  La circulaire interministérielle du 29 novembre 2023 relative à la prévention et à la gestion du froid détaille les contours de ce plan et les actions à mener « pour détecter, prévenir et limiter les effets sanitaires et sociaux liés aux températures hivernales, en portant une attention particulière aux populations vulnérables »  (personnes âgées, nourrissons, etc.).

Comme le rappellent nos confrères de Maires de France dans une fiche pratique, l’épisode de froid doit être évalué par trois niveaux de vigilance : jaune (vigilance faible mais existante), orange (vigilance forte) et rouge (vigilance absolue). « Le dispositif national – qui se décline au niveau départemental et communal – s’articule autour de deux éléments : une veille saisonnière du 1er novembre au 31 mars et la mise en place par les préfets et, notamment, les maires et services de secours, de mesures préventives et curatives. Ces mesures sont articulées avec le dispositif départemental ORSEC (organisation de la réponse de sécurité civile). » 

Concrètement, au niveau départemental et communal, le Plan grand froid vise à « mobiliser des services et de mettre en œuvre des mesures d’information et de communication adaptées, notamment aux populations les plus à risque » . Places d’hébergement supplémentaires, mise à disposition d’équipements communaux, renforcement du suivi des personnes précaires notamment à travers des maraudes : lorsque le plan grand froid est activé par une préfecture, les personnes dans le besoin doivent pouvoir être accompagnées. Rappelons aussi que les services de l'État sont tenus de communiquer sur les différents risques de cette météo et sur les mesures à prendre face à cette vague de froid. Par exemple, le nombre d’écoutants du 115 est augmenté pour répondre aux demandes les plus urgentes.

Les forces locales se mettent en place 

Dans le Haut-Rhin, le préfet a décidé de déclencher le niveau 1 du plan « grand froid »  à compter de lundi. Ce dernier prévoit notamment « une intensification de l’intervention des maraudes sur Colmar et Mulhouse, assurées par la Croix-Rouge-Française et l’Ordre de Malte »  ; « la possibilité, en cas de besoin, de prises en charges supplémentaires en structures d’hébergement d’urgence et à l’hôtel »  et des amplitudes horaires élargies des accueils de jour dans les associations locales. 

Selon la presse locale, la préfecture de la Creuse a aussi mis en place des mesures pour protéger les personnes à la rue comme la mise en place de nouvelles places d’hébergement dans trois communes différentes et d’une maraude sociale circulant deux soirs par semaine. « J'ai augmenté les places disponibles dans les centres d'hébergement d'urgence, explique de son côté le préfet du Puy-de-Dôme, Joël Mathurin, ce matin sur Ici Pays d'Auvergne (ex-France bleu). Avec les associations de maraude, j'ai aussi augmenté la capacité d'aller repérer sur la voie publique les personnes sans-abri. Depuis dimanche, elle commence désormais à 17 heures jusqu'à tard dans la nuit. Et puis, nous avons augmenté également l'accueil de jour, c'est-à-dire permettre aux personnes, dans la journée, de venir se reposer pour celles qui sont sans-abri. » 

Le préfet de la Loire-Atlantique a également déclenché le plan grand froid, mettant en place notamment une coordination étroite avec les villes de Nantes et Saint-Nazaire, en lien avec les accueils de jour, pour repérer les personnes vulnérables qui seraient à la rue. Rappelons d’ailleurs qu’en cas de déclenchement du dispositif d’assistance aux personnes, les maires doivent communiquer directement les données des registres nominatifs aux services opérationnels de soutien et d’assistance.

Pas de communication nationale cette année 

Valérie Létard, ministre du Logement, s’est rendu à Mons-en-Barœul et à Lille vendredi dernier dans le cadre de la mise en œuvre du plan « grand froid », déclenché dans le Nord dès le 3 janvier. La préfecture a ouvert des places supplémentaires, « en lien étroit avec les maires », a-t-elle constaté sur X. L’occasion pour elle de rappeler « l’engagement du gouvernement à réagir rapidement et efficacement pour venir en aide aux personnes vulnérables au moment de période de froid. »  En octobre dernier, la ministre avait d’ailleurs réaffirmé son engagement pour l'hébergement d'urgence, promettant le maintien du parc à son niveau actuel de 203 000 places en 2025. Reste à savoir si le Projet de loi de finances pour 2025 permettra le maintien des capacités d'accueil à ce niveau. Selon les acteurs du monde associatif, ce nombre de places reste de toute façon insuffisant et conduit à une priorisation des publics et donc à une remise en cause de l’inconditionnalité de l’accueil (lire Maire info du 10 octobre).

Soulignons enfin que cette année aucune communication spécifique n’a été diffusée ni par Santé publique France ni par le ministère de la Santé pour la période 2024-2025. En janvier dernier, Santé publique France avait mis en place une campagne d’information et de communication sur les risques sanitaires du froid qui peut toujours aujourd’hui être utilisée par les élus locaux pour informer les administrés. Un guide national de prévention et de gestion des impacts sanitaires et sociaux liés aux vagues de froid avait aussi été publié en 2023. De leurs côtés, les communes continuent à jouer leur rôle en communicant via leurs sites internet sur les comportements à adopter en cas de grand froid, à l’instar de la ville de Mésanger ou encore de Châteaubriant en Loire-Atlantique.

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