Maire-info
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Édition du jeudi 4 juillet 2024
Commerce

Revitalisation des centres-villes : ce qu'en pensent les commerçants

De nombreuses collectivités ont mis en place ces dernières années des stratégies de transformation des centres-villes pour répondre au déclin généralisé de leur fréquentation. Selon une étude du Cerema, ces projets d'aménagements sont appréciés des commerçants mais des progrès restent à faire.

Par Lucile Bonnin

Programme action cœur de ville, programme Petites villes de demain, programme reconquête du commerce rural : face à la désertification des centres-villes, surtout dans les villes moyennes, de nombreuses communes ont mis en place des programmes visant à revitaliser ces quartiers stratégiques, souvent avec le soutien de l’État.

Dans le cadre de ces chantiers, beaucoup de collectivités font le choix de favoriser les modes actifs (marche, vélo, vélo à assistance électrique, trottinette non-électrique) : « création de bandes cyclables, de stationnements vélos, suppression des stationnements automobiles, mise en sens unique, élargissement des trottoirs, végétalisation, installations de bancs... Cela peut aller jusqu’à la piétonisation pure et simple de certains axes. » 

L’objectif : « mieux répondre aux attentes des clients, mais aussi des visiteurs et habitants du centre-ville, en proposant un environnement urbain de qualité, apaisé et agréable », comme le résume l’enquête du Cerema publiée hier. Cette dernière a été menée entre novembre 2022 et janvier 2023 dans le but de « connaître les perceptions des commerçants sur les aménagements urbains »  et ainsi « donner aux collectivités des clés de compréhension des attentes des commerçants afin que le dialogue autour des nouveaux projets puisse se tenir de manière apaisée. » 

Les commerçants de quatre communes ont été interrogés : à Rouen (114 187 habitants, environ 1 500 commerces), Béziers (78 600 habitants, environ 500 commerces), Vienne (30 059 habitants, environ 500 commerces) et Fronton (6 413 habitants, environ 50 commerces en centre-ville).

Des avis mitigés 

Lorsque les aménagements concernent la rue dans laquelle se situe leur boutique, les commerçants sont 66 % à être favorables aux travaux. Les auteurs de l’étude soulignent donc que « les commerçants ne sont donc pas opposés par principe à des travaux pour des projets d’aménagement favorisant les modes actifs ».

Cependant, l’enquête montre « qu’après la réalisation des travaux une part importante des commerçants directement concernés qui étaient favorables aux projets a changé d’avis (près d’un sur trois en moyenne) »  : à Vienne, 33 % des commerçants sont dans ce cas.

Si les commerçants qui sont directement concernés ont une perception positive de l’état du centre-ville après les travaux (75 % sont satisfaits), les commerçants non directement concernés sont plus mitigés puisqu’ils sont tout de même 36 % à se déclarer insatisfaits par le résultat des travaux.

Au final, les principaux intéressés semblent davantage satisfaits que les commerçants environnants les zones de travaux. De plus, les aires piétonnes sont jugées plutôt positivement par les commerçants concernés qui « ont une perception majoritairement positive de l’espace public environnant, souvent qualifié d’"agréable", "confortable" ou "calme" ». 

« No parking, no business » 

Pour les autres commerçants, qui ne font pas partie par exemple de ces nouvelles zones piétonnes, « l’expression "no parking, no business" serait encore bien ancrée dans les mentalités, notamment dans les villes petites et moyennes au cœur de territoires peu denses où la voiture reste le mode de transport privilégié. » 

En effet, « dans les espaces ouverts à la circulation automobile, les commerçants sont majoritairement insatisfaits de l'offre de stationnement (à 54 %). A contrario, les commerçants implantés dans un espace piéton sont satisfaits à 59 % en moyenne de l’offre de stationnement automobile, ce qui peut paraître paradoxal mais s’explique sans doute par la présence de stationnements dans les rues proches. »  L’enquête met aussi en lumière l’insatisfaction généralisée des commerçants concernant l'offre de stationnement pour la livraison dans les espaces ouverts à la circulation motorisée.

Il apparaît donc essentiel que les collectivités évaluent en amont « l’impact des aménagements à l’échelle de l’ensemble du linéaire commercial de centre-ville, afin de limiter d’éventuels effets de report et de délaissement de rues non réaménagées. » 

Le Cerema rappelle que « plusieurs enquêtes réalisées dans différentes villes européennes ont montré que les perceptions des commerçants concernant les déplacements de leurs clients sont parfois biaisées ; la place de la voiture étant surestimée »  et que « les retombées économiques des aménagements visant à donner plus de place aux piétons et aux cyclistes sont reconnues, en France comme à l’étranger. » 

Importance de la concertation 

« La question de la « compensation »  des places de stationnement supprimées dans la rue réaménagée par la création de poches de stationnement à proximité est souvent essentielle aux yeux des commerçants » , peut-on lire dans l’enquête. 

Pour cette raison et pour bien d’autres, « la concertation est une phase essentielle »  pour revitaliser les centres-villes. « Afin d’être véritablement efficace, et d’emporter l’adhésion des commerçants, elle doit dépasser le stade de la simple information. Les commerçants qui disent avoir été associés sont satisfaits à 88 % en moyenne de la démarche mise en œuvre par la commune. » 
 

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