Pollution de l'air dans les écoles : près de 30 000 cas d'asthme évitables par une meilleure aération
Par A.W.
En aérant mieux les salles de classes des écoles élémentaires, « plusieurs dizaines de milliers » de cas d’asthme chez les écoliers seraient « évitables » chaque année en France. Ce sont les « premiers résultats » d’une étude de Santé publique France, publiée la semaine dernière, sur « l’impact de la pollution de l’air dans les établissements scolaires sur l’asthme des enfants de 6 à 11 ans ».
« Garantir une qualité de l’air favorable à la santé des enfants » dans les établissements scolaires est donc « un enjeu de santé publique » qui doit être « davantage considéré », insiste l’agence sanitaire.
Moisissures, produits d’entretien, meubles…
Ces travaux « inédits » indiquent que le nombre de cas d’asthme chez les écoliers pourrait être limité chaque année en France grâce à « une réduction des expositions » à deux polluants dans les salles de classe : les moisissures, d’un côté, et le « formaldéhyde », de l’autre.
Derrière ce terme scientifique se cache « une substance chimique qui se présente à température ambiante sous forme de gaz incolore et inflammable », plus connue sous sa « forme liquide, appelée couramment formol » dans le commerce, explique l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses).
Utilisé comme « biocide désinfectant, fixateur et conservateur », il est en fait présent dans de nombreux produits de consommation, comme les produits de bricolage, d’entretien, dans des revêtements de murs, de sols ou de meubles, mais aussi dans certains plastiques, notamment.
Résultat, si « près de 12 000 cas de sifflements » seraient évitables en « éradiquant la présence des moisissures visibles » dans les salles de classes, ce sont « près de 30 000 cas d’asthme » qui le seraient en réalisant des « actions d’aération-ventilation » de l’air, pour ce qui est du formaldéhyde.
À noter que le chiffre de 30 000 cas d’asthme évitables a été estimé dans le cas où « toutes les écoles élémentaires présentaient des concentrations en formaldéhyde équivalentes à celles observées dans les salles de classe ayant un bon renouvellement d’air, soit près de trois fois plus que dans un scénario où toutes les écoles respecteraient la valeur réglementaire de 30 µg/m3 », expliquent les auteurs de l’étude. Ce qui signifie que ce résultat peut être attribué « davantage à une réduction de l’exposition à différents composés organiques volatils [tels que les particules fines, le dioxyde d’azote ou encore le dioxyde de carbone] qu’au formaldéhyde seul », nuance ainsi l’agence sanitaire.
Aérer, aménager et utiliser des produits labellisés
Mais, concrètement, quelles actions les collectivités peuvent-elles mettre en place pour réduire les risques de pollution ? Santé publique France donne une liste des gestes prioritaires à suivre pour limiter l’exposition aux moisissures et au formaldéhyde.
Des actions qui nécessitent, toutefois, « la prise en compte de ces enjeux de manière coordonnée entre les différents acteurs et notamment les collectivités territoriales et le ministère de l’Éducation nationale », préviennent les auteurs de l’étude.
Pour les collectivités, cela peut passer par « l’intégration de critères sanitaires et environnementaux dans le choix des matériaux, meubles ou fournitures utilisés dans les établissements ». Des réflexes qui permettent de limiter l’exposition des enfants et des personnels au formaldéhyde ou à d’autres composés organiques volatils.
Les collectivités peuvent ainsi « privilégier l’achat de produits peu émissifs en imposant notamment des critères environnementaux et sanitaires dans leurs marchés » et en s’appuyant sur « la présence de labels ou certifications ». Les matériaux de construction et de décoration sont ainsi étiquetés selon leur niveau d’émissions en polluants volatils – allant de la lettre A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions). De la même manière, il est possible de recourir à des produits labellisés (écolabel européen, NF Environnement Éducation, etc.) pour les autres produits susceptibles de polluer : ameublement, produits d’entretien ou fournitures scolaires.
Pour ces dernières, ce sont les produits utilisés lors d’activités manuelles « telles que peintures ou colles » qui sont à surveiller. « Il est donc préférable de les stocker dans un local de rangement spécifique ne communiquant pas avec la pièce occupée et ventilé mécaniquement ou disposant d’une fenêtre permettant l’aération », conseille l’agence sanitaire.
Des données bientôt disponibles à l'échelon local
En outre, l’entretien des systèmes de ventilation et l’aménagement des salles de classe peuvent aussi jouer un rôle important, tout comme « la prise en compte des risques d’exposition juste après des travaux de rénovation ou un dégât des eaux ».
Si la réalisation des travaux hors périodes scolaires est « à privilégier », l’agence sanitaire rappelle qu’il est recommandé de « prévoir a minima une semaine (dans l’idéal quatre) pour réintégrer les élèves après des travaux de rénovation », les émissions de composés organiques volatils ayant lieu « dans les premières semaines ».
Il est également recommandé, « dans les bâtis mal isolés et/ou pour ceux dont la surface des murs côté intérieur présente des températures basses (murs très froids au toucher) », de ne « pas y placer de gros meubles et notamment dans les angles extérieurs ». « Un écart de 5 à idéalement 10 centimètres entre le meuble et le mur extérieur peut également permettre dans ces situations de limiter les problèmes d’humidité », et donc de moisissures.
Par ailleurs, la mise en place d'une bonne aération des salles de classe est, sans surprise, l’un des « leviers d’actions importants pour améliorer la qualité de l’air » des salles de classe, « geste qui avait été également rappelé comme essentiel en milieu scolaire lors de l’épidémie de Covid ». Le déploiement de capteurs de CO2 peut également « faciliter » la mise en place des gestes d’aération.
A noter que « des travaux complémentaires » sont en cours afin de présenter « des déclinaisons » de ces évaluations « au niveau local ». Celles-ci feront donc l'objet d'un deuxième rapport dont le but est de « fournir aux collectivités des estimations plus fines, utiles à l’action territoriale ». Ces nouvelles évaluations étudieront, notamment, « l’impact du trafic routier dans et à proximité des établissements scolaires en milieu urbain ».
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