Quartiers de reconquête républicaine : la Cour des comptes plutôt convaincue
Par Franck Lemarc
C’est en février 2018 que le ministre de l’Intérieur d’alors, Gérard Collomb, a annoncé le lancement des Quartiers de reconquête républicaine, dans le cadre du dispositif de la PSQ (police de sécurité du quotidien). 600 effectifs de police étaient alors prévus dans une première série de 15 quartiers, avec l’objectif d’en atteindre 30 en 2020. Son successeur Christophe Castaner avait doublé le nombre de QRR, qui s’élève aujourd’hui à 62.
Spécificités locales
Le gouvernement avait alors expliqué que les QRR avaient vocation à s’appuyer sur « une nouvelle manière de faire et de penser la sécurité » : à l’inverse d’une « stratégie unique décidée à Paris », il s’agissait d’élaborer « une sécurité sur mesure, adaptée à chaque territoire et à chaque type de délinquance, pour combattre les zones où incivilités, violences, trafics et radicalisation empêchent la vie des habitants ».
Pari gagnant, juge aujourd’hui la Cour des comptes dans un rapport publié le 24 avril. Pour elle, cette nouvelle politique a « tiré les enseignements de l’échec de la police de proximité entre 1995 et 2003 », et sa réussite repose en grande partie sur son caractère « déconcentré ».
En effet, souligne la Cour des comptes, chaque QRR « présente des caractéristiques propres ». Or, face à des situations « dont les paramètres varient selon l’importance des phénomènes de bandes rivales, de l’état de la rénovation urbaine en cours, de trafics de stupéfiants et de repli communautariste, voire d’intégrisme », la police de proximité des années 1990 a échoué du fait « de la rigidité des consignes nationales ». Dans les QRR en revanche, « les responsables locaux ont su adapter leur dispositif aux caractéristiques locales ».
« Extinction » souhaitée des ZSP
Pour les magistrats de la rue Cambon, les résultats sont là, du moins sur la méthode employée : plusieurs enquêtes menées notamment auprès des opérateurs de transport public et des bailleurs sociaux montrent « une satisfaction majoritaire », notamment sur la question du partenariat entre les différents acteurs. « Chaque QRR a développé un mode de fonctionnement propre, en grande partie en fonction des attentes des partenaires et selon la place que le maire veut accorder à la cellule de veille de son conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), lorsqu’il existe et est actif. »
En revanche, la Cour note qu’il est difficile de quantifier les résultats de cette politique, faute « d’instrument de mesure efficace ». Certes, « les QRR présentent des résultats meilleurs que la moyenne nationale dans la réduction des violences physiques et les taux d’élucidation », mais ces résultats paraissent trop parcellaires pour permettre une évaluation vraiment sérieuse de la politique de sécurité du quotidien dans les QRR.
C’est pourquoi la Cour des comptes recommande le développement par le gouvernement d’une « méthode de mesure des résultats dans les quartiers de reconquête républicaine qui prenne en compte l’objectif principal d’amélioration de la satisfaction des habitants ».
Reste que la « réussite » des QRR conduit la Cour à recommander également, « l’extinction officielle » des anciennes zones de sécurité prioritaire (ZSP), créées en 2012 par Manuel Valls.
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